Ndèye Seck «Signature», à quand remontent vos débuts dans la chanson?
C’est quand j’ai enregistré ma première chanson.
En quelle année précisément ?
C’était entre 1940 et 1950.
Et depuis, vous n’avez jamais arrêté…
Non, jamais. Je continue à chanter depuis lors. Je ne peux pas arrêter de chanter. Bien sûr j’arrêterai à ma mort. La chanson, c’est toute ma vie. Je suis griotte, j’ai la musique dans le sang.
Vous avez toujours fait de la musique ?
Oui ! Depuis que j’ai 7 ans.
L’an 1990 marque un grand tournant dans votre carrière. Grâce au succès de votre album «Signature».
Oui, c’est grâce au tube «Signature». Je rends grâce à Dieu. Parce que c’est grâce à Lui que cette chanson a connu ce franc succès. Cette chanson est un chef-d’œuvre, elle m’a procuré beaucoup de bonheur. C’est ma plus grande fierté, celle qui m’a permis de me réaliser en tant qu’artiste.
Comment vous est parvenue l’inspiration de cette chanson ?
J’ai été invitée à une cérémonie familiale. Et quand j’ai vu arriver une amie à ma grande sœur, Adji Balla Tall, je me suis tout de suite déchaînée en son honneur. Un hommage mémorable : «signaturo déké yaye borom Adji Tallo déké yaye borom déeh signél massé signél massé dakh ko signél mou walable signél massi». C’est de là que m’est venue l’inspiration de cette chanson que j’ai fait ensuite produire.
Et par rapport à vos autres chansons ?
Mon inspiration vient souvent quand je fais le linge ou la cuisine.
Comment avez-vous vécu ce succès qui colle d’ailleurs avec votre nom?
Ma grand-mère avait l’habitude de dire que quand une personne n’est pas connue de son vivant, quand elle disparait, personne ne va la pleurer. Donc, si vos proches vous confient une «mission», vous devez l’accomplir avec beaucoup de joie. C’est ça. «Signature», c’est quelque chose de très fort en moi. Parfois je la fredonne quand j’ai quelques soucis qui m’empêchent de fermer l’œil de la nuit. Et dès fois, quand j’ai mal. Et je jure devant Dieu qu’à chaque fois qu’il m’arrive de la chantonner dans ces circonstances, aussitôt, je guéris. Dieu merci !
Ce succès a-t-il a changé quelque chose dans votre vie ?
Oui ! Ce succès a bien changé quelque chose dans ma vie. Parce que beaucoup m’ont connue grâce à cette chanson. Cela m’a rendu célèbre.
Avez-vous amassé une fortune avec ce tube ?
J’ai gagné beaucoup d’argent. Je suis allée à la Mecque plusieurs fois grâce à ce morceau.
Quels autres succès ont marqué votre carrière ?
Tous les morceaux que j’ai composés m’ont marquée , parce que ce travail, je le fait avec le cœur. Mais le produit qui m’a le plus plu, c’est «Signature» parce que c’est une chanson dédiée à l’amie intime de ma sœur.
Avez-vous un projet d’album en vue ?
À présent, je me prépare pour sortir un album.
C’est prévu pour quand ?
Pour bientôt. Que Dieu nous préserve des mauvaises langues.
Depuis quelque temps on vous sent absente de la scène musicale ? Qu’est ce qui explique cet état de fait ?
Pourtant je sors régulièrement pour chanter parce que je ne connais que cela. J’étais malade. Mais aujourd’hui je rends grâce à Dieu. Je me sens beaucoup mieux maintenant. Cela ne m’empêche pas d’exercer mon art. Dans les cérémonies familiales et manifestations, par exemple, je suis très sollicitée. Je suis griotte et c’est cela ma destinée.
Ndèye Seck «Signature» comment vous portez-vous ? On vous dit diabétique ?
Oui je suis diabétique depuis longtemps. Ma mère de même que mon père étaient tous des diabétiques.
Comment prenez vous en charge votre maladie ?
Je vais régulièrement à l’hôpital pour des consultations.
Et les dépenses ?
Je dépense beaucoup d’argent durant le mois.
Combien par mois ?
Ca dépend ! Parfois tous les frais me reviennent à 100 000 francs, parfois moins.
Mais êtes-vous en mesure d’être à jour avec toutes ces dépenses ?
Alhamdoulil’Allah, je rends grâce à Dieu. Je ne me plains pas. Dieu a mis sur mon chemin des personnes bien, généreuses, qui m’aident, me soutiennent.
Qui par exemple ? Les hommes politiques ?
Ah non, pas vraiment ! Moi, les politiciens d’aujourd’hui ne me disent rien. À l’époque, avec Jean Collin et sa femme, Marianne Turpin, et aussi Mantoulaye Guène, «Ohhhh !!!» (s’écria-t-elle), je n’avais besoin de rien. J’étais trop à l’aise. Thiès était bon à vivre. Et jusqu’à présent d’ailleurs. Mais à présent je préfère rester toujours sur mes gardes avec nos politiciens. Parce que quand on ne sait plus où l’on va, on s’arrête pour mieux observer la destination.
Mais actuellement quelles relations avez-vous avec les politiques ?
C’est strictement professionnel. Si tu as une cérémonie, une manifestation et que tu m’invites, j’y vais. Sinon, je reste chez moi. Par contre, rien ne se fait à Thiès sans qu’on ne m’y implique. Quand une haute autorité vient à Thiès, on m’appelle pour m’en informer et me demander mon avis par rapport à l’organisation de la cérémonie.
C’est donc uniquement des relations professionnelles, si je comprends bien ? Est-ce à dire que vous n’avez pas d’amis parmi les politiciens ?
A part Jean Collin. Au temps de Jean Collin, chaque année, je partais à la Mecque parce qu’il m’aimait beaucoup. Collin et sa femme ont beaucoup fait pour moi. Le jour ou mon mari est décédé, ils ont passé la journée avec moi.
Pourtant on vous dit parente et proche de Idrissa Seck.
Nos deux grands-parents ont les mêmes père et mère.
Vous êtes proches parents et comment sont vos relations ?
J’étais très proche à sa mère Fatou Diop Assane. On nous voyait ensemble dans toutes les manifestations.
Et lui alors, il te rend visite, vous lui rendez visite ?
Non. Parce qu’il n’a pas de temps et moi, non plus. Et nous ne nous rencontrons pas dans les manifestations parce qu’étant pas du même milieu. Chacun gère ses affaires. Mais qui le touche me touche, parce qu’il est mon sang.
Dans vos chansons, vous faites beaucoup ressortir l’aspect religieux. Y a-t-il une raison particulière dans ça ?
Parce que j’aime ma religion. (Elle commence à chanter le Prophète Mouhamed «Psl»).
Cela montre que vous aimez chanter le Prophète (Psl)
Ah oui, j’aime beaucoup chanter le Prophète (Psl) parce que c’est mon homonyme. «Ndèye», ce n’est pas un prénom.
Ah bon, quel est donc votre vrai prénom ?
Elle hésite…
Vous ne voulez pas nous le révéler ?
Ah mais bien sûr, cela ne me gène guère. Je m’appelle Mamadou Mamour Seck. Je suis l’homonyme de mon grand père.
Mais c’est un prénom pour les hommes ?
Ah, mais c’est comme ça ! Je ne peux vous en dire plus. C’est comme ça
(répète-t-elle).
Donc pourquoi Ndèye Seck au lieu de Mamadou Mamour ?
Le prénom Ndèye veut dire ma mère. Quand on donne à une personne le prénom Ndèye, cela témoigne d’un certain respect à l’égard de cette dernière qui ne serait pas n’importe qui. Du coup, quand tu veux lui apporter une certaine correction ou lui tenir des propos discourtois, forcément tu t’abstiens de prononcer son prénom. Tu te contenteras seulement de dire : « Hé, Ndèye, damay…», ce, pour ne pas lui manquer de respect et heurter ta propre conscience, en formulant le nom de ta propre mère. C’est simplement cela.
Quel jugement portez-vous sur la nouvelle génération de chanteurs ?
Je trouve que les jeunes chantent bien.
Vous n’avez donc rien à leur reprocher ?
Nous n’avons pas les mêmes types de chansons, malgré cela, je trouve qu’ils chantent bien.
Si vous aviez des conseils et recommandations à leur faire, que leur diriez-vous ?
Qu’ils (nos jeunes chanteurs) soient patients et apprennent des générations anciennes. Il y a certains jeunes qui chantent bien mais il leur manque tout de même certaines «petites choses».
Ndèye Seck, a-t-elle fait des études ?
Oui, j’ai fait mes études primaires à l’école élémentaire de Médina.
Vous avez arrêté à quel cycle ?
(Rires !) J’ai oublié ce que j’avais appris. Ma grand-mère m’avait envoyée à l’école. Seulement, en classe, je n’excellais que dans le chant. Mes camarades de classe me disaient que c’était cela mon destin et que je n’avais pas ma place à l’école. A 7 ans, j’étais déjà consciente de mon don.
En dehors de la musique, quelles sont vos autres activités ?
Je vais prier devant le Prophète Mohammed (Psl) et je profite de mon voyage à la Mecque pour acheter des marchandises.
Donc vous faites du commerce ?
Oui, j’en fais.
LEQUOTIDIEN