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Grand-Bassam, après Bamako et Ouagadougou. A la mi-journée dimanche, la station balnéaire ivoirienne est à son tour frappée par le terrorisme. RFI s'est immédiatement rendue sur place.
Ils tiraient de gauche à droite sans réfléchir. Sur la plage d'abord, puis dans les hôtels. Sur la plage, le corps ensanglanté de plusieurs hommes et femmes recouverts d'un linge
Arrivé à Grand-Bassam en début de soirée, Alassane Ouattara a annoncé un nouveau bilan faisant état de 14 civils tués ainsi que deux militaires. Selon le président ivoirien, 19 civils et 3 militaires ont été blessés. Concernant le mode opératoire des assaillants, le président ivoirien rapporte que ces derniers « se sont partagés en deux groupes », sans davantage de précisions. Il a par ailleurs tenu à saluer « la bravoure des clients et leur sang-froid ». « Nombreux sont ceux qui ont pu nous envoyer des textos qui nous ont permis de localiser les assassins et de les neutraliser », a souligné Alassane Ouattara, précisant que désormais « la situation est sous-contrôle, le calme est revenu ».
Selon le ministre de l'Intérieur, Ahmed Bakayoko, qui s'exprimait sur la RTI, la télévision publique ivoirienne, ce sont trois hôtels de Grand-Bassam qui ont été attaqués. Toujours selon le ministre, six assaillants ont été neutralisés et des ratissages sont en cours. Le ministère devrait publier un bilan détaillé dans les prochaines heures.
Des témoins sur place rapportent que des hommes qui portaient des cagoules ont commencé à tiré sur les clients de l'hôtel L'Etoile du Sud, un établissement fréquenté à la fois par les expatriés mais aussi par une clientèle ivoirienne. D'autres témoins disent avoir vu quatre assaillants qui parcouraient la plage en tirant des coups de feu. Un témoin rencontré par RFI sur place affirme avoir vu un assaillant achever une victime à bout portant.
Aqmi revendique l'attentat
Un ressortissant français au moins figure au nombre des victimes, a-t-on appris auprès du ministère français des Affaires étrangères. François Hollande a confirmé par la suite dans un communiqué qu'« au moins un Français » avait été tué par des assaillants armés. « La France apporte son soutien logistique et de renseignement à la Côte d'Ivoire pour retrouver les agresseurs. Elle poursuivra et intensifiera sa coopération avec ses partenaires dans la lutte contre le terrorisme », déclare le chef de l'Etat.
L'identité des assaillants, décrits comme « puissamment armés » par un témoin cité par l'AFP, reste inconnue à cette heure. Néanmoins, al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l'attaque dans un communiqué diffusé en début de soirée. Ce communiqué fait état de trois assaillants, tandis que les autorités ivoiriennes ont déclaré avoir tué six assaillants.
L’organisation terroriste promet la diffusion prochaine d’un communiqué plus détaillé, sans doute, comme à son habitude, avec la photo des membres du commando. Selon le site mauritanien al-Akhbar, l’attentat pourrait avoir été mené par al-Mourabitoune, le groupe de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar qui, depuis fin 2015, est devenu une brigade d’Aqmi.
« Ça tirait, ça tirait, très fort »
RFI a recueilli le témoignage d'Eugène Kakou, un journaliste ivoirien et ancien président du conseil national de la presse, présent sur place au moment de l'attaque : « On était au bord de l'eau quand il y a eu des coups de feu. Des gens ont dit au départ ce sont des pétards, des gens fêtent un anniversaire. Mais moi ayant fait l'armée, je sais ce que c'est. J'ai entendu les coups de feu, il devait être 12h45 ou 13h... Tout le monde a commencé à se sauver, moi je suis allé me planquer d'abord dans les toilettes, et puis ça tirait, ça tirait, très fort, ça ne devait pas être des mitraillettes, peut-être des pistolets, une vingtaine ou une trentaine de coups de feu. Quand je suis ressorti, une fille est arrivée elle était couverte de sang, elle disait 'ils ont tué mon fiancé' ».
Le témoignage d'une jeune fille bouleversée Hassan Ouattara, gérant de l'hôtel Le Wharf situé près de la plage, a accueilli des dizaines de personnes dans l'enceinte de son établissement afin de les protéger des tirs. « On a vu des assaillants arrivés par l’Etoile du Sud, ça a commencé là-bas. On en a vu trois, sûr, mais ils devaient être plus nombreux, raconte-t-il. Donc voilà, on a vu quelques gens habillés en civils avec des Kalachnikovs. Ils sont rentrés dans les différents hôtels et ils ont commencé à tirer sur les gens. Nous avons accueilli tout le monde, tous les réfugiés pour les cacher dans les chambres d’hôtels, poursuit le gérant. Tout le monde est venu ici, donc j’ai ouvert les salles de conférence, les chambres. Ils sont tous entrés dans les chambres et puis j’ai fermé les portes. Il y en a qui sont encore là. La ville est en train d’être sécurisée donc ils peuvent pas partir. »
► Une cellule d'urgence a été mise en place par les autorités ivoiriennes. Pour toute information contacter le 00 225 22 48 97 60. A Paris, joindre le 01 43 17 56 46.
A certains moments, j'ai vraiment cru que ma dernière heure était arrivée, à la façon que ça mitraillait, ça tirait partout...Les habitants de Grand-Bassam et ses touristes sous le choc
RFI