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Attentats de Paris et Bruxelles: des négligences dans le suivi des djihadistes?


Mercredi 1 Juin 2016

Selon Le Parisien, l'enquête sur les attentats de Paris et de Bruxelles révèle de graves défaillances de la police belge dans le suivi des djihadistes. Khalid el-Bakraoui, l'un des kamikazes, avait été placé en garde à vue tandis que Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau", était surveillé physiquement.

Déjà soupçonnée de "ratés" dans le suivi des frères Abdeslam, dont la radicalisation aurait été connue, la Belgique a-t-elle sous-évalué la dangerosité d'autres djihadistes? Dans une enquête publiée ce mardi, Le Parisien révèle que Khalid el-Bakraoui, kamikaze des attentats de Bruxelles et probable logisticien de ceux de Paris, ainsi que Mohamed Abrini, "l'homme au chapeau", étaient dans le collimateur des services antiterroristes belges.

Le profil des deux djihadistes, connus à l'origine pour des délits de droit commun, aurait interpellé les policiers les mois précédant les attaques. Si bien qu'ils ont fait l'objet d'une surveillance policière à degré divers. Ainsi, Khalid el-Bakraoui, présenté par l'organisation Etat islamique (EI) comme l'un des fournisseurs d'armes de la cellule terroriste franco-belge dans une revue de propagande, a été placé en garde à vue le 21 octobre, deux semaines avant les attaques parisiennes.



"Des chants et vidéos glorifiant le djihad armé"

L'ancien braqueur de 27 ans, qui jouit à ce moment-là d'une liberté conditionnelle, est entendu en raison d'un "achat suspect" de chargeurs de kalachnikov "vides" à Bruxelles. Il est alors placé sur écoute. Malgré quelques doutes concernant des formules codées, les enquêteurs n'entendent rien qui laisse présager un attentat. En revanche, la perquisition à son domicile aurait pu leur mettre la puce à l'oreille: sont retrouvés "de nombreux chants et vidéos glorifiant le djihad armé" sur un disque dur, selon les propos d'une source proche de l'affaire rapportés par le quotidien.  

Les éléments sont transmis à la police antiterroriste de Bruxelles. Mais Khalid el-Bakraoui s'évanouit dans la nature et ne réapparaît que lors des attentats en mars, au cours desquels il meurt en kamikaze au métro de Maelbeek. 
Abrini surveillé physiquement

L'enquête montre également des ratés dans le suivi de Mohamed Abrini, qui a reconnu avoir déposé une bombe à l'aéroport de Zaventem avant de prendre la fuite. Suspecté d'avoir tenté de gagner la Syrie, ou d'y avoir brièvement séjourné, à l'été 2015, le jeune Molenbeekois est entendu par les services antiterroristes à son retour en Belgique. Selon Le Parisien, l'homme explique avoir fait "du tourisme" à Istanbul puis d'avoir séjourné en Angleterre. Les investigations révéleront quelques mois plus tard qu'il a été en contact avec des islamistes présumés, soupçonnés de l'avoir financé


Peu convaincus par ses déclarations, les enquêteurs placent Abrini sous surveillance. D'après le quotidien, des policiers sont même chargés de "planquer" devant son domicile de Molenbeek et ce, jusqu'au 13 novembre, date à laquelle il prend la fuite. L'homme est pourtant aperçu deux jours avant en compagnie de Salah Abdeslam dans une station essence de l'Oise, en France. Les deux amis d'enfance sont suspectés, à ce moment-là, de faire du repérage et de louer les appartements "conspiratifs" où logeront les terroristes de Paris. 

Rapports non transmis, données informatiques non exploitées, manque de coordination entre les services ou encore pistes négligées... Depuis les attentats, la Belgique est régulièrement accusée de manquements. Une commission d'enquête de "la police des polices" a été créée en vue de les identifier. 

LEXPRESS
 

Abdoul Aziz Diop