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Sur l’échiquier du football africain, Madagascar fait partie des pays dont on parle peu. La sélection nationale n’a jamais participé à aucune compétition internationale, ses clubs passent rarement plus d’un tour lors des coupes d’Afrique, et même s’il n’est jamais simple d’aller jouer au stade Mahamasina d’Antananarivo – l’Égypte, le Sénégal, la RD Congo et le Nigeria y ont laissé des plumes dans un passé plus ou moins récent – le football de la Grande Île fait rarement parler de lui.
« Nous avons tout de même été champions d’Afrique de beach soccer en 2015, et nous avions obtenu l’organisation de la CAN 2017 des moins de 17 ans, jusqu’à ce que la CAF nous la retire, pour des motifs (retards dans les travaux au stade de Mahamasina) que nous contestons », nous avait rappelé Ahmad Ahmad au mois de février.
Le soutien discret d’Infantino
Grâce à celui qui achève son troisième (et dernier) mandat à la tête de la Fédération malgache, le football de cette île de l’Océan Indien bénéficie depuis le 16 mars d’un éclairage planétaire après son élection à la tête de la CAF, au nez et à la barbe de son prédécesseur, Issa Hayatou, inamovible pendant près de 30 ans. Avant le scrutin, Ahmad Ahmad (57 ans) s’était montré relativement confiant. Lors de ces multiples rencontres avec les hautes sphères du continent africain, lors de la CAN au Gabon juste après l’annonce de sa candidature, puis lors de ses déplacements dans plusieurs pays, ce membre de l’éthnie Sakalava, de confession musulmane, avait réussi à faire adhérer à son projet les quatorze fédérations de la Cosafa (Afrique australe). D’autres leur ont depuis emboîté le pas.
Il ne fait pas d’esbroufe. Ahmad est un homme de réseaux
Certaines, comme Djibouti, l’avaient annoncé publiquement. Les dix-neuf autres (Ahmad s’est largement imposé par 34 voix contre 20) ont préféré l’intimité offerte par le secret du vote pour valider leur choix. « Je pense que certains ont voté pour Ahmad car ils voulaient qu’Hayatou s’en aille. Non pas que son bilan soit mauvais, car il a fait passer le football africain dans l’ère de la modernité. Mais il s’agissait plus d’une question de personne. Sept mandats, c’est énorme. Et le management d’Hayatou dérangeait, même parmi ses soutiens. Mais des fédérations ont aussi voté pour Ahmad car elles adhèrent à son projet. De plus, Gianni Infantino, le président de la FIFA, le soutenait officieusement», confie un membre d’une fédération africaine.
Des soupçons de corruption, pas de preuves
Ahmad, qui a fait son apparition dans l’organigramme de la CAF lors du Congrès de Marrakech en mars 2013, en tant que membre du Comité exécutif représentant la zone Sud, avait déjà créée une surprise de taille, en écartant le Sud-Africain Dany Jordaan, président du comité d’organisation de la Coupe du monde 2010.
« Il est discret, mais efficace. Il sait avancer ses pions intelligemment. C’est un politique. Il a été nommé sénateur par le chef de l’État, lequel lui a accordé son soutien lorsqu’il a décidé d’être candidat contre Hayatou. Il ne fait pas d’esbroufe. Ahmad est un homme de réseaux. À la CAF, il a tissé de bonnes relations avec les fédérations d’Afrique australe. En Afrique de l’Ouest également, il a des appuis », poursuit notre source.
Dans son pays, le nouveau président de la Fifa a été plusieurs fois cité par la presse locale dans une affaire de trafic de crabes lorsqu’il détenait le portefeuille de la Pêche (en 2015). Et le Sunday Times, sans apporter de preuves, avait évoqué une possible corruption du malgache par le Qatar lors de l’attribution de la Coupe du monde 2022 au petit émirat. « L’argent du Qatar était destiné à la fédération malgache pour organiser l’élection du président, au développement du football dans mon pays. Mais en aucun cas à acheter ma voix », nous avait assuré Ahmad quelques semaines avant son élection à Addis Abeba.