COUR D'ASSISES: Un jardinier condamné à 10 ans de travaux forcés pour incendie volontaire
Mercredi 27 Novembre 2013
La Cour d’assises de Ziguinchor (Sud) a condamné, mercredi, l'accusé Mamadou Diallo à 10 ans de travaux forcés pour incendie volontaire de lieu servant d’habitation, a constaté l’APS.
Diallo devra également payer 108,7 millions de francs CFA à la partie civile au titre de réparation des préjudices subis après l’incendie de leurs domicile.
Mamadou Dallo, âgé de 40 ans, est détenu provisoirement depuis le 8 décembre 2010 à la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Ziguinchor.
Les faits remontent à la nuit du 28 au 29 novembre à Kafountine, dans le département de Bignona.
Mamadou Diallo, jardinier de son état, non content d’avoir été licencié par son employeur, a jugé nécessaire de se venger, en mettant le feu à six domiciles appartenant à des Européens établis dans la station touristique.
Par son geste, il a voulu ainsi s’insurger contre ''l’arrogance des Européens'' qui, selon lui, ''n’ont aucun respect pour leurs employés locaux''.
A la barre de la Cour d’assises, le jardinier natif d’Adéane, dans la communauté rurale de Niaguis, a reconnu être l’auteur de l’incendie des six maisons des Européens.
Il a soutenu que son geste ne signifie pas une action contre son patron d’origine française François Xavier Louis Genin, relevant que c’était ''tout juste pour dénoncer les conditions de travail des employés locaux''.
‘’J’ai dormi après avoir pris quelques verres de Whisky. J’étais ivre. J’ai été réveillé par un sursaut’’ a-t-il dit pour raconter le déroulement des faits.
Il a précisé qu’il savait bel et bien que son employeur européen était présent quand il a mis le feu à la case en paille qui se trouvait sur la terrasse de son domicile.
Mamadou Diallo a déclaré à la cour qu’il savait en son âme et conscience que les flammes n’allaient pas atteindre son patron qui avait l’habitude de passer la nuit au premier niveau.
Avant de commettre son acte, il avait d’abord pris le soin de mettre à l’abri le chien qu'il était chargé d’entretenir.
Après avoir incendié les six concessions, le jardinier a déclaré qu’il s’est réfugié en Gambie où réside son épouse.
C'est pendant la nuit, a-t-il dit, qu’il s’est confié à sa belle famille pour l'informer de son crime commis à Kafountine.
‘’J’ai alors pris la décision de me constituer prisonnier à la Brigade de gendarmerie de Diouloulou pour que des innocents ne soient pas arrêtés à Kafountine’’, a-t-il dit.
Il a précisé que c’est en Gambie qu’il s’est rendu compte de la gravité de son acte qu'il regrette beaucoup.
Me Ibrahima Sarr, au nom de la partie civile, a déclaré que c’est ‘’un crime à connotation raciste’’ que Mamadou Diallo a commis en visant les Européens établis à Kafountine.
Parlant des Européens, l’avocat estime qu’ils ont été victimes de la ‘’folie incendiaire’’ du jardinier.
‘’On a en face de nous une paranoïa qui est animée d’une certaine haine envers les Européens. Il s’est comporté comme un justicier estimant que les Européens profitaient de leur situation favorables pour exploiter les autochtones’’, a renchéri l’avocat général Djibril Bâ.
Il a requis 20 ans de travaux forcés, affirmant que les faits sont d’une clarté limpide.
Dans sa plaidoirie, l’avocat de la défense a insisté sur la précarité dans laquelle vivait son client qui avait arrêté ses études en classe de CM2.
Cependant, a renseigné Me Terrence Senghor, Mamadou Diallo n’a pas pour autant baissé les bras, puisqu’il s’est inscrit dans une école d’horticulture où il a obtenu un diplôme.
''Son diplôme en poche, il n’avait pas pu trouver un emploi jusqu’au jour où il a rencontré le ressortissant français par l’intermédiaire de son ami'', a dit l’avocat.
‘’Il venait de vivre 11 mois de salaire. La crainte de perdre cette source revenu l’a poussé à la révolte. C’est un jeune sénégalais frappé par le désespoir. (…) C’est un être qui rêvait d’une justice sociale et d’une vie meilleure qu'il n’a jamais eue’’, a-t-il lancé au président de la cour.
L’avocat a demandé à la cour de lui accorder des circonstances atténuantes et de lui appliquer une peine juste sur le réel préjudice subi par la partie civile.
Mamadou Diallo a finalement été condamné à 10 ans de travaux forcés. Il devra aussi payer 108,7 millions de francs CFA à la partie civile au titre de réparation des dommages subis.
APS