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Edito de seneplus: Le poids des mots mal utilisés- Par Jean Meissa DIOP
Des "escadrons de la mort" constitués au sein de la Police et de la Gendarmerie sénégalaises seraient-ils à l'œuvre à travers certains lieux de privation de liberté au Sénégal ? "De Senghor à Macky, les mauvaises pratiques des escadrons de la mort", annonce en titre le quotidien Wal Fadjri en son édition du 03 mars 2016.
Un dossier consacré aux mauvais traitements des placés en garde à vue et inspiré par les morts d'individus notées ces derniers temps en différents endroits du pays : un orpailleur tué par un douanier dans un village à Kédougou, un interpellé retrouvé pendu au moyen d'un drap de lit dans un violon de police au commissariat spécial à Dakar...
Ici et là, les familles des victimes ont parlé d'"assassinat" ; et la presse s'est emparée du terme (pourtant très chargé), se l'est approprié sans précaution, ne voulant pas savoir que l'assassinat répond à une définition juridico-judiciaire qui exclut la possibilité de sa commission sans préméditation (entre autres préalables), sans moyens pour le perpétrer etc.
Les termes utilisés par un interlocuteur ne sont pas, ne devraient pas être ceux du journaliste qui les relaie, surtout s'ils sont chargés, s'ils doivent être utilisés avec précaution. Et même s'ils sont positifs ! A fortiori s’ils sont connotés ! Tant qu'il écrit un article sous le mode informatif, le journaliste doit utiliser des termes…
informatifs, qui ont du sens ; qui sont précis, et qui sont neutres. Les expressions et termes utilisés par son interlocuteur et dont il veut se démarquer, le journaliste doit les mettre entre guillemets, et en italiques et préciser qu'il ne fait que citer. "Je cite... Fin de citation", entend-on, de temps en temps, dire les journalistes de radio et de télévision dont la précaution orale tient lieu de guillemets et d'italiques.
Sans vouloir apparaître comme un défenseur suspect des policiers du commissariat spécial du port, le journaliste qui parle d'assassinat devrait se demander quel intérêt des policiers auraient eu dans la mort du jeune Elimane Touré qui a eu une altercation avec son collègue qui a porté plainte.
Et la suite est connue… Mais la famille de la victime s'est accrochée à ses interrogations, insinuations et affirmations accusatrices ; et des journaux ont repris ces dernières sans se soucier des implications possibles ou inévitables.
Et d'un usage inapproprié ou inexact (je crois que c'est du pareil au même), on aboutit à l'information qui n'en est pas une parce qu’erronée. Qu'est-ce qui, dans les actions posées par la Police ou la Gendarmerie sénégalaise, devrait fonder l'assimilation de certaines de leurs interventions à des opérations d'‘’escadrons de la mort’’ ?
Certes, il y a eu des faits de tortures indéniables, mais ce n'est pas se faire l'avocat du diable que de se demander si ces faits sont similaires à ces effroyables escadrons que l'encyclopédie virtuel Wikipédia définit comme un ‘’groupe armé qui organise, généralement en secret, des exécutions sommaires ou des enlèvements d'activistes, de dissidents, d'opposants politiques ou économiques ou toute personne perçue comme interférant avec un ordre social ou politique établi.
Les escadrons de la mort sont souvent associés, d'une manière ou d'une autre, aux méthodes de répression orchestrées par les dictatures ou les régimes totalitaires. Ils mettent en œuvre une politique de terrorisme d'État décidée par ou avec l'accord tacite des plus hauts échelons du pouvoir. Les escadrons de la mort peuvent être une police secrète, un groupe paramilitaire ou une unité spéciale d'un gouvernement où ont été détachés des membres de la police ou de l'armée’’.
Post-scriptum : Les préposés à la présentation de la revue de presse à certaines radios ne semblent pas avoir perçu le clin d’œil qu’a voulu leur faire la RTS en tirant de sa retraite un orfèvre du ‘’journal des journaux’’ (titre donné par un regretté maître dans ce genre rédactionnel galvaudé au Sénégal, Gabriel Jacques Gomis, en l’occurrence), Mansour Sow pour présenter la Rp à l’occasion de la Journée mondiale de la Radio, le 13 février dernier.
Ce qu’on entend le plus souvent et qui se prétend RP est une pratique désincarnée, fantasque (cela semble être la règle), c’est-à-dire farfelue dans un style qui n’en est pas un ; et être analphabète pour ne pas comprendre ce qui est écrit dans les journaux pour en faire état de manière approximative. Mansour Sow qui présentait cette Rp à Radio-Sénégal, l’a refait le 13 février avec l’art et la manière. Avec des transitions heureuses, mais si inexistantes…
C’est d’ailleurs sur Radio-Sénégal que j’ai entendu, dans les années 90 (une de ces transitions si géniales, si inspirées : De la Can à la pêche), c’est-à-dire pour passer, dans un style imagé et en calembour, d’un sujet sur la Coupe d’Afrique des nations à un autre sur la pêche, mais qui semblait, dans les oreilles non averties, désigner une ‘’canne à pêche’’.