Les paroles de Jacques Lambert, le président du comité d'organisation de l’EURO 2016, sont très claires : « Poser la question de l'annulation de l'EURO, c'est faire la part belle aux terroristes ». Mais la question ne peut pas se poser en ces termes. Il ne s’agit pas de faire la part belle ou non aux terroristes mais d’assurer la sécurité dans notre pays. Si un nouvel attentat se produit pendant le tournoi, les propos de Lambert résonneront alors comme un véritable échec et un manque criant de clairvoyance. Sa conclusion est encore plus étonnante : « La sécurité dans les stades fonctionne bien, le risque est plus dans la rue, lors des rassemblements spontanés ».
Mais un évènement d’une telle ampleur est fait de rassemblements spontanés, de ferveur populaire dans des bars et restaurants autour des stades, de communion. Alors, comment un responsable d’une compétition aussi importante peut-il tenir de tels propos ? Encore plus après les révélations de ces dernières heures et le fait qu’un drame de grande ampleur ait été évité à Saint-Denis vendredi soir. Sans billet, deux kamikazes ont été refoulés par les stadiers, alors que le match France – Allemagne avait déjà commencé. Dotés d’une ceinture explosive, ils se sont ensuite faits sauter près des portes D et J du Stade de France. Un troisième terroriste a, lui, activé son dispositif à la mi-temps, près du McDonald’s de la Plaine Saint-Denis. Bilan : quatre morts, dont les trois kamikazes, 15 blessés graves et 31 blessés légers. Imaginez les conséquences encore plus dramatiques si l’attentat avait eu lieu quelques minutes avant le coup d’envoi au moment où les spectateurs faisaient la queue par milliers aux abords de l’enceinte, ou si les terroristes avaient pu pénétrer dans le stade.
Et puis, un autre problème se pose, ces fameuses fan-zones installées dans toutes les villes accueillant l’évènement. Comment accueillir des millions de personnes souhaitant participer à la fête dans des espaces réservés aux supporters avec écrans géants et animations tout en assurant leur sécurité ? Une équation insoluble.
Enfin, subsiste la question des hooligans, si difficile à maitriser dans ce brassage multi-ethnique avec des centaines de milliers de personnes venant d’un peu partout en Europe…
A sept mois de l’EURO, avec un match inaugural (le 10 juin) et une finale (le 10 juillet) qui doivent avoir lieu au Stade de France, l’Etat doit annuler le tournoi en France. Paris, Saint-Denis, Lens, Lille, Saint-Etienne, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Nice, autant de cibles à atteindre et de risques pris pour un évènement sportif. Rien ne saurait justifier la perte d’innocents.
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