Handicap du grand club
Ce n’est pas le potentiel qui lui manque. Depuis qu’il a signé chez les Saints, Sadio Mané éblouit régulièrement la très cotée Premier League, où évoluent trois des dix derniers candidats au Graal, dont le quadruple lauréat du Ballon d’Or africain, l’Ivoirien Yaya Touré. Quel est justement le fossé qui le sépare encore de ses concurrents ? Outre Yaya Touré, capitaine et leader d’un Manchester City devenu un grand d’Angleterre, Sadio Mané devra se mesurer aux autres favoris que sont le Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang et le Ghanéen André Ayew, aux gros challengers algériens, Sofiane Feghouli et Yacine Brahimi, ou dans une moindre mesure, au défenseur ivoirien du Psg, Serge Aurier ou à l’Egyptien Mouhamed Salah (Chelsea, puis As Roma). Ses prestations le hissent de plus en plus au premier plan, au point de susciter la convoitise de clubs d’un plus grand standing que Southampton. Mais il a encore des étapes à franchir, même s’il est en progression constante, depuis ses débuts au Fc Metz, ou même en National, en passant par le Redbull Salzburg (Autriche). Sadio Mané n’évolue pas dans un club du standing de Manchester City, Dortmund, Paris SG, Valence ou Porto, où évoluent ses principaux concurrents, habitués à disputer les prestigieuses compétitions européennes : la Ligue des Champions et la Ligue Europa. C’est notamment le cas du Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang, qui marche sur l’eau avec Dormtund (Bundesliga), au point d’être parmi les 5 meilleurs buteurs des cinq plus grands championnats d’Europe, aux côtés des monstres que sont Cristiano Ronaldo (Real Madrid), Lionel Messi (Fc Barcelone), Robert Lewandoswki (Bayern Munich) et Neymar (Fc Barcelone). Ce qui en fait un favori naturel, au même titre que Yaya Touré, légitimé par son standing et son prestigieux palmarès.
Le handicap de la sélection
Si ce handicap peut également être préjudiciable à André Ayew (sociétaire de Swansea, sensiblement du même standing que Southampton). Lui aussi candidat sérieux au titre de roi du football africain sur l’année civile, peut toutefois se targuer d’avoir joué sous les couleurs de l’Olympique de Marseille, un des clubs les plus populaires en Afrique, mais aussi et surtout d’avoir su se bâtir une solide réputation à travers la compétition phare du continent, la Coupe d’Afrique des Nations, avec les Black Stars du Ghana, en marchant sur les traces de son père, Abedi Ayew «Pelé», ancienne gloire du continent. Quant à Sadio Mané, même s’il reste le porte-drapeau du football sénégalais, le lutin natif de Bambali n’a pas encore pesé de tout son poids pour conduire l’équipe nationale A vers de grands succès. Dans la «Tanière» depuis 2012, à la suite d’un brillant parcours en équipe olympique lors des JO de Londres, Sadio Mané n’a, depuis lors, connu qu’une seule participation en Can (2015) au cours de laquelle, le Sénégal a été sorti au premier tour, après deux échecs aux éliminatoires de l’édition 2013 et du Mondial 2014. Trop peu pour espérer bousculer André Ayew qui, en 2015, porta le Ghana héroïquement jusqu’en finale, avant de plier, comme son père en 1992, au terme d’une série de penalties face à la Côte d’Ivoire de Yaya Touré et Serge Aurier.
Les promesses d’un futur radieux
Au regard de tous ces paramètres, il paraît quasiment illusoire de penser que Sadio Mané pourrait être sacré Meilleur joueur africain de l’année 2015 et rejoindre El Hadji Diouf comme le 2e Sénégalais à se hisser sur le toit du continent. Toutefois, l’on peut légitimement espérer qu’il réduise davantage le fossé qui le sépare des favoris. Cela devrait d’ailleurs le pousser à travailler davantage pour franchir des paliers. De quoi réjouir le football sénégalais, car la progression de sa locomotive entraînerait forcément sa progression. Relation de causalité.
LOBS