Emergence, forte croissance, augmentation du PIB, … sont devenus le leitmotiv de nos gouvernants actuels et de leurs soutiens. Ces derniers ont tendance à utiliser sans aucun discernement ces concepts déclinés par nos politiciens, ceux de la majorité, sous forme de slogans souvent creux. Ainsi assiste-t-on à l’essaimage de mouvements de femmes ou de jeunes pour l’émergence, de cadres pour la croissance et que sais-je encore. Ces initiatives relèvent, de notre point de vue, plus du folklore que d’une réelle appropriation de nouvelles politiques publiques en matière d’économie.
PIB et « pays biaisé »
Un biais est une distorsion de la réalité, au mieux une simplification outrancière, au pire une erreur systématique. En mettant le Produit Intérieur Brut au début et à la fin de toute analyse de notre économie, on favorise un biais quant à la perception de la réalité économique du pays en un instant T. En effet, le PIB est censé calculer pour un pays et une année donnés, la valeur totale de la production de richesses assurée par les agents économiques qui évoluent à l’intérieur de cette entité territoriale. Il s’agit notamment des ménages, du secteur public et des entreprises. Dans un pays structuré comme le nôtre, le rôle d’agents économiques que jouent les entreprises est primordial. Ainsi, le fait que les profits des sociétés étrangères présentes dans le pays soient comptabilisés dans le calcul du PIB alors que ces dernières ont tendance à transférer ces gains dans leurs pays d’origine contribue à biaiser toute conclusion tirée de ce calcul pour le Sénégal.
Croissance et croissance utile
La croissance considérée à partir de la progression de ce PIB, celle dont nos gouvernants actuels se prévalent à longueur de déclarations, est une croissance inutile en ce sens qu’elle est tirée par des entreprises étrangères dont les profits ne sont pas réinvestis dans l’économie locale. Dans ces conditions, les taux de croissance à deux chiffres que le Plan Sénégal Emergent s’est fixéss comme objectif ne suffiront pas à assurer aux Sénégalais une redistribution de richesses et un mieux être. Pour que la croissance soit utile, il faudrait donc qu’elle soit portée par un secteur privé national fort.
Cela passe par le développement d’un tissu industriel capable de produire des matériaux de qualité à des prix compétitifs pour que, par exemple, lorsqu’il y a un boom de l’immobilier, le matériel de construction soit non pas importé mais acheté par les promoteurs à des producteurs locaux. Ces échanges permettront alors d’avoir une économie qui tourne à plein régime. La nécessité d’une mécanisation de l’agriculture suit la même logique : produire ce que nous consommons afin de limiter les importations et de sortir de ce système économique extraverti que nous connaissons depuis que le colonisateur a décidé de substituer à l’agriculture vivrière, une agriculture commerciale. Des politiques industrielles, agricoles, commerciales ayant pour but exclusivement la réalisation des intérêts nationaux constituent le meilleur outil pour lutter contre le chômage (officiellement fixé à un taux de 13%) et trouver du travail aux sans emplois (différents donc des chômeurs car n’ayant jamais eu d’emplois et n’en cherchant pas dans les circuits dédiés mais qui constituent un vrai problème et qu’on préfère ignorer dans les documents officiels pour jouer sur les chiffres et embellir la réalité). Nous reviendrons sur cette problématique de l’emploi dans une prochaine publication.
Emergence et émergence
Nous avons suivi avec intérêt les échanges entre le Professeur Samir Amin et le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, lors de la 14e Assemblée générale du CODESRIA tenue, à Dakar, en juin dernier. M. Amin reprochait au Plan Sénégal Emergent, initié par le Président Macky Sall pour que le pays atteigne l’émergence en 2035, d’avoir été plus dicté dans sa conception par les institutions de Bretton Woods que par les réalités sénégalaises. Ce dont M. Dionne s’inscrivait en faux. A la suite de cet éminent économiste, membre fondateur du CODESRIA, nous invitons les autorités étatiques à faire la part des choses entre « Marchés émergents » et « Sociétés émergentes ». Le discours ambiant (et les quelques actes notés) ponctué de slogans volontaristes est plus orienté vers l’érection d’un marché émergent c'est-à-dire un marché à fort potentiel mais dont les possibilités offertes sont taillées sur mesure pour les capitaux étrangers. Cette politique d’ouverture du marché national aux quatre vents de la mondialisation, sans une mise en place, au préalable, de dispositifs permettant la compétitivité du secteur privé local, se déroule, suprême paradoxe, au moment où le Président Sall dénonce l’évasion fiscale et les transferts illicites de capitaux dont souffrent nos pays. Ces agissements se chiffrent à 60 milliards de dollars soit, comme l’a fait remarquer l’actuel chef de l’Etat lors du sommet de Malte sur les migrations, plus que l’aide publique au développement. Etant en phase avec lui sur le constat, nous aurions aimé qu’il ne se contentât pas de vaines dénonciations, qu’il sache qu’il a été porté à la tête de la Nation pour agir et qu’il agisse en posant des actes forts allant dans le sens de lutter contre ces transferts illicites de capitaux.
Cette remise de l’action de l’Etat au centre des enjeux économiques que d’autres ont appelé la mise en place d’un « Etat stratège » favorise la compétitivité nationale et fait le lit de la promotion de sociétés véritablement émergentes car travaillant à avoir leur destin en main et à rompre d’avec les inégalités.
PIB et « pays biaisé »
Un biais est une distorsion de la réalité, au mieux une simplification outrancière, au pire une erreur systématique. En mettant le Produit Intérieur Brut au début et à la fin de toute analyse de notre économie, on favorise un biais quant à la perception de la réalité économique du pays en un instant T. En effet, le PIB est censé calculer pour un pays et une année donnés, la valeur totale de la production de richesses assurée par les agents économiques qui évoluent à l’intérieur de cette entité territoriale. Il s’agit notamment des ménages, du secteur public et des entreprises. Dans un pays structuré comme le nôtre, le rôle d’agents économiques que jouent les entreprises est primordial. Ainsi, le fait que les profits des sociétés étrangères présentes dans le pays soient comptabilisés dans le calcul du PIB alors que ces dernières ont tendance à transférer ces gains dans leurs pays d’origine contribue à biaiser toute conclusion tirée de ce calcul pour le Sénégal.
Croissance et croissance utile
La croissance considérée à partir de la progression de ce PIB, celle dont nos gouvernants actuels se prévalent à longueur de déclarations, est une croissance inutile en ce sens qu’elle est tirée par des entreprises étrangères dont les profits ne sont pas réinvestis dans l’économie locale. Dans ces conditions, les taux de croissance à deux chiffres que le Plan Sénégal Emergent s’est fixéss comme objectif ne suffiront pas à assurer aux Sénégalais une redistribution de richesses et un mieux être. Pour que la croissance soit utile, il faudrait donc qu’elle soit portée par un secteur privé national fort.
Cela passe par le développement d’un tissu industriel capable de produire des matériaux de qualité à des prix compétitifs pour que, par exemple, lorsqu’il y a un boom de l’immobilier, le matériel de construction soit non pas importé mais acheté par les promoteurs à des producteurs locaux. Ces échanges permettront alors d’avoir une économie qui tourne à plein régime. La nécessité d’une mécanisation de l’agriculture suit la même logique : produire ce que nous consommons afin de limiter les importations et de sortir de ce système économique extraverti que nous connaissons depuis que le colonisateur a décidé de substituer à l’agriculture vivrière, une agriculture commerciale. Des politiques industrielles, agricoles, commerciales ayant pour but exclusivement la réalisation des intérêts nationaux constituent le meilleur outil pour lutter contre le chômage (officiellement fixé à un taux de 13%) et trouver du travail aux sans emplois (différents donc des chômeurs car n’ayant jamais eu d’emplois et n’en cherchant pas dans les circuits dédiés mais qui constituent un vrai problème et qu’on préfère ignorer dans les documents officiels pour jouer sur les chiffres et embellir la réalité). Nous reviendrons sur cette problématique de l’emploi dans une prochaine publication.
Emergence et émergence
Nous avons suivi avec intérêt les échanges entre le Professeur Samir Amin et le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, lors de la 14e Assemblée générale du CODESRIA tenue, à Dakar, en juin dernier. M. Amin reprochait au Plan Sénégal Emergent, initié par le Président Macky Sall pour que le pays atteigne l’émergence en 2035, d’avoir été plus dicté dans sa conception par les institutions de Bretton Woods que par les réalités sénégalaises. Ce dont M. Dionne s’inscrivait en faux. A la suite de cet éminent économiste, membre fondateur du CODESRIA, nous invitons les autorités étatiques à faire la part des choses entre « Marchés émergents » et « Sociétés émergentes ». Le discours ambiant (et les quelques actes notés) ponctué de slogans volontaristes est plus orienté vers l’érection d’un marché émergent c'est-à-dire un marché à fort potentiel mais dont les possibilités offertes sont taillées sur mesure pour les capitaux étrangers. Cette politique d’ouverture du marché national aux quatre vents de la mondialisation, sans une mise en place, au préalable, de dispositifs permettant la compétitivité du secteur privé local, se déroule, suprême paradoxe, au moment où le Président Sall dénonce l’évasion fiscale et les transferts illicites de capitaux dont souffrent nos pays. Ces agissements se chiffrent à 60 milliards de dollars soit, comme l’a fait remarquer l’actuel chef de l’Etat lors du sommet de Malte sur les migrations, plus que l’aide publique au développement. Etant en phase avec lui sur le constat, nous aurions aimé qu’il ne se contentât pas de vaines dénonciations, qu’il sache qu’il a été porté à la tête de la Nation pour agir et qu’il agisse en posant des actes forts allant dans le sens de lutter contre ces transferts illicites de capitaux.
Cette remise de l’action de l’Etat au centre des enjeux économiques que d’autres ont appelé la mise en place d’un « Etat stratège » favorise la compétitivité nationale et fait le lit de la promotion de sociétés véritablement émergentes car travaillant à avoir leur destin en main et à rompre d’avec les inégalités.
DAKARACTU