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Mamou Diaby, 32 ans, vendeur de café au moment des faits en 2009, a été jugé hier par la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Il est poursuivi pour le crime de meurtre avec actes de barbarie et de torture. Cette affaire effroyable avait fait la «Une» de plusieurs journaux en 2009. C’était la barbarie dans sa plus sauvage expression. Il s’agit du voleur ou violeur, selon ses fluctuantes versions, qui avait surpris Maïmouna Dione, 62 ans, l’avait égorgée, dépecée, charcutée et démembrée. La victime a été surprise dans son sommeil à Pikine Guinaw-Rail. Tentant de soustraire quelques biens ou d’abuser de la dame, Mamou Diaby avait mis le corps découpé de la victime dans deux bassines qu’il a essayé d’enterrer dans différents trous.
Cette atrocité a eu lieu en 2009 à Pikine Guinaw-Rail, en plein mois de Ramadan. Ce 29 août, alors que les fidèles musulmans s’apprêtaient, à l’aube, à prendre le «kheude», en prévision de la journée de jeûne, les voisins de Maïmouna Dione ne voient pas s’ouvrir la porte de leur voisine. Ils ne s’en émeuvent pas outre mesure. En fait, la dame s’absentait des jours durant. Durant la journée du 30 août, le fils de la défunte, Mansour Diouf, vient rendre visite à sa mère. Il ne verra pas sa génitrice, la porte de sa chambre étant verrouillée. Lui aussi trouvait cela normal. Le lendemain, Mansour revient. Cette fois, une odeur nauséabonde se dégageait de la chambre. Ce qui ne rassurait nullement Mansour Diouf. Alors, il décide de défoncer la porte. Mansour faillit s’évanouir. Le spectacle était d’une atrocité ineffable. Une oreille avec un boucle par-ci, un doigt par-là, un orteil là-bas et de la chair ailleurs. Dans une bassine, une tête, des jambes, des cuisses et bras dépecés. Les autres restes de la victime dans une autre bassine.
Dans ce décor macabre et cette odeur pestilentielle, du fait de l’état de décomposition des restes de Maïmouna Dione, Mamou Diaby, assis. La porte ouverte, il s’est levé et a tenté de sortir de la maison. Les voisins, ameutés, ont été avisés de l’atrocité qui a eu lieu sous leur nez. La foule tente de retenir Mamou Diaby qui, armé de deux longs couteaux, essaie de s’extirper de la masse humaine. Il sera sauvé par un policier qui était dans les parages et conduit manu militari au commissariat de Pikine. Sensible, le dossier a été finalement confié à la Division des investigations criminelles. Durant l’enquête préliminaire, Mamou Diaby sert des propos incohérents, poussant le juge d’instruction à requérir les services d’un psychiatre qui conclut que l’accusé était maître de toutes ses facultés mentales. Néanmoins, valsera d’une version à une autre. Dans un premier temps, il explique être à la recherche d’une chambre à louer. Voyant la femme toute seule, il s’est dit pouvoir perpétrer un vol dans la concession, sans problème. A son arrivée, il trouve la dame en train de dormir. Mais, quand il s’apprêtait à ressortir, la dame sursaute et tente d’alerter le voisinage par des cris. C’est là qu’il dit l’avoir plaquée avant de l’égorger. Pour camoufler son acte, il décide de la dépecer et de la découper pour donner l’impression d’une viande d’animal. Dans une autre version, il change le vol en viol.
Sourire aux lèvres, Mamou Diaby ne semblait pas savoir que sa vie se jouait devant le juge Magatte Diop et sa Chambre. Il n’arrêtait pas de rire. Et cette fois, sa version a été logique devant la barre de la Chambre criminelle. Il a rappelé que le jour des faits, il s’était rendu chez la dame pour lui réclamer la somme de 2 000 FCfa qu’elle lui devait. Seulement, la victime n’a pas voulu honorer son engagement. Et une bagarre s’en suivit, au cours de laquelle, Maïmouna Dione est morte. Poursuivant, il dit avoir perdu le sommeil, deux mois durant et a beaucoup levé le coude. Sur les actes de barbarie et de torture, il dit avoir tout oublié.
Le procureur de la République a requis les travaux forcés à perpétuité et demandé à la Chambre de ne lui octroyer aucune circonstance atténuante, le médecin psychiatre requis ayant dit qu’il ne souffrait pas de démence, au moment des faits. Contrairement à l’avocat de la défense qui a convoqué l’article 50 du Code pénal, parlant de démence à la commission des faits. Pour le maître des poursuites, l’accusé ne mérite aucune clémence, puisque dangereux pour la société. Le jeune avocat, Me Sayba Danfakha, lui, a attaqué le rapport de l’expert, notant plusieurs contradictions sur l’état de santé mentale de son client. Il en veut pour preuve les contradictions de l’accusé durant toutes les étapes de la procédure. Pour Me Danfakha, la Chambre devrait soumettre l’accusé à une obligation de soin. Il ne put sauver son client qui a été reconnu coupable de meurtre, avec actes de barbarie et torture. Il a été condamné aux travaux forcés à perpétuité.
LOBSERVATEUR