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Chronique: Faits et commentaires Par Jean Meissa DIOP


Lundi 9 Novembre 2015

Tout Sénégalais informé un tant soit peu de l'action de Diack au service du sport mondial doit être peiné de ce qui arrive à ce dernier. Mais de là à soutenir que Diack est innocent, il est plus prudent d'en avoir les preuves


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Annoncer que Lamine Diack est mis en examen par la justice française pour, entre autres délits, "corruption passive", est une information ; clamer que le même Diack est "innocent" et "victime d'un complot occidental" est un commentaire tant que les preuves pour soutenir la conjuration anti-Diack ne sont pas en possession du commentateur. Et entre l'une et l'autre, des journalistes sénégalais ont choisi de défendre, flamberge au vent, leur compatriote qu'ils soutiennent être victime d'une cabale ourdie par ceux-là à qui les performances d'un Africain et Nègre à la tête de l'athlétisme mondial donnerait de l'urticaire.

Tout Sénégalais informé un tant soit peu de l'action de Diack au service du sport mondial doit être peiné de ce qui arrive à ce dernier. Mais de là à soutenir que Diack est innocent, il est plus prudent d'en avoir les preuves. C'est dans des faits comme celui-là, et aussi dans les informations qu'il traite chaque jour de sa carrière que le journaliste doit adopter cette inusable précaution professionnelle.

Ainsi, dans l'affaire Lamine Diack, le président de l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (en anglais International Association of Athletic Federations), des journalistes sénégalais (et pas seulement eux) ont choisi leur camp en défendant le Sénégalais accusé de "corruption passive", de "blanchiment d'argent "... Ils sont nombreux les Sénégalais à croire en l'innocence de Diack, à crier au complot, à... à... C'est leur droit, c'est légitime ; et c'est tant mieux.

Mais un journaliste ne devrait défendre Diack ou l'accabler que quand il détiendrait les preuves pour l'une et l'autre attitude. Le jour de la tombée de l'information annonçant que le président sénégalais de l'Iaaf a maille à partir avec la justice française, un journaliste sur sa page Facebook suspectait la presse sénégalaise d'avoir fait le blackout (sic) sur le fait. Lui aussi, semble avoir choisi son camp qui n'est pas pro-Diack.

Dans ce contexte, l'attitude du journaliste doit être ce que le directeur de publication du quotidien sportif Jour de Sport, Tidiane Kassé, a souligné, hier, dans la rubrique "Critique médias" de Rfm : la précaution professionnelle, le respect de la présomption d'innocence...

Certes le commentaire est libre, mais sa tonalité et son orientation ne sauraient être un prétexte pour une distorsion des faits (qui sont sacrés, absolument sacrés) ou la déformation de ces derniers. Défendre Lamine Diack est plus crédible quand ce combat se fait avec une intelligence dans l'expression du parti pris. C'est là un des services qu'un journalisme de parti pris peut rendre au président Diack. 

Et toujours sur ce même réseau social, la lecture d'un post d'un facebooker nous sommant de dire notre "inexpertise" suite à la parution du livre du journaliste Alioune Fall : "Macky Sall : Contre vents et marées". Il nous somme aussi de nous prononcer sur les initiatives respectives de Latif Coulibaly, d'Abdoul Aziz Diop et Alioune Fall, auteurs, chacun, d'un livre sur le président Sall.

C'est leur droit, à eux auteurs, d'écrire sur l'action de leur compagnon politique ; tout comme c'est leur droit, à eux lecteurs (de l'intégralité des livres ou de "bonnes feuilles" (extraits) ou les comptes-rendus de la presse) d'être hostiles aux écrits de Coulibaly, Diop et Fall ; mais en quoi devrions-nous être interpellé parce que auteur d'une chronique qui parle de médias, de pratiques journalistiques... ? Oui, et ça insinue que les auteurs seraient trop redoutables pour faire l'objet (ne serait que d'une allusion) dans cette chronique ! 

En quoi les points de vue et arguments exprimés dans ces ouvrages représentent-ils des entorses à la pratique et à l'éthique journalistiques pour que nous soyons sommé de nous prononcer là-dessus ? Pourquoi le fait que des journalistes travaillent aux côtés d'un président de la République et défendent ce dernier dans des livres doit-il être perçu comme un faute professionnelle ? Questions ! C'est là un amalgame objectif ; et y répondre serait déjà lui conférer la crédibilité que recherche son auteur. Mais, votre serviteur ne voudrait pas la lui donner. Surtout pas.

SENEPLUS


Abdoul Aziz Diop