Politique

Dossier Barthélemy Dias : Les magistrats accentuent la pression sur le juge


Vendredi 30 Décembre 2011

L’exercice auquel l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) s’est livrée hier est rare : inviter le magistrat instructeur en charge du dossier de Barthélemy Dias à un ‘traitement impartial’.Cet appel lancé hier par les magistrats au cours d’une conférence de presse, ne s’adresse à personne d’autre qu’au doyen des juges ayant hérité du dossier, Mahawa Sémou Diouf.


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C’est une pression supplémentaire pour les magistrats chargés de la gestion du dossier de Barthélemy Dias. En effet, outre les politiques, leurs collègues de l’Union des magistrats du Sénégal les ont, à demi-mot, sommé hier d’adopter une posture d’impartialité dans cette affaire. Le président de cette structure, Abdou Aziz Seck, a, en effet, invité le magistrat en charge du dossier dans le cadre du décès du jeune nervi, Ndiaga Diouf, à un ‘traitement indépendant et impartial du dossier’. Il invite aussi son collègue à prendre ses ‘responsabilités’ dans cette affaire. Cet appel lancé par le président de l’Ums au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue hier est adressé au doyen des juges d’instruction, Mahawa Sémou Diouf. Ce magistrat du premier cabinet d’instruction qui a placé sous mandat de dépôt le jeune socialiste pour meurtre et autres infractions, a hérité du dossier, suite à une saisine du procureur de la République. Par ailleurs, le président de l’Union des magistrats du Sénégal n’a pas voulu jouer la politique de l’autruche face au fléau de la corruption qui, reconnaît-il, gangrène la magistrature. ‘Ce serait une contrevérité que de nier la corruption dans la magistrature. Il y a toujours des magistrats traduits devant le Conseil de discipline pour des pratiques de corruption. Certains sont radiés, d’autres sanctionnés. Ce sont des faits indignes de magistrats qui ne méritent pas de rester dans la corporation. Certes, la corruption est partout. Mais elle est plus grave dans la justice’, souligne Abdou Aziz Seck. La question de l’indépendance de la justice est plusieurs fois revenue dans les débats. Le patron de l’Ums a réaffirmé son ‘attachement profond’ à une ‘justice libre et indépendante’. Il s’engage ainsi à œuvrer pour l’effectivité au Sénégal d’un pouvoir judiciaire réellement indépendant, jouant pleinement le rôle qui est le sien dans un Etat démocratique. ‘L’indépendance de la Justice exige aussi un pouvoir judicaire composé d’acteurs dignes et intègres, mis à l’abri des tentations par une rémunération décente, des conditions de logement dignes et sécurisées, des conditions de travail acceptables dans un cadre serein et solennel. C’est sous ce rapport qu’il faut appréhender nos demandes relatives à l’octroi de moyens de travail suffisants, d’avantages matériels et d’un traitement salarial à la hauteur de notre niveau de responsabilité’. L’autre sujet ayant préoccupé les magistrats a trait à l’impunité. Ces derniers ont réaffirmé leur devoir de lutter contre ce fait, sous toutes ses formes. L’Ums promet ainsi de continuer à relever tous les cas d’impunité, tout en exhortant les magistrats chargés du traitement des affaires en question à faire davantage preuve de ‘diligence’ et de ‘rigueur’. ‘Le sentiment d’injustice et d’impunité est source de frustration, de haine et de mépris pouvant conduire à la violence et même à la révolte, toutes situations désastreuses dont on pourrait imputer les causes à l’inaction des magistrats’, notent les camarades de Abdou Aziz Seck.

Abdoul Aziz Diop