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Christiane Taubira reste sous pression dans l'affaire des écoutes


Jeudi 13 Mars 2014

PARIS (Reuters) - François Hollande reçoit ce jeudi la ministre de la Justice Christiane Taubira, qui reste sous pression après ses explications alambiquées sur les écoutes de Nicolas Sarkozy mais dit n'avoir aucun sentiment de lâchage par le gouvernement.
La garde des Sceaux, qui disait ne pas avoir d'informations sur le contenu de la procédure visant l'ancien chef de l'Etat, a brandi imprudemment mercredi lors d'une conférence de presse des documents prouvant selon elle sa bonne foi qui ont été photographiés et publiés par Le Monde.
Or, ces courriers montrent que le procureur national financier et le parquet général donnent bien la substance des écoutes, même s'il n'y a pas d'extraits, ni la date à laquelle elles ont été décidées.
Considérant que Christiane Taubira a menti une nouvelle fois mercredi, le président de l'UMP, Jean-François Copé, a redit que la démission de la ministre de la Justice était inéluctable.
"A partir de combien de mensonges doit-on considérer que Taubira ne peut plus exercer sereinement ses fonctions?", a-t-il dit sur RTL, jugeant que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avaient également menti.
Jean-François Copé a laissé entendre que l'exécutif avait laissé circuler dans la presse les informations selon lesquelles Nicolas Sarkozy faisait l'objet d'une enquête judiciaire pour conflit d'intérêt et violation du secret de l'instruction.
Dans une interview au Monde.fr, Christiane Taubira répète qu'elle n'entend pas démissionner et qu'elle ne connaissait pas le contenu des interceptions, qui se bornent, selon elle, à expliquer les motifs pour lesquels une information est ouverte.
"A quoi cela m'avance-t-il de savoir que Nicolas Sarkozy se fait appeler Paul Bismuth? Cela donne de quoi apprécier l'opportunité de l'écoute?" demande-t-elle.
MANQUE DE COORDINATION
Ironisant sur les accusations d'espionnage politique portées par la droite, la garde des Sceaux ajoute: " j'ai beau être une sorcière d'Amazonie, il y a des limites à mon pouvoir."
Christiane Taubira estime avoir le soutien de Jean-Marc Ayrault, qui avait semblé la démentir mardi soir en convenant que l'exécutif avait été informé des écoutes de Nicolas Sarkozy à partir du 26 février, alors qu'elle même avait dit l'avoir appris par la presse.
"Le Premier ministre ne me dément pas. Il dément ce que hurle la droite. Je n'ai aucun sentiment de lâchage", dit-elle, tout en déplorant un manque de coordination au sein de l'exécutif.
"Nous n'en serions pas là si nous avions calé quelque chose. Certains récitent des éléments de langage. Pour ma part, je réponds aux questions, à mon détriment d'ailleurs", dit-elle.
Des dirigeants socialistes ont concédé tout au plus jeudi matin une "maladresse" de la part de la garde des Sceaux.
"Elle voulait dire qu'elle n'avait rien demandé, qu'elle n'avait pas instrumentalisé la justice", a plaidé le président du groupe PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux, sur BFMTV.
"Il n'y a pas d'affaire Taubira, c'est tout au plus une maladresse", a repris en écho la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu sur France Info.
Bruno Le Roux est également venu à la rescousse de Manuel Valls, qui maintient avoir appris l'affaire par la presse au grand étonnement d'ex-responsables policiers ou d'anciens ministres de l'Intérieur.
"Je n'ai aucune raison de ne pas croire Manuel Valls", a-t-il dit, jugeant ce fait "normal et rassurant".
Le ministre du Travail, Michel Sapin, s'en est pris à Nicolas Sarkozy, en lequel il voit un "pervers". "Ce n'est pas parce que Nicolas Sarkozy adorait avoir toutes les écoutes possibles sur son bureau que tous les ministres de l'Intérieur (sont) aussi pervers que lui", a-t-il dit sur Europe 1.



Adama Cisse