Société

Dénomination du Grand Théâtre: Macky bat le tambour pour Doudou Ndiaye Rose


Lundi 25 Janvier 2016

Annoncé à la suite d’une audience entre le Président Macky Sall et des acteurs culturels, le choix de baptiser le Grand Théâtre national de Dakar du nom de Doudou Ndiaye Coumba Rose ne fait pas l’unanimité. Certains dénoncent l’absence de concertation avec l’ensemble des acteurs pour le choix de ce patronyme alors que d’autres y voient une décision salutaire.


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Vendredi dernier une rencontre a réuni au palais de la République certains acteurs culturels autour du président de la République. Selon des sources présentes à cette initiative pilotée par le cabinet du ministre-conseiller, Youssou Ndour, plusieurs sujets relatifs à la vie des acteurs du secteur ont été abordés. Mais la plus grande décision qu’aurait prise le chef de l’Etat, c’est qu’il va donner au Grand Théâtre national, le nom du défunt Maître des tambours, Doudou Ndiaye Coumba Rose. Une décision présidentielle qui, de l’avis de certains, est salutaire, tandis que d’autres sont totalement contre. Ceux-ci regrettent notamment que le choix de ce nom n’ait pas fait l’objet de concertation avec l’ensemble des acteurs. C’est le cas de l’écrivain Elie Charles Moreau, qui dit ne pas partager le souhait de Macky Sall. Le directeur des Editions Le Nègre International, qui ne doute pas des mérites de Doudou Ndiaye Coumba Rose, avec tout ce qu’il représente pour la culture au Sénégal et à l’étranger, dit ne cependant pas partager cette idée de donner le nom du défunt Grand Tambour Major à ce temple culturel.

Elie Charles Moreau a manifesté sa préférence à l’écrivain martiniquais Aimé Césaire. Son souhait en gros est de voir le Grand Théâtre national porté le nom de Aimé Césaire. Interpellé, l’actuel administrateur du site, M. Keyssi Bousso, se réjouit de son côté de la décision de Macky Sall. «Doudou Ndiaye Coumba Rose a beaucoup fait pour la culture sénégalaise et africaine. Pour moi, c’est la moindre des choses qu’on puisse faire après sa disparition. Il mérite normalement plus que ça. Car Doudou Ndiaye a beaucoup fait pour le Sénégal. Il l’a valorisé et porté partout à travers le monde. Ce qu’il a fait pour le Sénégal, aucun artiste ne l’a encore fait», a affirmé Keyssi Bousso. L’Admi­nistrateur général du Grand Théâtre, qui s’empresse de remer­cier le chef de l’Etat pour cette «sage et grande décision», confie également être fier que le Grand Théâtre porte le nom de Doudou Ndiaye Rose, pour plusieurs raisons. Parmi celles-ci, dit-il, «Doudou Ndiaye Rose a été notre professeur de percussion à la Mudra Afrique…, c’est quelqu’un d’extraordinaire. En 1979, pour le baptême de mon fils, il a été le seul à me soutenir financièrement à l’époque…Je dois dire surtout et tout le monde a conscience de ça, qu’il a beaucoup fait  pour l’émergence de la culture africaine. Pas seulement sénégalaise». 

Un hommage posthume
Keyssi Bousso, qui ne manque de rappeler que peu avant son décès, il avait en projet de le célébrer en grande pompe au Grand Théâtre et qu’il s’en était ouvert à lui, et que ce dernier lui avait donné son accord de principe, indique que cette célébration devrait être coordonnée avec l’appui de son beau-fils, Mame Less Thioune. C’est aussi dans l’optique de cette célébration que le n°1 du Magazine du Grand Théâtre national, Tribune du Grand Théâtre, avait consacré un dossier au parcours du Grand Tambour Major. Mais Dieu en a décidé autrement. Il faut rappeler toutefois que dans une interview accordée au journal Enquête peu de temps avant sa mort, Doudou Ndiaye Coum­ba Rose avait rappelé qu’il ne voulait pas d’hommage posthume. «Que personne ne me rende hommage à titre posthume ! Les autorités à chaque fois que je les rencontre disent que je suis un exemple pour les jeunes, qu’elles sont reconnaissantes pour ce que j’ai fait pour le pays. Mais aucune d’entre elles n’a pensé me rendre hommage de mon vivant. Orga­niser juste une journée pourrait être salutaire. Je n’ai pas encore la chance d’être dignement célébré par mon pays. Quand je ne serai plus de ce monde, j’attends des uns et des autres des prières (fatiha et 11 likhlass)», avait-il dit en substance… 
La décision du chef de l’état de donner son nom au Grand Théâtre n’est-il donc pas une façon de lui rendre hommage à titre posthume ? En tout cas, certains proches de l’illustre disparu croient savoir que cette décision ne lui aurait pas déplu. «C’est venu un peu tardivement cette décision, mais je pense que cela n’aurait pas déplu au vieux… Je salue la décision du Président Macky Sall, mais il faudrait que l’acte de baptême soit posé avant que nous nous réjouissions», a dit un membre de la famille, qui préfère rester prudent sur une décision qui, pour l’instant, n’engage que les autorités. Pour rappel, le Grand Théâtre national est une des 7 merveilles du parc culturel du Président Abdoulaye Wade dont le nom avait aussi été pressenti comme nom de baptême à cet édifice qui accueille les plus grands spectacles de la capitale, avec une capacité de 1 800 places. Il a été inauguré le 15 avril 2011. D’ailleurs, le défunt Dou­dou Ndiaye Coumba Rose y avait produit son dernier spectacle dont nul n’oublie encore la beauté artistique.

LEQUOTIDIEN


Abdoul Aziz Diop