Argent détourné du Nigeria : la Suisse restitue 380 millions de dollars
Entre 1993 et 1998, le général Sani Abacha avait détourné 2,2 milliards de dollars. L’argent revient au compte-gouttes, mais pas forcément dans les bonnes poches.
En Suisse, l’histoire a été rebaptisée « L’éternelle affaire Abacha », car le feuilleton dure depuis 1999. Cette année-là, Abuja adresse une commission rogatoire internationale à Berne afin de récupérer les milliards détournés par l’ancien dictateur Sani Abacha, décédé en 1998. La Suisse, souvent soupçonnée d’abriter les fortunes mal gagnées de la planète, entend se montrer exemplaire. Non seulement elle bloque les sommes détenues dans une multitude d’établissements helvétiques, mais elle mène elle-même des investigations au Liechtenstein, au Luxembourg, en Grande-Bretagne (notamment à Jersey) et en France. Paris ne s’est guère montrée pugnace dans cette opération. Alors que le clan Abacha y aurait caché 80 millions de dollars, la justice tricolore n’aurait saisi que 1,2 million de dollars.
Disparition de 200 millions de dollars
Seulement voilà, la restitution des fonds détournés s’apparente ensuite à un parcours du combattant. Non seulement les comptes sont ouverts aux noms d’hommes d’affaires qui se déclarent totalement indépendants de l’ancien dictateur, mais la famille Abacha, et notamment Abba Abacha, le fils de Sani Abacha, a les moyens de s’offrir les meilleurs avocats. Sans compter la corruption qui règne au Nigeria. En 2005, le département fédéral (ministère suisse) des Affaires étrangères restitue déjà 200 millions de dollars qui… disparaissent à Abuja. Résultat, le Ministère public du canton de Genève choisit de négocier secrètement avec le Nigeria et la famille Abacha. En octobre 2014, Abba Abacha accepte de rendre 380 millions de dollars au Nigeria à condition que l’on abandonne les poursuites menées contre lui pour corruption…
De l’argent bloqué depuis 2006
« Il est en effet choquant de voir la justice pénale clore une procédure ouverte de si longue date sans que tous les auteurs de ce détournement de fonds massif ne soient condamnés », dénonce l’ONG suisse La Déclaration de Berne. En fait, ces négociations se sont faites en catimini à Genève, les autorités fédérales n’étant même pas au courant ! L’accord secret n’a été révélé que la semaine dernière par le magazine L’Hebdo de Lausanne, contraignant le Ministère public genevois à publier un communiqué intitulé : « Affaire Abacha : confiscation et restitution de l’argent du crime ». On y apprend que ces 380 millions de dollars ont, en fait, « été saisis dès 2006 au Luxembourg sur ordre de la justice genevoise ». À quel taux d’intérêt ces millions bloqués ont-ils été placés durant toutes ces années ?
L’exemple de l’île Maurice
Toutes ces péripéties devraient inciter l’Égypte ou la Tunisie à se montrer patients ! De plus, non seulement cet accord fait polémique à Berne, la capitale, qui a été tenue à l’écart des négociations, mais le quotidien Le Temps de Genève révèle le montant des honoraires des avocats. Ceux qui défendaient les intérêts du Nigeria ont perçu 24 millions de dollars, leurs adversaires, qui soutenaient la famille Abacha, ont engrangé 17 millions de dollars.
Lepoint.fr
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