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Face au mémorial du héros de l’indépendance José Marti, situé place de la Révolution, la foule a fait ses adieux au « Comandante » avant que ses cendres quittent la capitale mercredi pour traverser l’île jusqu’à Santiago de Cuba, dans l’est, refaisant en sens inverse le chemin parcouru par le jeune Fidel dans sa « caravane de la liberté » lors du lancement de sa révolution en 1959. Dimanche, Fidel Castro sera inhumé au cimetière de Santa Ifigenia de Santiago, scellant la fin du deuil national décrété pour neuf jours.
« Il reste là, invaincu parmi nous »
« Où est Fidel ? Où est Fidel ? », s’est exclamé à la tribune le président nicaraguayen, Daniel Ortega. « Ici ! », a répondu la foule d’une seule voix, résumant la tonalité de la soirée, vouée à souligner que la mort du « Comandante » n’était qu’une « mort physique », comme l’ont beaucoup répété les médias d’Etat cubains ces derniers jours.
« Il ne part pas, il reste là, invaincu parmi nous, absous, totalement absous par l’histoire », a déclaré le président vénézuélien, Nicolas Maduro, proche allié de Cuba, en référence au fameux « L’histoire m’absoudra » lancé par Fidel Castro à son procès après l’assaut, en 1953, de la caserne de la Moncada, qui forgea le début de sa légende.
« Aujourd’hui plus unis que jamais, peuple de l’Amérique latine (…) Nous continuerons à lutter pour ces idées, nous en faisons le serment ! », s’est engagé de son côté le président équatorien, Rafael Correa. « Ils ont tenté de le tuer de mille manières, mais plus de dix présidents américains n’y sont pas parvenus (…) Fidel et Cuba ont changé le monde »au XXe siècle, a ensuite relevé un autre inconditionnel, le Bolivien Evo Morales.
Après quatre heures de longs discours emprunts de ferveur socialiste, le président Raul Castro, 85 ans, qui a succédé à son grand frère Fidel en 2006, a énuméré les discours les plus marquants de son aîné, prononcés sur cette emblématique esplanade. Puis de conclure : « Cher Fidel (…) ici, où nous commémorons nos victoires, nous te disons aux côtés de notre peuple dévoué, combatif et héroïque : “Hasta la victoria, siempre !” [Jusqu’à la victoire, toujours], reprenant l’antienne bien connue des révolutionnaires cubains.
Peu de dirigeants occidentaux
Cette soirée d’hommages aux accents très politiques a été largement boudée par les chefs d’Etat occidentaux, dont le président américain, Barack Obama, pourtant artisan d’un rapprochement historique, depuis fin 2014, entre les deux ex-ennemis de la Guerre froide.
De même, les présidents de pays amis, le Russe Vladimir Poutine, le Chinois Xi Jinping et l’Iranien Hassan Rohani, ont préféré se faire représenter par des émissaires de haut rang.
En revanche, les dirigeants du Zimbabwe, Robert Mugabe, et d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, de même que l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos, étaient présents . « Fidel est parvenu à sortir Cuba de la dictature pour la transformer en symbole international de résistance », a salué de son côté le premier ministre grec, Alexis Tsipras, seul dirigeant européen à avoir fait le voyage.
Dans la journée, des dizaines de milliers de Cubains, souvent en pleurs, avaient défilé face aux portraits de Fidel. Partout sur l’île, ils ont aussi été nombreux, mardi, à signer des registres pour « jurer » de poursuivre l’héritage socialiste de celui qui a façonné pendant un demi-siècle le destin du pays – beaucoup ont confié avoir été vivement incités à ne pas manquer à l’appel.
Critiqué par l’Organisation des Nations unies et par ses opposants pour des violations des droits de l’homme, Fidel Castro reste toutefois vénéré par beaucoup de Cubains, qui ont subi un choc à l’annonce de son décès, vendredi à 90 ans.
Source : Le Monde