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Le rêve de toute femme est de trouver un bon mari qui l'aime, la chérit, la couvre de bonheur et l'entretient jusqu'à ce que la mort les sépare. Avec les innombrables contraintes économiques qui pèsent sur le mariage, la dureté des temps empêche beaucoup d'hommes de se marier. Et ceux qui arrivent à le faire portent leur choix sur les jeunes filles. Un choix qui écarte d'office les femmes divorcées du cercle des potentielles à marier, à moins qu'elles soient indépendantes financièrement ou très ravissantes, histoire de pouvoir attirer les hommes. Les malheurs de ces dernières ne se limitent pas seulement au fait de ne pas trouver de mari prêt à les prendre en charge ou d'être mal vues par la société, mais elles sont souvent abandonnées, méprisées jusque dans leurs propres familles. Ce qui les contraint à prendre en charge elles-mêmes leurs enfants.
Un tour dans des coins fréquentés par la gent féminine nous a permis de rencontrer certaines d'entre elles. Amy Collé Faye, habitant à la Médina, fait partie de celles qui se sont confiées à nous. Agée d'à peine 35 ans, elle semble plus jeune. Dans un salon de coiffure où elle travaille comme tresseuse, elle narre sa mésaventure : «J'ai divorcé depuis trois ans. Mon mari était un ivrogne et un grand coureur de jupons. Je ne supportais pas cela, j'ai divorcé. Depuis lors, les hommes avec qui je sors me prennent souvent pour une pute. Dès que je leur parle de mariage, je ne les vois plus. Ils ne viennent que pour passer des bons moments et partir». Après s'être confiée à nous Amy Collé nous conduit au lieu de travail de Awa Diakhaté, une de ses copines qui vit la même situation. «Je ne me fatigue plus à chercher un mari, ce que je fais, c'est travailler pour me prendre en charge et bien entretenir mes enfants. Quand j'ai divorcé, j'étais chez mon père, mais il ne pouvait pas me prendre en charge avec mes enfants. Il se plaignait toujours des dépenses. C'est ainsi que je suis allée chercher du travail. Je suis cuisinière dans ce restaurant de la place», confie-t-elle. Ayant perdu goût à la vie, elle dit: «Tous les hommes qui me font la cour refusent de m'épouser. J'ai loué une chambre où je vis avec mes trois enfants». Racontant comment ce statut est dur à porter, elle soutient : «Les gens ont des idées négatives sur les femmes divorcées. On nous prend parfois pour des prostituées. Nous sommes des femmes comme les autres. Je ne parvenais pas à m'entendre avec ma belle-famille, c'est pour cela que j'ai divorcé».
«J'ai divorcé deux fois. Quand j'ai réussi à avoir un autre mari, sa famille ne me supportait pas parce que j'étais une femme divorcée avec trois enfants»
Adja Soumaré n'a pas goûté de nouveau au bonheur du mariage depuis quatre ans. Avec deux divorces successifs, elle se retrouve avec trois enfants à nourrir. «J'ai divorcé deux fois. Quand j'ai réussi à avoir un autre mari, sa famille ne me supportait pas parce que j'étais une femme divorcée avec trois enfants. Elle me méprisait avec mes enfants. Sa mère voulait qu'il épouse une de ces cousines. C'est dans cette galère que je vivais. Chaque jour, je me disputais avec ma belle-mère ou mes belles-soeurs». Pis, narre-t-elle, «on ne maraboutait même. Et ils me traitaient de tous les noms d'oiseaux». C'est pourquoi «à la longue, j'ai demandé le divorce», indique-t-elle. Adja Soumaré de préciser : «Au début, mon mari ne voulait pas parce qu'il m'aimait. Mais il a fini par être influencé par sa famille et l’on a divorcé».
Adja Soumaré : «Les hommes ont peur de se marier avec moi quand je leur demande cela. Ils veulent juste qu'on se donne à eux et puis c'est fini»
Poursuivant, les larmes aux yeux, elle ajoute : «Quand je suis revenue chez mon père, il l'a très mal pris parce que c'était mon second divorce». Faisant allusions aux croyances selon lesquelles certaines femmes sont «aay gaaf», c'est-à-dire qu'elles portent la poisse, elle fulmine : «Les hommes ont peur de se marier avec moi quand je leur demande cela. Ils veulent juste qu'on se donne à eux et puis c'est fini». Acceptant malgré elle son sort, elle affirme : «Je fais du petit commerce pour entretenir mes trois enfants, leur père ne travaille plus». Elle ajoute : «Mes soeurs sont toutes mariées, mais ça ne me fait pas mal, c'est mon destin». Pourtant, Adja ne s'estime pas être la responsable de ses divorces. «Tous mes divorces n'étaient pas de ma faute, j'avais fait le mauvais choix. Il faut que les hommes arrêtent de penser que nous sommes de femmes usées. Moi, je suis vertueuse et capable de tenir un ménage».
Un tour dans des coins fréquentés par la gent féminine nous a permis de rencontrer certaines d'entre elles. Amy Collé Faye, habitant à la Médina, fait partie de celles qui se sont confiées à nous. Agée d'à peine 35 ans, elle semble plus jeune. Dans un salon de coiffure où elle travaille comme tresseuse, elle narre sa mésaventure : «J'ai divorcé depuis trois ans. Mon mari était un ivrogne et un grand coureur de jupons. Je ne supportais pas cela, j'ai divorcé. Depuis lors, les hommes avec qui je sors me prennent souvent pour une pute. Dès que je leur parle de mariage, je ne les vois plus. Ils ne viennent que pour passer des bons moments et partir». Après s'être confiée à nous Amy Collé nous conduit au lieu de travail de Awa Diakhaté, une de ses copines qui vit la même situation. «Je ne me fatigue plus à chercher un mari, ce que je fais, c'est travailler pour me prendre en charge et bien entretenir mes enfants. Quand j'ai divorcé, j'étais chez mon père, mais il ne pouvait pas me prendre en charge avec mes enfants. Il se plaignait toujours des dépenses. C'est ainsi que je suis allée chercher du travail. Je suis cuisinière dans ce restaurant de la place», confie-t-elle. Ayant perdu goût à la vie, elle dit: «Tous les hommes qui me font la cour refusent de m'épouser. J'ai loué une chambre où je vis avec mes trois enfants». Racontant comment ce statut est dur à porter, elle soutient : «Les gens ont des idées négatives sur les femmes divorcées. On nous prend parfois pour des prostituées. Nous sommes des femmes comme les autres. Je ne parvenais pas à m'entendre avec ma belle-famille, c'est pour cela que j'ai divorcé».
«J'ai divorcé deux fois. Quand j'ai réussi à avoir un autre mari, sa famille ne me supportait pas parce que j'étais une femme divorcée avec trois enfants»
Adja Soumaré n'a pas goûté de nouveau au bonheur du mariage depuis quatre ans. Avec deux divorces successifs, elle se retrouve avec trois enfants à nourrir. «J'ai divorcé deux fois. Quand j'ai réussi à avoir un autre mari, sa famille ne me supportait pas parce que j'étais une femme divorcée avec trois enfants. Elle me méprisait avec mes enfants. Sa mère voulait qu'il épouse une de ces cousines. C'est dans cette galère que je vivais. Chaque jour, je me disputais avec ma belle-mère ou mes belles-soeurs». Pis, narre-t-elle, «on ne maraboutait même. Et ils me traitaient de tous les noms d'oiseaux». C'est pourquoi «à la longue, j'ai demandé le divorce», indique-t-elle. Adja Soumaré de préciser : «Au début, mon mari ne voulait pas parce qu'il m'aimait. Mais il a fini par être influencé par sa famille et l’on a divorcé».
Adja Soumaré : «Les hommes ont peur de se marier avec moi quand je leur demande cela. Ils veulent juste qu'on se donne à eux et puis c'est fini»
Poursuivant, les larmes aux yeux, elle ajoute : «Quand je suis revenue chez mon père, il l'a très mal pris parce que c'était mon second divorce». Faisant allusions aux croyances selon lesquelles certaines femmes sont «aay gaaf», c'est-à-dire qu'elles portent la poisse, elle fulmine : «Les hommes ont peur de se marier avec moi quand je leur demande cela. Ils veulent juste qu'on se donne à eux et puis c'est fini». Acceptant malgré elle son sort, elle affirme : «Je fais du petit commerce pour entretenir mes trois enfants, leur père ne travaille plus». Elle ajoute : «Mes soeurs sont toutes mariées, mais ça ne me fait pas mal, c'est mon destin». Pourtant, Adja ne s'estime pas être la responsable de ses divorces. «Tous mes divorces n'étaient pas de ma faute, j'avais fait le mauvais choix. Il faut que les hommes arrêtent de penser que nous sommes de femmes usées. Moi, je suis vertueuse et capable de tenir un ménage».
IMAM DAME NDIAYE : «Il n'y a aucun inconvénient à épouser une femme divorcée du point de vue de l'islam»
Interpellé sur la question, Imam Dame Ndiaye apporte un éclairage. Selon lui: «Il n'y a aucun inconvénient à épouser une femme divorcée du point de vue de l'islam». Sur le fait que les femmes divorcées soient souvent abandonnées avec leurs enfants, il dit: «les enfants doivent être pris en charge par leur père que la femme ait divorcé de son père ou non. Mais s'ils atteignent un certain âge, on doit les laisser avec leur mère. Parce que c'est à elle d'assurer leur éducation, mais les charges financières reviennent au père». Imam Dame Ndiaye de conclure: «la femme doit après le divorce voir ces règles trois fois, avant de se remarier, c'est à peu près trois mois. Sur le choix des mariées dans le Coran, on parle en premier lieu des femmes divorcées avant des jeunes filles».
DJIBY DIAKHATÉ, SOCIOLOGUE : «Dans le divorce le plus souvent on n’interpelle pas l'homme, on ne voit que la responsabilité de la femme»
Pour le sociologue Djiby Diakhaté, «dans le divorce le plus souvent on n’interpelle pas l'homme, on ne voit que la responsabilité de la femme». Une situation qui selon lui s'explique par le fait «qu'on considère que la femme est un élément important du dispositif familial et social. En conséquence, elle doit être un modèle. Ce qui veut dire qu'on ne lui tolère pas certaines déviances. Lorsqu'il y a le divorce, ça veut dire simplement que la femme n'a pas joué son rôle de repère. Et en conséquence, elle aura failli à une clause par rapport au rôle qu'on lui a confié dans la communauté. De l'autre côté, on considère que c'est la porte ouverte à la débauche». Aussi, ajoute-il : «La personne qu'on appelle prostituée en wolof, c'est celle qui est divorcée. Ca veut dire précisément qu'elle est plus ou moins marginalisée. Et l’on considère de toute façon qu'elle est fautive». Parlant du mariage, il indique : «Dans nos sociétés traditionnelles, le mariage était considéré comme le fondement de la vie sociale. Il se rangeait au sein de la grande communauté pour venir raffermir les relations entre des familles. Ce qui fait que, chaque fois que le divorce intervient, il était lu comme un acte de rupture des relations communautaires et des relations de parenté. Ce qui veut dire donc que c'était considéré comme un acte catastrophique. Mais qui engageait d'abord et avant tout la responsabilité de la femme».
Terminant son argumentaire, le sociologue de souligner : «Aujourd'hui, il y encore des survivances de ces pratiques. On voit très souvent dans le divorce la femme, son comportement déviant et son aptitude à la déviation. Donc toutes choses qui font qu'elle est très souvent marginalisée et considérée comme une personne qui ne peut pas déployer des efforts pour s'adapter à des normes strictes imposées par la communauté».
Terminant son argumentaire, le sociologue de souligner : «Aujourd'hui, il y encore des survivances de ces pratiques. On voit très souvent dans le divorce la femme, son comportement déviant et son aptitude à la déviation. Donc toutes choses qui font qu'elle est très souvent marginalisée et considérée comme une personne qui ne peut pas déployer des efforts pour s'adapter à des normes strictes imposées par la communauté».