Politique

COUD - Gestion ethnique et régionaliste des Dg : C’est la rotation des communautés au campus social


Lundi 4 Juin 2012

Gommer des registres tous les agents recrutés par son prédécesseur pour placer ses hommes. Ce fait est devenu presque banal dans la gestion des entreprises publiques au Sénégal. Mais quand il s’agit de la direction du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), les choses prennent une nouvelle tournure. Ici, c’est du vrai tribalisme ou de l’ethnicisme qui se pratique à travers une gouvernance qui est tout sauf démocratique.
Derrière les pavillons N, H et K, des femmes et des jeunes filles âgées entre 25 et 40 ans environ. Certaines se sont courbées devant des bassines d’eau mousseuse avec du linge. D’autres tenant solidement debout, font face à une table, le fer à repasser à la main. Célibataires ou mariées ayant leurs enfants à côté, ces dames et filles monnaient leurs services aux étudiants. Elles sont des blanchisseuses bon marché pour le monde es tudiantin qui manque de moyens.
Pourtant, il y a juste quelques années, ce phénomène était in con nu à l’université, ou du moins n’avait pas cette même ampleur. Etant pratiquement toutes de l’ethnie sérère, leur arrivée coïncide avec l’avènement de Sitor Ndour à la tête du Coud.
En réalité, ce qui semble anonyme de prime abord pose un problème plus global. Celui de l’arrivée massive des membres de la communauté ethnique du directeur du Coud, à chaque fois que cette institution change de dirigeant. Le sit-in de jeudi dernier des travailleurs de la boîte dont les contrats ont été résiliés par le nouveau directeur n’est que la partie visible de l’iceberg.

DES «BOUTIQUIERS» DE SADA NDIAYE AUX «BLANCHISSEUSES» DE SITOR NDOUR
En effet, chaque nouveau directeur qui arrive débarque avec dans ses valises des personnes originaires de sa région et de son ethnie. C’est ce qui explique d’ailleurs que les boutiquiers soient essentiellement des peuls ou toucouleurs. Parce qu’ils ont investi le secteur depuis l’époque où Sada Ndiaye était aux commandes du Coud. Aujourd’hui, le secteur du commerce est devenu leur chasse gardée.
Au départ de Sada Ndiaye, Iba Guèye est venu avec dans sa besace des vendeurs de café Touba. Les étudiants gardent encore en mémoire le défilé interminable des baol-baol vendeurs de café Touba qui, cuve à la main, faisaient le tour du campus pour vendre leur produit. Il a fallu que M. Guèye soit débarqué pour qu’ils disparaissent de la circulation. La vente de café Touba continue certes, son cours, mais le nombre des vendeurs s’est drastiquement réduit et les rescapés se sont aujourd’hui sédentarisés.
Curieusement, à peine les marchands ambulants de café-Touba sont partis qu’une nouvelle ère s’est ouverte : celle des blanchisseuses, facilement reconnaissables de par leur wolof accentué d’un ton sérère. Mais pour remarquer leur présence, il a fallu que Sitor Ndour, l’enfant du Sine soit promu directeur du Coud.
Par ailleurs, ce phénomène est plus visible chez le personnel de sécurité, les techniciens de surface, et à la restauration. Pour tous ces différents services, les agents se succèdent en fonction du directeur. Chaque nouveau venu recrute ses parents et militants pour dégommer ensuite, ceux de son prédécesseur.
Aujourd’hui Abdoulaye Diouf Sarr est aux commandes, il a commencé les licenciements. Avec son arrivée, c’est fort probable que le règne des sérères continue, mais pas forcément avec la même «clientèle». D’ailleurs, les travailleurs licenciés s’en prenaient à leurs autres camarades les qualifiant de ne pas être de vrais sérères. Mais dans tous les cas, ce sera cette même communauté qui va régner, en attendant que Diouf Sarr cède la place à un autre qui s’installera avec les siens. Et se poursuivra alors… la rotation des communautés.
LEQUOTIDIEN.SN



Abdoul Aziz Diop