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En fait, Moscou reproche à cette instance de ne pas être «véritablement indépendante » et de ne pas avoir été à la hauteur des espoirs suscités. Et pour ne rien arranger, selon certains experts, le Kenya, la Namibie et l'Ouganda, grands détracteurs de la CPI, pourraient suivre dans un «effet domino», alors que le Soudan a lancé fin octobre un appel à tous les pays africains à quitter la CPI. Une situation qui n’a pas laissé insensible Sidiki Kaba, ministre sénégalais de la Justice et président l’Assemblée des Etats Parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI). «Je leur lance un message solennel: ne partez pas!», a-t-il déclaré à l'ouverture de la quinzième Assemblée des Etats parties au statut de Rome à La Haye. «Je voudrais leur dire qu'ils ont été entendus ». Selon lui, le «puissant sentiment d'injustice» de ceux qui accusent la Cour de persécution envers les Africains «a pris les contours d'une crise qu'il faut vite circonscrire depuis le retrait de trois Etats», a souligné M. Kaba, évoquant des «critiques légitimes».
Dans son discours à peine quelques heures avant l'annonce de la Russie, M. Kaba a dénoncé une «justice à géométrie variable» alors que la Russie a bloqué devant le Conseil de sécurité de l'ONU plusieurs tentatives pour référer la situation en Syrie à la CPI. «Le droit de veto ne doit pas être un privilège, il doit être une lourde responsabilité, il doit être encadré quand il y a des crimes de masse», a souligné M. Kaba qui s'est opposé à la politique du «deux poids, deux mesures». «La CPI elle-même est victime de cette situation», a-t-il ajouté estimant, en outre : «Dans un monde traversé par l'extrémisme violent et confronté à une menace aux contours diffus et dangereux, il est plus que nécessaire de définir une justice pour tous pour que nous puissions vivre dans la liberté et la paix». Même s’il pense que «la Cour traverse un sale temps», Me Kaba dit encore croire «aux vertus d'un dialogue constructif au sein de cette assemblée».