-
Émeutes au Royaume-Uni: la communauté musulmane sous tension, les mosquées protégées
-
Israël condamne une experte de l'ONU comparant Hitler et NetanyahuIsraël condamne une experte de l'ONU comparant Hitler et NetanyahuIsraël condamne une experte de l'ONU comparant Hitler et Netanyahu
-
Les figures démocrates saluent la décision de Joe Biden, les républicains appellent à sa démission
-
Affaire 1xbet : Le verdict est tombé pour Samuel Eto’o
-
Manifestations au Kenya: le président Ruto annonce le retrait du projet de budget
Le gouvernement lance un plan d'actions contre les filières djihadistes. La série de mesures vise à empêcher les jeunes Français de partir faire le djihad en Syrie. En janvier dernier, Dominique Bons a appris la mort près de Homs de son fils Nicolas, 30 ans, jeune Toulousain parti faire le djihad en Syrie. Quelques mois plus tôt, c'était son jeune frère, Jean-Daniel, 22 ans, qui était tué au combat. Dominique Bons a créé l'association "Syrien ne bouge... agissons ". Cette mère de famille a aussi participé au rassemblement, mercredi 9 avril à Paris, à l'initiative de l'anthropologue Dounia Bouzar pour dénoncer "l'immobilisme du gouvernement".
Que pensez-vous de l'annonce du plan d'actions du gouvernement ?
- Il était temps qu'il se décide à faire quelque chose, mais il ne faudrait pas qu'il oublie les adolescents qui sont déjà là-bas. Qu'a-t-il prévu pour eux ? Mon fils est décédé en Syrie, son petit frère aussi, et je n'ai jamais été contactée par qui que ce soit. C'est déplorable. Jusqu'à maintenant, le gouvernement appréhendait surtout les retours en France de jeunes Français susceptibles d'y commettre des actes de terrorisme. Ils existent malheureusement. Mais tous les cas ne sont pas les mêmes et il faut savoir faire la part des choses. Il est normal que des dispositions soient prises pour surveiller les jeunes à leur retour, mais il faut aussi les protéger. Pour moi, ces adolescents qui partent sont plus des victimes que des terroristes.
Quelles raisons vous ont poussée à créer votre association ?
- Il y en a plusieurs. Je voulais d'abord rendre hommage à mon fils, son petit frère, et tous ceux qui sont comme eux morts là-bas. C'est aussi un moyen de réunir les familles qui sont dans la même situation, de discuter. Ensemble, on peut faire de la prévention et s'occuper des jeunes qui rentreraient éventuellement de Syrie. A ce moment-là, rien n'était prévu pour les familles. C'est quelquefois difficile, mais ça m'aide aussi à faire le deuil. Perdre un enfant et ne pas pouvoir voir son corps ni savoir où il est enterré est encore plus difficile. Ça m'a permis d'aller de l'avant. Sans cela je crois que je me serai enfoncée chaque jour un peu plus. Et je me dis que si je peux apporter quelque chose de positif à ceux qui sont dans la peine, perdus, et ne savent pas à qui s'adresser, c'est déjà bien. Après on verra.
Que vous confient ceux qui vous contactent ?
- Des mères, des pères, des tantes me contactent. Et me racontent leur histoire. Chacune est différente. C'est important pour elles de pouvoir me joindre, me parler. Je sais ce que c'est, je l'ai vécu. Mais j'étais seule. J'incite les gens à témoigner, pour que tout le monde se rende compte et sache ce qu'il se passe. Des enfants sont morts et personne ne le sait.
Le plan prévoit de renforcer le renseignement et la surveillance en ligne, mais aussi d'instaurer un lien avec les familles, et insiste sur la prévention. Comment faire en ce domaine ?
- La prévention est évidemment essentielle pour éviter des départs. Au niveau des collèges, des lycées, mais aussi des lieux où se retrouvent les jeunes, comme les centres sportifs par exemple. S'ils sont avertis du danger qu'ils encourent, ils réfléchiront davantage. Quand ils sont enrôlés, quelque soit leur niveau social, ils sont perdus. On leur dit : "Ici c'est pas bien, allez vas-y, seul Allah compte." Les adolescents partent, c'est pour eux une aventure. Ils ne se rendent pas du tout compte du danger qu'ils encourent.
Le président a promis que la France prendrait "toutes les mesures pour dissuader, empêcher, punir ceux ou celles " qui seraient tentés par le djihad.
- Pourquoi punir si pour l'instant ils n'ont rien fait ? Les surveiller, c'est normal, mais il faut au contraire leur expliquer ce que c'est, les prendre en charge, notamment psychologiquement. Mettre en prison certains jeunes qui rentrent de Syrie n'est selon moi pas non plus une solution. Ils peuvent y côtoyer d'autres personnes et avoir deux fois plus envie de repartir.
nouvelobservateur