CAN 2017: Le Sénégal loin d’être favori pour les journalistes

IBRAHIMA MBOUP, JOURNALISTE A LA RTS : «Le Sénégal peut être un bon outsider mais pas un favori»

«Je pense que le Sénégal n’est pas favori dans cette CAn. Le Sénégal peut être un bon outsider mais pas un favori. Je pense qu’il ne faut pas mettre une pression inutile à l’équipe en lui filant un costume de favori. ça nous a joué des tours par le passé. Il faudra qu’on apprenne un peu de nos erreurs. Pour moi, les équipes favorites sont : l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Ghana et, dans une moindre mesure, le Cameroun. Le Sénégal peut être un outsider, capable de surprendre les autres équipes. on a battu la namibie, le niger, le Burundi, mais je ne pense pas que ces différentes confrontations puissent faire sortir le véritable niveau du Sénégal. J’attends de voir cette équipe face à de grandes équipes africaines. La Côte d’Ivoire s’est qualifiée difficilement. Il y a de nouveaux joueurs qui ont intégré l’équipe, mais la Côte d’Ivoire reste une grande équipe. on l’a vu lors de la dernière Coupe d’Afrique où la Côte d’Ivoire avait débuté par des nuls. ça avait suscité beaucoup de critiques au pays, mais à la fin elle a été sacrée championne d’Afrique. Encore une fois, le Sénégal ne peut pas être favori dans cette Coupe d’Afrique. Il faut y aller pas à pas. Comme le dit le coach, l’essentiel pour lui c’est de sortir du 1er tour puisque depuis 2006 on n’a pas franchi cette étape. Après, on va jouer tous les matchs à fond».

AROUNA DEME, JOURNALISTE AU POPULAIRE : «on est loin d’avoir une équipe capable de gagner la CaN»
«Ma conviction est que le Sénégal est loin d’être favori pour cette CAn 2017. Je dirais, au contraire, on n’est même pas outsider si l’on considère le parcours du Sénégal lors des dernières CAn. Pour un pays qui n’a pas dépassé le cap du 1er tour depuis 2006, revenir en compétition et se prévaloir d’un statut de favori, je trouve que c’est très prétentieux. Certes, l’équipe a fait un bon parcours dans ces éliminatoires, mais il faut voir par rapport à quels adversaires. L’adversaire le plus difficile qu’on a rencontré dans ce groupe, c’est le niger. De ce point de vue, le Sénégal est très loin d’être favori. Cette prétention qui est bien sénégalaise de penser qu’on est toujours meilleur que les autres, alors que tel n’est pas le cas, risque de nous coûter cher. Et on va revivre les erreurs du passé. Lors de la Can 2015 avec Giresse, tout le monde a prétendu que le Sénégal avait un bon groupe, qu’on allait pouvoir aller loin. En 2012, c’était la même chose et on a vu les résultats. Nos joueurs ne sont pas suffisamment aguerris en matière d’expérience en Coupe d’Afrique. notre environnement ne fait pas encore partie de ce qui se fait de mieux pour prétendre faire des résultats. L’autre aspect, c’est que les autres pays travaillent. Ils sont en avance sur nous. on a toujours pris des raccourcis et jusqu’à maintenant on continue de prendre des raccourcis. Je pense qu’on n’est pas au niveau pour prétendre au statut de favori face à des équipes comme le Ghana, la Côte d’Ivoire et l’Algérie. on doit considérer le Sénégal comme une équipe qui va à la CAn avec un objectif pour passer le 1er tour. Si j’étais dirigeant, ce serait mon objectif. Une fois en quarts, on verra après. Mais prétendre y aller pour jouer les demifinales ou la finale, je pense, c’est s’ouvrir les portes d’une nouvelles désillusion. Certes, on a le potentiel, mais en termes de densité et d’expérience, on est loin d’avoir une équipe capable de gagner la CAn. Pour gagner la CAn, il faut un excellent gardien de but, une très bonne défense avec des joueurs de haut niveau à tous les postes, un milieu de terrain très dense et fourni en expérience et en qualité. Il faut aussi un ou deux joueurs devant capables de faire la différence et peutêtre un ou deux leaders techniques capables de prendre le jeu à leur compte. Ma conviction est que le Sénégal n’a pas tout ça. on a certes de bons joueurs mais on est très loin du niveau africain pour prétendre gagner une CAn. Il faut travailler étape par étape, se fixer des objectifs intermédiaires et voir comment on peut aller plus loin».

SALIF DIALLO, JOURNALISTE A L’APS : «Être outsider ne veut pas dire ne pas gagner»
«Il est vrai qu’on a gagné nos 6 matchs en qualifications, mais il faut voir nos adversaires. Il est vrai que ça fait plaisir de voir l’équipe nationale aller gagner à l’extérieur. Dans un passé récent, on n’arrivait pas à le faire. on n’arrivait même pas à battre les petites équipes chez elles. on n’avait pas l’habitude d’aller gagner à l’extérieur même contre des équipes comme l’ouganda. on était allé faire 1-1 là-bas alors qu’on avait une grosse équipe. L’équipe a progressé sur le plan mental. Si on a gagné tous nos matchs dans notre groupe, ce sont des formations qu’on peut considérer comme de petites équipes en Afrique, même si la Côte d’Ivoire a eu du mal face à des équipes comme la Sierra Leone. à mon avis, le Sénégal est outsider dans cette CAn. Mais il faut savoir qu’être outsider ne veut pas dire ne pas gagner. La Zambie était un outsider en 2012 et ça ne l’a pas empêchée de gagner. Le nigeria faisait partie des outsiders en 2013, et ça ne l’a pas empêché de gagner, non plus. Pour gagner la CAn, il faut avoir un très grand gardien. En 2012, la Zambie avait un très grand gardien. En 2013, le nigeria avait un très bon gardien (vincent Enyeama). En 2015, la Cote d’Ivoire avait un grand gardien (Sylvain Gbohouo désigné meilleur gardien de la compétition par la CAF). Est-ce que Sadio Mané a les épaules pour porter cette équipe ? S’il continue sur la même lancée avec Liverpool, ce serait bénéfique pour l’équipe nationale. on n’a pas un problème d’attaquant mais on a un problème d’efficacité. on a Mame Biram qui est le titulaire indiscutable, s’il ne marche pas on peut mettre Moussa Konaté. Il nous faut un grand gardien à l’image de Tony Silva en 2002 pour aller chercher la CAn. Depuis quelque temps, c’est là où le bât blesse». 

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