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Société

Dérives foncières du pouvoir : Comment le Sénégal devient un pays miné


Vendredi 28 Octobre 2011

Que restera-t-il du capital foncier sénégalais lorsque le régime libéral ne sera plus là ? La question mérite d’être posée après les précédents de Mbane, Sangalkam, Diokoul, pour ne citer que ces cas-là.La boulimie foncière est telle que, aujourd’hui, la question foncière elle-même est devenue une bombe sociale à retardement.


Dérives foncières du pouvoir : Comment le Sénégal devient un pays miné
Tels des vautours fonciers, ministres, hommes d’affaires, directeurs de sociétés, sous le régime libéral, font le festin foncier. Mais, à un niveau beaucoup plus important, c’est le phénomène d’accaparement des terres qui commence à gangrener le milieu rural. Une stratégie de prédation qui prend des dimensions plus importantes, avec l’accaparement des terres, sur des centaines de milliers d’hectares par des multinationales et des pays émergents qui se transforment en nouveaux colons. Beaucoup de pays africains en souffrent, le Sénégal n’est pas en reste. Le président Wade et son régime laissent déjà un grand trou noir dans leur bilan qu’ils savent d’ailleurs justifier par les parades de la Goana, du plan Reva, du découpage administratif, etc. Ainsi, depuis le 19 mars 2000, date à laquelle accéda au pouvoir le régime libéral d’Abdoulaye Wade, beaucoup de milliers d’hectares de terre sont passés sous leur propriété privée au détriment des paysans. Conséquence, cette façon de s’enrichir des terres de pauvres paysans, sous Wade, s’est souvent soldée par morts d’hommes. La dernière en date s’est déroulée avant-hier dans la communauté rurale de Fanaye où partisans et adversaires de l’octroi d’une superficie de 20 mille hectares à la société italienne Senethanol a viré au drame. Bilan : deux morts et une vingtaine de blessés graves. Cette affaire n’est que la face visible de l’Iceberg. Sous la conduite du ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales, Aliou Sow, 19 délégations spéciales ont été en mises en place en lieu et place des élus installés après les élections locales de mars 2009 marquées par une victoire de l’opposition dans la plupart des grandes villes et des zones à enjeux multiples. Objectif clairement affiché : faire main basse sur la terre. Dans la communauté rurale de Mbane qui ne fait pas exception à la règle, des surfaces totales de terres de deux cent deux mille quatre cent dix-sept (202 417, 20) hectares, ont été bradées. Ainsi, en l’espace de trois (3) années seulement de Goana et Reva, ce furent cent quatre-vingt-neuf mille cent quatre-vingt dix (189 190) hectares qui ont été spoliés, correspondant exactement à la surface totale de la Communauté rurale (190 600 ha). En effet, la surface de la communauté rurale de Mbane s’élève à 190 600 hectares seulement. Après, le décompte donne 233 208 hectares de terres qui ont été distribués. Soit quarante-deux mille six cent huit (42 608,32) hectares de plus. Cette communauté rurale gagnée par l’opposition s’est, par décret, retrouvée sous l’escarcelle de l’administration - les mauvaises langues diront de la Coalition Sopi - avec le découpage de Mbane.
C’est également le cas Sangalkam, devenue collectivité locale en 1985, où l’enjeu foncier aura provoqué la mort du jeune Malick Bâ, tué d’une balle dans la tête, lundi 30 mai par la gendarmerie lors d’une manifestation populaire contre cette politique de saucissonnage du territoire communautaire de Sangalkam qui s’étend sur une superficie de 195 km2. Si la logique boulimique libérale et suicidaire s’éclipse face à une réflexion lucide, il est constaté qu’en réalité, il n’existe plus ni pâturages, ni zones d’habitations, encore moins de forêts classées dans cette Communauté rurale. Forts de cela, les paysans de la communauté rurale de Diokoul ont battu en juillet dernier le macadam sur 2Km, en 1 h 30 mn, pour exiger la restitution de leurs champs. Leurs terres sont accaparées par la ferme Mame Tolla du Président de la République, Abdoulaye Wade. Ce sont en tout 2 070 hectares qui ont été affectés à la ferme, spoliant du coup 99 paysans des 4 villages de Diokoul, Nguer-Nguer, Yadiana et Dahra. Ainsi, dépossédés de leurs champs, leurs enfants n’ont trouvé d’autre issue heureuse que de venir alimenter le marché des marchands ambulants de Dakar ou celui des femmes de ménage.
650 mille hectares de terres bradés à dix-sept privés entre 2000 et maintenant
Autre cri du cœur pour la même douleur, c’est l’association ‘Sam sa momel’ de la communauté rurale de Bambilor qui est, depuis quelques semaines, sur le pied de guerre contre la confiscation des terres de ses membres par la Comico et d’autres promoteurs. Ces populations qui crient au ‘crime’ à cause de la destruction de leurs biens terriens construits pendant 30 ans, ont d’ailleurs enclenché des poursuites judiciaires à travers trois plaintes. La première sera ‘contre les militaires de la Comico pour destruction de biens appartenant à autrui’. La seconde plainte sera servie à ‘la famille Bertin pour faux, usage de faux et usurpation de fonction’. Enfin, la troisième vise ‘l’annulation des titres fonciers attribués aux vampires fonciers’, annonçait Birane Cissé, le chargé de communication du collectif.
A la lecture des scandales fonciers répétitifs au Sénégal, depuis l’alternance, l’opposition regroupée au sein de Bennoo estime ceux-ci d’autant plus inacceptables, qu’ils impliquent de grandes personnalités de la République, qui manifestement, dit-elle, piétinent la loi N° 64-46 du 17 juin 1964 relative au Domaine national. Ces autorités de la République ‘se sont fait attribuer des milliers d’hectares, n’ont payé ni des frais de bornage, encore moins entamé une quelconque exploitation de ces terres’.
Dans un entretien accordé à Wal Fadjri, Amadou Kanouté, directeur général de Cicodev, donnait des chiffres qui donnent froid dans le dos. Ce sont en effet, 650 mille hectares de terres qui ont été bradés à dix-sept privés nationaux et internationaux dont des Espagnols et des Italiens entre 2000 et maintenant. A ce rythme, on se demande, ce que l’actuelle pourra léguer aux générations futures.
Abdoulaye SIDY

WALF

La Rédaction



1.Posté par baye le 28/10/2011 15:08
certes c'est un conflit entre conseillers ruraux qui a occasionne tant de morts mais il est tout a fait claire que des considerations politiques n'en manqueront pas par consequent. l'Etat doit prendre des mesures idoines pour elucider les causes de ce conflit et d'en punir les auteurs de commanditaires de quelque bord qu'ils puissent se situer

2.Posté par diof le 28/10/2011 15:20
ce qui s'est passe a Fanaye est regrettable a plus d'un titre et nous le deplorons jusqu'a la derniere energie.

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