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Fils de ministre
Roch Marc Christian Kaboré est le fils de Charles Bila Kaboré. Enseignant de formation, celui-ci a été nommé conseiller technique du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité en 1961, avant de devenir de trésorier général de la Haute-Volta et membre du Conseil économique et social. D’octobre 1963 au 9 décembre 1965, il occupe le poste de ministre des Finances, avant de prendre le ministère de la Santé publique jusqu’à la chute de la première République, en janvier 1966.
Conseiller financier et secrétaire général de la présidence de la République jusqu’en 1975, Charles Bila Kaboré est ensuite nommé vice-gouverneur de la BCEAO (Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest) jusqu’en 1982, avant de reprendre une place de conseiller technique puis de secrétaire général à la présidence burkinabè, jusqu’à sa retraite, en 1985. Roch Marc Christian Kaboré est lui-même marié et père de trois enfants.
Économiste de formation
Fils de bonne famille catholique, titulaire du baccalauréat en 1975, Roch Marc Christian Kaboré entame des études en Sciences économiques à l’Université de Dijon (France) à partir de la rentrée académique 1975-1976. Il décroche en 1979 une Maîtrise en sciences économiques, puis un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en gestion qui lui confère le Certificat d’aptitude en administration et gestion des entreprises de l’Université de Dijon.
Rentré au pays pour mettre ses compétences au service de la nation, il intègre la Banque internationale des Volta (BIV), devenue Banque internationale du Burkina (BIB), dont il occupe le fauteuil de directeur général de 1984 à septembre 1989, avant de rejoindre le gouvernement.
Sportif accompli
Roch Marc Christian Kaboré est un sportif émérite. Ancien scout, il a pratiqué le basket-ball lors de sa scolarité, notamment au collège Saint Jean-Baptiste de la Salle à Ouagadougou. Il portera même le maillot de l’équipe nationale dans cette discipline.
Il est aujourd’hui le parrain du Rail Club du Kadiogo, équipe de première division du championnat national de football au Burkina Faso, qu’il a notamment remporté en 2005.
Jeune militant de gauche
Ce n’est pas parce que Roch Marc Christian Kaboré a fait carrière dans la banque qu’il n’a pas un passé militant. À Dijon, ce sont en effet les associations de gauche qu’il fréquente à la fin des années 1970. De retour au Burkina, il intègre l’Union de lutte communiste reconstruite (ULC-R), un mouvement ressuscité à la faveur du coup d’État de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré en 1983.
Il n’est toutefois qu’un membre anonyme du bureau politique, sans réelle implication dans la structure, bien que sa nomination, en 1984, à 27 ans, à, au poste de directeur général de la Banque internationale du Burkina (BIB), commence à lui conférer une certaine renommée.
Revirement idéologique auprès de Blaise Compaoré
Lorsque Thomas Sankara est assassiné et que Blaise Compaoré s’empare du pouvoir, Roch Marc Christian Kaboré opère, selon ses détracteurs, une première volte-face. En effet, alors que des dizaines de cadres révolutionnaires sont traqués, notamment ceux de l’ULC-R dont Kaboré fait partie, celui-ci signe, avec trois autres membres du bureau politique du mouvement, une lettre d’allégeance au nouveau chef de l’État, louant sa « rectification de la révolution ».
Blaise Compaoré, qui cherche à s’entourer de cadres moins dogmatiques, capables d’accepter l’ouverture à droite, va s’appuyer sur ces « seconds couteaux ». Dès lors, les destins de Compaoré et de Kaboré s’entremêlent.
Le dauphin de « Blaise » ?
Roch Marc Christian Kaboré s’installe progressivement dans l’entourage de Blaise Compaoré. Un an après son ralliement, il est nommé au ministère des Transports, puis hérite, en 1991, du ministère chargé de la Coordination de l’action gouvernementale, une sorte de poste de Premier ministre bis.
Il devient officiellement Premier ministre en 1994, après un détour par les Finances, puis sera président de l’Assemblée nationale de 2002 à 2012. Parallèlement, il occupe le poste de secrétaire exécutif du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti de Compaoré) de 1999 à 2003, avant d’en être élu président de 2003 à 2012. Toutes ces fonctions l’ont longtemps désigné comme le « dauphin de Blaise », bien que leur relation n’ait pas toujours été au beau fixe.
Divorce bien senti
La relation entre Blaise Compaoré et Roch Marc Christian n’a pas toujours été facile. Au CDP comme dans l’armée, Kaboré n’a pas que des amis. Les militaires le jugent trop laxiste, trop mou. Économiste, il est plutôt l’homme des patrons. Salif Diallo, qui ambitionne également de succéder à Blaise Compaoré, lui est hostile en sous-main, tout comme le propre frère du président, François Compaoré, chargé de remettre la main sur le secteur privé.
Au début des années 2010, Roch Marc Christian Kaboré est progressivement écarté alors que le CDP est remodelé autour des hommes de confiance de Blaise Compaoré, notamment Assimi Kouanda, fidèle parmi les fidèles, qui prend la présidence du parti en 2012. Survient ensuite la question de l’article 37 de la Constitution, qui interdit au président de se représenter en 2015 et qui amènera Roch Marc Christian Kaboré à basculer définitivement dans l’opposition.
L’ennemi numéro un des pro-Compaoré
Les proches de « Blaise » ne le cachent pas : ils considèrent Roch Marc Christian Kaboré comme un traître responsable de leur chute. En cause : sa décision de basculer dans l’opposition en janvier 2014, alors qu’il s’oppose à la volonté du chef de l’État de modifier la Constitution.
Dans la ligne de mire des pro-Compaoré se trouvent également Salif Diallo et Simon Compaoré, les deux autres fondateurs du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), eux aussi anciens piliers du régime.
Homme de consensus et de réseaux
Dès ses premiers pas au CDP, où il utilise ses relations avec les grands patrons pour évoluer, Roch Marc Christian Kaboré est considéré comme un homme de réseaux, habile dans la recherche du consensus. Il peut par exemple se targuer de bonnes connexions au niveau de la sous-région, qu’il a tissées à la faveur de ses charges ministérielles.
Il a le don « d’arrondir les angles », confiait un de ses proches à Jeune Afrique. Depuis son passage à l’opposition, il a notamment œuvré au sein d’un trio d’expérience à la tête du MPP. Président du parti et candidat désigné à la présidentielle, il a su partager les rôles de stratèges avec Simon Compaoré, ancien maire de Ouagadougou à la santé fragile, et Salif Diallo, qui s’est longtemps rêvé en successeur de Blaise Compaoré, mais lui aussi malade.
Source : Jeune Afrique