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2002-2018. Au lendemain de la Coupe du monde 2002, qui a vu le Sénégal atteindre les quarts de finale (éliminé par la Turquie, 1-0), peu d’observateurs auraient parié sur un retour des Lions au Mondial seulement 16 ans plus tard. A l’époque, le talent, le vivier et l’impression laissés par la bande à El Hadji Diouf présageaient plutôt un règne en Afrique, sinon une présence plus régulière sur la grande scène internationale. Il n’en fut rien. Le Sénégal va rater trois campagnes de qualifications et trois Coupes du monde (2006, 2010, et 2014), victime en premier lieu du non renouvellement de sa génération 2002 et des mauvais castings de sa Fédération dans le choix des sélectionneurs.
Neuf sélectionneurs en treize ans
Après le Mondial nippo-coréen, les fédéraux sénégalais n’ont pas su mettre la main sur un sélectionneur de la trempe de Bruno Metsu qui avait qualifié le pays pour sa première Coupe du monde. Entre le départ du Français en juin 2002 et l’arrivée d’Aliou Cissé en mars 2015, neuf sélectionneurs se sont succédé sur le banc des Lions. Chacun de ces derniers a eu en moyenne 16 mois pour construire un groupe performant. Ni les sorciers blancs (Guy Stephan, Henri Kasperczack, Alain Giresse), ni les experts locaux (Amara Traoré, Lamine Ndiaye, Joseph Koto) n’ont su trouver la bonne formule pour renvoyer les Lions au Mondial.
Pour Khalilou Fadiga, membre de la génération 2002, le problème de la longue absence du Sénégal tient au fait qu’il n’y « a jamais eu depuis 2002, un bon sélectionneur en même temps qu’une bonne équipe ». Car l’autre souci a été de trouver la bonne relève pour prendre le relais des Ferdinand Coly, Papa Bouba Diop et autres Salif Diao. Après le « vieillissement » ou la retraite de ces derniers, peu de talents ont eu les épaules ou le vécu international pour assumer l’héritage. Par exemple : Mamadou Niang et Souleymane Diawara, tauliers à l’Olympique de Marseille pendant quelques saisons, n’ont jamais pu porter l’équipe nationale.
Aujourd’hui, les choses ont évolué. Sadio Mané (Liverpool), Keïta Baldé (Monaco), Kalidou Koulibaly (Naples), ou encore Kara Mbodji (Anderlecht) disputent la Ligue des champions européenne. D’autres comme Idrissa Gueye (Everton) ou Pape Alioune Ndiaye (Galatasaray) se frottent également au haut niveau, tandis que les espoirs comme Ismaïla Sarr (Rennes) et Youssouf Sabaly sont déjà prêts.
Cissé, l’homme de la situation
La qualification du Sénégal pour la Coupe du monde reste fortement associée au nom de son sélectionneur Aliou Cissé, autant pour le travail que pour le symbole qu’il représente, puisqu’il était le capitaine de l’équipe de 2002. « Dès que son nom a été évoqué, il y a quelques années, j’ai dit aux fédéraux et aux journalistes, que c’était la personne idéale, confie Omar Daf, aujourd’hui un des adjoints de Cissé. C’est un passionné, qui connaît le pays, le foot sénégalais ».
Aliou Cissé, le quasi néophyte (seulement adjoint de l’équipe espoir du Sénégal avant d’être nommé sélectionneur) a fait mieux que ses prédécesseurs et présente un bilan presque parfait en matches officiels (19 rencontres, 14 victoires et 5 matches nuls). Son secret ? « Nous n’avons jamais douté de la qualité des joueurs et du staff, explique Omar Daf. Ce staff qui est là pour son amour du pays et par pour gagner de l’argent ».
Pour Khalilou Fadiga, l’expérience de Cissé, autant que son caractère, a permis aux Lions de décrocher qualification. « Aliou Cissé est un Lion. Quelqu’un qui ne lâche pas le morceau. Et en 2018, il ne viendra pas au Mondial juste pour participer. Son équipe donnera tout. » Comme la génération 2002 ? « Chaque génération doit écrire son histoire », estime Daf. Le rendez-vous est pris pour juin 2018.
Ndiasse SAMBE (rfi.fr)