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Ce départ brusque, inexpliqué, intervient dans un contexte de crise institutionnelle grave. Le Sénat, contre toute attente, a décidé, pour une majorité de 33 sur 56, de voter contre le projet de réforme constitutionnelle qui fait suite aux concertations nationales, lesquelles avaient prévu la suppression du Sénat et d’autres institutions importantes du pays : la Haute Cour de Justice, le Haut conseil islamique, le changement du drapeau et de l’hymne du pays. Il était ainsi demandé aux Sénateurs de supprimer leur propre chambre, ce qu’ils ont refusé.
Depuis lors, les Mauritaniens retiennent leur souffle. Le Président Mohamed Ould Aziz s’est calfeutré dans un silence qui sera rompu ce mercredi parce qu’une conférence de presse de la présidence est annoncée à cette date. Deux officiers de l’Armée ont été arrêtés et certains pensent que cela pourrait ne pas être étranger à cette situation.
Du côté du pouvoir, des enquêtes seraient diligentées pour identifier lesquels des Sénateurs ont voté « Non », qu’ils soient du camp présidentiel ou non. Des représailles sont annoncées et cela pourrait avoir déterminé le Président du Sénat à trouver refuge au Sénégal.
C’est dont un véritable camouflet que vient de subir le Président Aziz. Le Président du Sénat ne devrait pas avoir la conscience tranquille, lui qui avait obtenu la confiance du Chef de l’Etat pour diriger cette auguste institution et mener à bon port les réformes voulues par l’Exécutif.
La preuve, la veille du scrutin, il avait été convoqué à la Présidence, certainement pour recevoir les dernières instructions et ne pas suivre les Sénateurs de l’opposition qui, déjà, avaient annoncé la couleur.
C’est dans cette ambiance tendue où la démission du Président est même exigée par une bonne partie de l’opposition que le Président du Sénat a quitté son pays pour le Sénégal. Autant dire qu’il risque de ne pas retourner en Mauritanie de sitôt. Il sait ce qu’il risque surtout s’il fait partie de ceux qui ont voté contre.
L’homme est conscient du fait que le Président mauritanien a du mal à cacher son hostilité envers Dakar. Celle-ci s’est manifestée lors de la crise gambienne et s’est accentuée après le rappel de son Ambassadeur à Banjul, motif pris de ce qu’il n’a pas été bien traité comme il le méritait, surtout comme son homologue sénégalais lors de l’investiture d’Adama Barrow.
De son côté, Aziz travaille à renforcer l’axe d’hostilité contre Dakar. Le Président bissau-guinéen,Vaz, reçu il y a de cela quelques semaines à Nouakchott, a lui, commencé à inquiéter des ressortissants sénégalais dans son pays pour défaut de séjour alors qu’il sait que Dakar n’applique pas la réciprocité. Si donc le Président du Sénat Ould El Haj s’est vraiment réfugié au Sénégal comme nous le pensons vraiment, cela ne manquera pas de jeter de l’huile sur le feu de relations déjà tendues du fait notamment de l’expulsion de pêcheurs sénégalais, subitement indésirables.
Néanmoins, l’acceptation par la partie mauritanienne de la construction du pont de Rosso, sous financement de la Bad, montre que tout n’est pas perdu dans les relations entre deux pays frères condamnés à vivre ensemble. Certes, le Président Aziz ne va certainement pas démissionner ce mercredi, mais tout indique qu’à la crise sociale et économique dans laquelle est plongée la Mauritanie, s’ajoute maintenant une crise institutionnelle et politique.
Car, le rejet du Sénat n’offre au Président Aziz que l’option risquée du référendum. Et comme son second mandat prend fin en 2019 et qu’il avait promis de ne pas chercher à tripatouiller la Constitution pour un troisième mandat, il devra admettre qu’il n’y a pas de quoi s’accrocher au pouvoir et surtout qu’il est contreproductif de mettre en place des réformes rejetées par la majorité, y compris dans son camp.
Assane Samb