Autoroute à péage: Deux mesures qui inquiètent les acteurs du transport

Mardi 6 Mars 2018

"Eiffage-SENAC-Etat veulent soutirer simplement de l’argent aux usagers pour pouvoir financer le reste de l’autoroute, et encaisser indûment des taxes sur le péage"


En marge de l’atelier de lancement des activités de la Cellule genre du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement hier, lundi 5 mars 2018 à Dakar, Abdoulaye Daouda Diallo est revenu sur la panoplie de mesures annoncées visant à réduire drastiquement les accidents de la route qui causent de nombreux décès au Sénégal.

S’exprimant lors de la rencontre d’hier, lundi 5 mars, sur le lancement de la Cellule genre du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Abdoulaye Daouda Diallo est revenu sur les motivations des mesures annoncées par le gouvernement en vue de lutter contre les nombreux accidents mortels sur les routes du Sénégal. Lesdites mesures, qui concernent entre autres la limitation de la circulation interurbaine aux véhicules de transports en commun des voyageurs entre 22h et 6h du matin et l’application du permis à point à partir du second semestre de 2018. Il s’y ajoute l’entrée en vigueur depuis le 1er mars dernier, sur l’autoroute à péage, des sanctions contre les usagers qui forcent les voies automatiques rapidos réservées aux seuls détenteurs des cartes prépayées.

Ces décisions, notamment celle concernant l’autoroute à péage, sont des sanctions. «Il s’agit simplement d’une sanction. Vous savez, quand une personne est dans une autoroute et qu’elle doit payer, soit elle passe là où ceux qui n’ont pas de crédit suffisant pour passer les péages doivent passer ou alors se met dans les couloirs destinés à ceux-là qui ont déjà les frais prépayés pour cela; nécessairement ce sont des sanctions qui sont appliquées», justifie Abdoulaye Daouda Diallo.

Mieux, en réponse aux détracteurs de cette mesure, le ministre en charge des Transports terrestres se veut clair. «Une sanction, c’est une sanction. Les gens ne doivent pas se mettre dans des situations de faute qui devraient les faire sanctionner. Parce qu’il n’est pas acceptable de se jouer les quelques possibilités qu’on peut avoir, simplement parce que l’on se rend compte qu’avec les passages rapidos il n’y a pas d’embouteillages; donc il faudra, comme on sait bien le faire, constater que, de toute façon, on ne pourra pas passer et travailler à faire des marches arrières pour se faire une petite place en laissant tout le monde derrière».

Par rapport à l’interdiction de voyager la nuit aux voitures de transport en commun interurbaines, Abdoulaye Daouda Diallo, après avoir rappelé l’acuité de la décision, rappelle l’urgence de ces mesures de restrictions. «Déjà il y a 6 mois, un Conseil interministériel présidé par le Premier ministre a été tenu sur la question des accidents. Dix mesures ont été prises pour lutter contre ce phénomène d’accidents récurrents. Juste ce matin, le chef de l’Etat l’a encore rappelé, il nous a instruit de voir ensemble tous les secteurs concernés par les transports, que ce soit le gouvernement, les chauffeurs comme les transporteurs, voir ensemble comment faire pour la réduction drastique des accidents», a-t-il fait savoir.

Et de conclure en interpellant les acteurs du transport routier à plus de prudence sur les routes: «nous pensons justement que l’une des mesures, c’est d’éviter de voyager la nuit. Car, voyager la nuit, d’abord nous le constatons tous que nos routes ne sont pas éclairées; ensuite on a un parc extrêmement vieux; enfin nous avons des routes qui sont en train bon état, ce qui nous autorise de rouler à vives allures avec les camions qui stationnent un peu partout sur les corridors la nuit. Je crois que si on respecte le jeu qui est établi, il ne devrait pas y avoir de problème».

Même si des usagers considèrent ces sanctions comme salutaires, toutefois ils  émettent des réserves particulièrement pour le cas de l’autoroute à péage. Me Massokhna Kane de «SOS consommateurs» de s’interroger, il y a quelque jour en ces termes: «(…) comment vouloir faire payer aux usagers, une portion, en lieu et place de l’autoroute, au lieu d’attendre qu’elle soit terminée pour nous faire payer ce qui, non seulement est une atteinte aux droits des usagers, mais frise l’escroquerie ?» 

En effet, selon lui, «Eiffage-SENAC-Etat veulent soutirer simplement de l’argent aux usagers pour pouvoir financer le reste de l’autoroute, et encaisser indûment des taxes sur le péage, alors que le gros du trajet autoroute Dakar-Diamniadio, parce que non préfinancé par Eiffage-SENAC, conformément au contrat qui les lie à l’Etat du Sénégal. C’est pourquoi je demande aux usagers de ladite portion, de refuser de payer tant que l’autoroute Dakar-Diamniadio n’est pas terminée et demande instamment au couple Eiffage-SENAC, de terminer l’autoroute avant de tendre la main pour se faire payer par les usagers. Je demande également à l’Etat du Sénégal de veiller à la bonne exécution de l’autoroute jusqu’à son terme, et à exiger de ses partenaires le respect de leurs engagements.»

Abdoul Aziz Diop