ELECTIONS LEGISLATIVES 2012 Des ruptures aux repositionnements
Véritable choc des ambitions, le rush effréné vers la députation a fini de causer, au sein des coalitions politiques, césure et fractures. Les guerres de positionnement, les tiraillements et les coups fourrés scellent, avec le dépôt des listes d’investitures aux législatives, la fin d’idylles souvent contre nature entre des acteurs politiques aujourd’hui davantage obnubilés par leur admission à l’Assemblée nationale que la prise en charge des urgences de l’heure.
A quelques sept semaines de la date des législatives arrêtée pour le 1er juillet, le landerneau politique sénégalais se retrouve au centre de mille remous et agitations annonciatrices de profondes fractures entre anciens alliés, si elles ne sont déjà consommées. Pour cause, les investitures à la députation ont fini, depuis le dépôt des listes le 30 avril passé, de cristalliser les ruptures au sein des coalitions de partis politiques qui s’étaient trouvées un destin commun avant et entre les deux tours de la présidentielle de février. Aucune coalition politique n’est à ce niveau épargnée, de la coalition Bennoo Bokk Yakaar aux FAL 2012.
Le rassemblement hétéroclite de formations politiques et de mouvements citoyens anti-Wade, ayant porté la candidature de Macky au second tour de la présidentielle, perd de sa dynamique unitaire avec le départ de certains alliés de Macky Sall qui préfèrent postuler à la députation sous leur propre bannière. Ainsi en est-il du Mouvement citoyen pour la refondation nationale « Bes Du Ñakk » de Serigne Mansour Sy Djamil, de l’Alliance démocratique « Pencoo » de Moussa Tine (Bennoo Siggil Senegaal), du Rassemblement des écologistes du Sénégal (RES-Les Verts), ancien membre de la coalition Benno ak Tanor au 1er tour, voire du bouillant leader du Ptp, Me El Hadji Diouf, qui avait soutenu Moustapha Niasse lors du scrutin du 26 février.
Véritable choc des ambitions, ce rush effréné vers la députation qui semble reléguer aux calendes grecques la prise en charge des urgences de l’heure et générer partout des dissensions criardes a implosé l’ancien parti au pouvoir. Le Parti démocratique sénégalais, tenu de main de maître par le Président sortant Abdoulaye Wade, s’est brisé en mille morceaux au lendemain de sa défaite du second tour. Les plus proches collaborateurs de Me Wade, en l’occurrence Pape Diop et Mamadou Seck, respectivement tout-puissants Présidents encore en activité du Sénat et de l’Assemblée nationale, ont claqué la porte de leur ancienne formation politique, en refusant tout simplement d’être enterrés politiquement par la poigne « débilitante » de leur ancien mentor qui a perdu le pouvoir. Ces responsables politiques de la première heure du Pds ont été rejoints dans leur « rébellion fratricide » par une flopée d’anciens ministres de Wade pour former, en vue des législatives, la coalition Bokk Guiss Guiss, avec en tête de liste Pape Diop.
Les dernières défections notées au sein du Pds sont celles de l'ancien ministre de la Pêche, Khoureychi Thiam, qui a annoncé hier, mardi, sa démission du parti libéral pour un mouvement dénommé Agir pour le Sénégal. Et de Me Abdoulaye Babou, l’ancien président de la Commission des lois à l’Assemblée nationale qui se désaffilie de la formation libérale en envisageant de créer son parti : Alliance pour l'alternance (Alal). Les anciens alliés de la Cap 21, libérés par Me Wade, ont fait, quant à eux, mauvaise fortune bon cœur. Me Wade refusant de les « tracter » vers l’hémicycle, ils ont mis sur pied leurs propres listes de candidats à la députation.
Union pour le renouveau démocratique (URD), Coalition des Alliés du peuple pour relever les défis du 21ème siècle, And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme... Au final, 24 listes de partis ou coalitions devraient participer aux élections législatives, soit 10 listes de plus par rapport au scrutin de 2007 boycotté par les ténors de l’opposition qui remettaient en cause la fiabilité du fichier électoral.
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