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L’interruption de grossesse, origine du clash. Il aurait épousé sa cousine, choisie par sa famille, pour qu’elle soit la mère de ses enfants, Abdoulaye Camara n’aurait peut-être jamais connu les affres de la détention. S’il avait suivi la voie tracée par ses proches, il aurait probablement ignoré ce qu’est la vie carcérale. Seulement, l’homme s’est laissé galvaniser par les vagues de l’amour, au point de choisir la belle de nuit, Amy Collé Diouf, comme l’élue de son cœur. Pour cette femme qui portait son enfant, le vulgarisateur aurait décroché la lune. Il dit avoir tout fait pour l’extirper de la vie de débauche qu’elle menait et faire d’elle une femme respectée et respectable. Une femme à un homme. Sa femme ! Camara qui vivait en concubinage avec sa dulcinée, dit lui avoir demandé d’arrêter son travail de nuit, de retourner chez elle, en lui promettant le mariage. Mais, la vieille habitude, aussi somnolente qu’elle puisse être, se réveille une nuit ou l’autre. Ce qui adviendra. Amy Colle Diouf a, dit-il, mis tous leurs projets à l’eau, lorsqu’elle a contracté une grossesse. Ce qui était une action de grâce pour Camara ne l’était pas pour Amy. Sans le consentement de son conjoint, «elle a mis un terme à sa grossesse». Une décision qui installe un violent différend entre les deux tourtereaux. La rupture est consommée, la guerre déclenchée. Ils se sont épiés, toisés en chiens de faïence, se lançant des regards assassins, jusqu’au jour où le couple franchit le Rubicond, suite à une dispute suivie de bagarre. Poignardée au cou, Amy succombe de ses blessures et son désormais ex-chéri est jeté en prison. Hier lundi, il a répondu du meurtre qui lui est reproché. 34 ans au moment des faits, le mis en cause, 6 ans après, écope de 20 ans de travaux forcés.
Il accuse la fille de l’avoir d’abord poignardé. Ce drame marque au fer rouge la vie du bonhomme qui, dès l’enfance, a quitté ses parents pour vivre sous la coupole de son homonyme. Et le 18 mars 2010, à 22H54, les éléments du commissariat de Guédiawaye sont informés qu’un individu, retenu par la foule, venait de poignarder une dame à l’auberge «Chez Léon» à la Cité AliouSow de Golf Océan. Les limiers s’y déportent et mettent Abdoulaye Camara aux arrêts. Dans sa déclaration, il a rappelé sa relation avec la défunte. «J’étais tranquillement en train de consommer ma boisson à l’auberge, lorsqu’elle m’y a trouvé. Me voyant, elle a voulu sortir le couteau de sa pochette, j’ai pris le couteau de table et lui en ai asséné un coup.» Devant le juge d’instruction, il a explicité sa déclaration. Il confie : «Je lui ai donné le coup sans réfléchir. Elle avait l’habitude d’avoir un couteau dans sa pochette et quand elle a manœuvré pour s’en emparer, j’ai eu un instinct de survie.» A la barre, l’accusé change légèrement de version,apprenant que la fille l’avait poignardé au dos. «Je me suis emparé du couteau pour le lui planter au cou. Si mon ex a eu cette réaction, c’est par pure jalousie, car j’étais accompagné.»
Excuse de provocation ? Mais, madame le procureur a su relever les variations de ses déclarations. Deux couteaux ont, rappelle la représentante du ministère public, été retrouvés et placés sous scellés. Des déclarations des témoins, elle retient : «Le témoin El Hadj Ndiaye dit qu’Abdoulaye Camara était venu seul dans l’auberge et qu’ils ont même eu à converser. Peu après, Amy Collé Diouf est venue. Le témoin dit avoir entendu la victime le sommer de la laisser tranquille, qu’elle n’était pas sur les lieux pour lui et qu’elle était avec une autre personne. Le témoin a aussi déclaré qu’une altercation a éclaté entre les deux ex-concubins et que Camara s’était calmé après son intervention. Mais, plus tard, la dame a couru vers lui, lui dire que Camara l’avait poignardée.» La parquetière, dans son réquisitoire, relève toutes les contradictions des déclarations de l’accusé. Le certificat médical qui parle de plaie cutanée profonde avec section de la zone pulmonaire, montre, d’après le Procureur, que le coup était violent, avec une intention de donner la mort.
Me MalickMbaye : «Messieurs Mendy et Ndiaye qui ont témoigné ne sont pas là aujourd’hui pour confirmer leurs propos. Au moment où le coup de couteau a été donné, les témoins n’étaient pas présents. Mendy dit que c’est en descendant les escaliers qu’il a croisé la dame qui se tenait la gorge ensanglantée.» Mes Mbaye et Mbengue ont plaidé l’excuse de provocation, demandant que soit retenu le coup mortel. Finalement, c’est le crime de meurtre qui a été maintenu. Leur client devra passer 14 autres années en prison.
LOBSERVATEUR