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Le 17 mai, la visite du Premier ministre malien, Moussa Mara, à Kidal, a tourné au "carnage". Le mot est d'Abdoulaye Maïga, fonctionnaire de la ville et rescapé des derniers combats entre armée malienne et rebelles touaregs. Il raconte la journée durant laquelle il a bien cru sa dernière heure venue.
Directeur régional du Développement social à Kidal, Abdoulaye Maïga ne pouvait pas manquer la rencontre avec le Premier ministre Moussa Mara, le 17 mai. Celle-ci se déroule dans une grande salle au gouvernorat. Soudain, à l'extérieur, des affrontements éclatent entre soldats maliens et groupes armés. La délégation venue de Bamako quitte précipitamment les lieux, y laissant les infortunés fonctionnaires - hommes et femmes.
"Quand la délégation s'est retirée, on a été encerclés. L'un d'entre nous (. . . ), un préfet, est venu nous dire : 'Bon, on est encerclés, c'est fini pour tout le monde'", raconte Abdoulaye Maïga, mercredi à Bamako, en marge d'une rencontre avec le ministre de l'Intérieur Sada Samaké.
>> Lire aussi : "Le MNLA prend Kidal, IBK appelle à un "cessez-le-feu immédiat""
Les assaillants prennent d'assaut le bâtiment : "ils ont d'abord jeté des roquettes dans la salle", puis tous ceux qui s'y trouvaient "ont été arrosés de balles". "C'est là où il y a eu le carnage", poursuit le fonctionnaire, le ton calme mais encore sous le choc. Huit fonctionnaires ont été "froidement abattus", selon les autorités. Dont le préfet venu annoncer à ses collègues l'encerclement du bâtiment, précise-t-il.
"J'ai vu les éléments du MNLA"
Les assaillants "se sont ensuite dirigés vers d'autres bureaux, là aussi ils ont fait des rafales", poursuit-il. Une vingtaine de personnes, dont Maïga, se mettent à couvert "sous un escalier", se serrant le plus possible dans l'espoir de ne pas être vus des assaillants. Ils sont rapidement découverts et capturés, mais échappent à la mort. "Je crois, dit-il, que c'est le fait qu'on ait été dans l'obscurité qui, en partie, nous a sauvés. Autrement, nous aurions" été tués.
"Plusieurs fois, des proches ont essayé de m'appeler. Les rebelles leur ont dit que j'étais mort"
Selon un bilan officiel du gouvernement, les affrontements du 17 mai ont fait 36 morts (dont huit militaires) et plusieurs dizaines de blessés. Une trentaine de fonctionnaires -rescapés du gouvernorat- ont été retenus pendant 48 heures, "pris en otage" selon Bamako, "prisonniers de guerre" pour les rebelles touaregs. Tous ont été libérés grâce à des négociations menées par la mission de l'ONU au Mali (Minusma).
"J'ai vu les éléments du MNLA", reconnait Abdoulaye Maïga, à propos des assaillants, avant d'ajouter avoir aperçu "des jihadistes" le jour de sa libération sur le trajet le long de l'aéroport, dont certains "aux pantalons coupés court, criaient "Allah akbar (Dieu est grand) ! Allah akbar !". Bamako affirme également que le MNLA a reçu lors des affrontements le renfort de groupes jihadistes armés, ce qu'ont nié les rebelles touaregs.
"Toutes sortes d'humiliation"
Maïga rapporte aussi des conditions de captivité difficiles : otages dépouillés de leurs affaires, séparés, déplacés à plusieurs reprises ou entassés dans une pièce sans aération, sous la surveillance de jeunes combattants, certains visiblement drogués. Mais aussi des menaces et des tortures psychologiques.
Quand les proches des fonctionnaires appelaient sur leurs téléphones portables confisqués, les ravisseurs répondaient qu'ils étaient "déjà morts". "Moi, plusieurs fois on m'a appelé. Ils ont dit que j'étais mort", révèle-t-il.
>> Lire aussi la grande interview d'Ibrahim Boubacar Keïta
Le ministre de l'Intérieur Sada Samaké a rendu hommage aux ex-otages, pour avoir "accepté d'aller servir à Kidal, dans des conditions extrêmement difficiles". "Vous avez subi toutes sortes d'humiliations. Ce qui vous est arrivé est inexplicable et impardonnable", leur a-t-il dit, avant de remettre à chacun quelques billets dans une enveloppe pour couvrir leurs besoins immédiats.
(AFP)
Directeur régional du Développement social à Kidal, Abdoulaye Maïga ne pouvait pas manquer la rencontre avec le Premier ministre Moussa Mara, le 17 mai. Celle-ci se déroule dans une grande salle au gouvernorat. Soudain, à l'extérieur, des affrontements éclatent entre soldats maliens et groupes armés. La délégation venue de Bamako quitte précipitamment les lieux, y laissant les infortunés fonctionnaires - hommes et femmes.
"Quand la délégation s'est retirée, on a été encerclés. L'un d'entre nous (. . . ), un préfet, est venu nous dire : 'Bon, on est encerclés, c'est fini pour tout le monde'", raconte Abdoulaye Maïga, mercredi à Bamako, en marge d'une rencontre avec le ministre de l'Intérieur Sada Samaké.
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"J'ai vu les éléments du MNLA"
Les assaillants "se sont ensuite dirigés vers d'autres bureaux, là aussi ils ont fait des rafales", poursuit-il. Une vingtaine de personnes, dont Maïga, se mettent à couvert "sous un escalier", se serrant le plus possible dans l'espoir de ne pas être vus des assaillants. Ils sont rapidement découverts et capturés, mais échappent à la mort. "Je crois, dit-il, que c'est le fait qu'on ait été dans l'obscurité qui, en partie, nous a sauvés. Autrement, nous aurions" été tués.
"Plusieurs fois, des proches ont essayé de m'appeler. Les rebelles leur ont dit que j'étais mort"
Selon un bilan officiel du gouvernement, les affrontements du 17 mai ont fait 36 morts (dont huit militaires) et plusieurs dizaines de blessés. Une trentaine de fonctionnaires -rescapés du gouvernorat- ont été retenus pendant 48 heures, "pris en otage" selon Bamako, "prisonniers de guerre" pour les rebelles touaregs. Tous ont été libérés grâce à des négociations menées par la mission de l'ONU au Mali (Minusma).
"J'ai vu les éléments du MNLA", reconnait Abdoulaye Maïga, à propos des assaillants, avant d'ajouter avoir aperçu "des jihadistes" le jour de sa libération sur le trajet le long de l'aéroport, dont certains "aux pantalons coupés court, criaient "Allah akbar (Dieu est grand) ! Allah akbar !". Bamako affirme également que le MNLA a reçu lors des affrontements le renfort de groupes jihadistes armés, ce qu'ont nié les rebelles touaregs.
"Toutes sortes d'humiliation"
Maïga rapporte aussi des conditions de captivité difficiles : otages dépouillés de leurs affaires, séparés, déplacés à plusieurs reprises ou entassés dans une pièce sans aération, sous la surveillance de jeunes combattants, certains visiblement drogués. Mais aussi des menaces et des tortures psychologiques.
Quand les proches des fonctionnaires appelaient sur leurs téléphones portables confisqués, les ravisseurs répondaient qu'ils étaient "déjà morts". "Moi, plusieurs fois on m'a appelé. Ils ont dit que j'étais mort", révèle-t-il.
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Le ministre de l'Intérieur Sada Samaké a rendu hommage aux ex-otages, pour avoir "accepté d'aller servir à Kidal, dans des conditions extrêmement difficiles". "Vous avez subi toutes sortes d'humiliations. Ce qui vous est arrivé est inexplicable et impardonnable", leur a-t-il dit, avant de remettre à chacun quelques billets dans une enveloppe pour couvrir leurs besoins immédiats.
(AFP)