Avocat clandestin: Le faux docteur introduit une tubulure de perfuseur dans le bas ventre d'une femme
Ce sont des peines allant entre 2 et 5 ans fermes que risquent le faux docteur Ibou Diouf et sa victime. Cette dernière voulait, en effet, se débarrasser de sa cinquième grossesse. Et pour ce faire, le sieur Diouf, qui est réalité un secouriste, avait introduit un tube de perfuseur dans le vagin de la dame.
C'est certainement avec un grand regret et le cœur lourd que Ibou Diouf s’est présenté devant la barre du tribunal des flagrants de Dakar pour répondre des chefs d’accusations d’avortement clandestin et d’usurpation de fonction. Il faut signaler que l'homme, titulaire d'un certificat de secouriste, s’est adonné au moins à deux reprises à l’acte d’interruption de grossesse.
C'est ainsi qu'il avait reçu, il y a quelques mois, la dame Fatou Guèye à son domicile, à Grand Dakar. Tout de suite, cette dernière lui a manifesté sa volonté de se débarrasser de sa cinquième grossesse, comme d’ailleurs ce fut le cas pour la quatrième. En effet, la dame est déjà maman de trois enfants vivants et elle a aussi un avortement à son actif.
Ainsi, pour la somme de 25 000 francs Cfa, le sieur Diouf qui, semble-t-il, se faisait passer pour un médecin, a accepté pour une deuxième fois d’aider la mère célibataire à se débarrasser de son fœtus. Seulement, les choses ne se passent pas cette fois-ci de la meilleure des manières, comme ce fut le cas pour la première fois.
En effet dans l’intimité de sa «salle de consultation», le faux docteur, après des tests qui se sont avérés positifs, a fait entrer une tubulure de perfuseur dans le vagin de la dame de 33 ans. Quand celle-là est rentrée chez elle, des maux de ventre dus à l’objet introduit dans son sexe l’ont empêché de rester tranquille.
Elle a décidé alors de se rendre à l’hôpital. Et c’est comme si elle se jetait dans la gueule du loup. Car Fatou a choisi le centre de santé de la caserne Samba Diéry Diallo de la gendarmerie à Colobane, pour la consultation. Là, après consultation, le docteur Mame Diarra Bousso Ndao a découvert l’objet dans le sexe de la dame. Elle s’en est alors référée à ses supérieurs qui ont décidé d’entendre la jeune femme.
La victime se jette dans la gueule du loup
Après l’interrogation qui a permis aux pandores d’avoir le cœur net sur les doutes du médecin, ceux-ci ont procédé à l’arrestation de Fatou Guèye et ont décidé d’aller rendre visite au faux médecin, Ibou Diouf.
Arrivés chez celui-ci, ils découvrent un arsenal de matériels médicaux. Arrêté, il a été présenté aux juges du tribunal des flagrants délits de Dakar, ainsi que sa victime. Ils ont tous les deux reconnu les faits, même si le sieur Diouf a refusé d’admettre s'être présenté comme médecin à la dame.
«Quand je suis tombée enceinte pour cette dernière fois, je suis allée voir Tonton Diop (Ibou Diouf) qui me l’avait fait pour ma quatrième grossesse. Il m’a fixé rendez-vous et quand je suis allée, il a fait le test avant de faire entrer quelque chose dans mon vagin. Mais quand je suis retournée à la maison, j’avais très mal. J’ai alors décidé de me rendre à l’hôpital. Et c’est là que, après avoir été soignée, j’ai été arrêtée. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ce que j’ai fait», s’est désolée la dame qui, apparemment, n’était pas bien dans sa tête.
Un témoignage que conforte le sieur Ibou Diouf qui, toute de même, a nié s’être fait passer pour médecin, comme stipuler sur le procès-verbal d’enquête. Le sieur Diouf a indiqué : «J’ai introduit la tubulure de perfuseur pour percer l’embryonn ensuite j’ai placé une boule de coton pour absorber le sang».
Le procureur de la République, pour qui les faits sont constants, a demandé au tribunal de retenir les prévenus sous les liens de la prévention et de les condamner à 5 ans pour le sieur Ibou Diouf et 2 ans pour la dame Fatou Guèye, conformément à l’article 226 du Code Pénal.
Quant au conseil du faux docteur, il a plaidé coupable pour l'avortement clandestin. Mais pour le chef d’accusation d’usurpation de fonction, il a indiqué que son client ne s’est fait passer pour un docteur. L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au 9 mai prochain.
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