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A la vue de ce qui s’est passé hier au Méridien président, y a lieu de se désoler du complexe nourri par nos gouvernants vis-à-vis de l’homme blanc. Wade vient, encore, d’administrer la preuve éloquente que nos hommes politiques n’usent de la notion d’indépendance que de manière théorique. En jetant son dévolu sur tant d’experts occidentaux pour dire le droit, au détriment de juristes sénégalais, a-t-il fait mieux qu’Idrissa Seck qu’il avait qualifié de complexé pour avoir sollicité l’éclairage du constitutionnaliste Carcasson sur la question de la recevabilité de sa candidature ? Que nenni ! Le président Wade, prompt à encourager les Africains à compter sur leurs propres ressources et à les galvaniser pour gagner leur place dans le concert des nations, était-il à l’aise, hier, en voyant tant de Blancs disserter sur la loi fondamentale de notre pays aux fins d’éclairer ses concitoyens ? Même le modérateur a été choisi dans le camp des ‘toubabs’. C’est comme qui dirait : ‘Quand c’est sérieux, c’est avec les Blancs.’
Au demeurant, cela n’est pas une première en Afrique. En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo avait, en vain, usé de la même stratégie pour se maintenir au pouvoir. En effet, ne pouvant compter sur ses compatriotes pour défendre sa cause, l’ex-président ivoirien avait fait appel à des juristes français, en l’occurrence, Jacques Vergès et Laurant Dumas. La suite, on la connaît. Ce fut le même cas au Togo où, lorsqu’il y a eu une mascarade électorale pour faire succéder feu Gnassingbé Eyadema par son fils Faure et qu’il y a eu de vives contestations, il a fallu l’immixtion d’avocats français pour tirer d’affaire l’actuel président togolais. Et les exemples ne s’arrêtent pas là.
Mais on peut dire sans risque de se tromper que la montagne a accouché d’une souris hier. Car les ‘sorciers blancs’ de Wade n’ont rien dit d’extraordinaire ou de convaincant. Leurs explications nuancées, floues, et prudentes ne feront que renforcer le doute dans les esprits. En témoigne cette déclaration d’un des éminents constitutionnalistes de Wade importés depuis la France : ‘Il y a une idée générale fondamentale, un consensus autour de la recevabilité de la candidature de Me Wade...’un large consensus’ malgré quelques ‘nuances et interprétations’, Michel de Guillenchmidt qui présidait les travaux. Le même professeur émérite et doyen honoraire de l’université Paris Descartes qui a tenté de nous faire oublier ‘le wax wakhète’ de Wade qui affirmait ne pas pouvoir se présenter à la présidentielle de 2012. ‘Cet argument ne vaut rien. Ces déclarations ne constituent pas un acte juridique. Elles correspondent à un moment et à des circonstances données, en fonction d’une situation politique déterminée. Elles ne sauraient donc être juridiquement opposées à la décision prise par le président Wade de solliciter auprès du peuple sénégalais un nouveau mandat en 2012’ dixit l’éminent constitutionnaliste qui oublie qu’ici en Afrique la parole donnée doit avoir un sens et doit être respectée.
Il aura donc fallu, pour le camp présidentiel, réunir une vingtaine d’experts du droit pour apporter la réplique à l’opposition qui avait démontré, elle, que l’actuel locataire de l’avenue Léopold Sédar Senghor ne pouvait pas être sur la ligne de départ à la présidentielle de février 2012. Mais contrairement, à l’opposition, Wade et ses alliés ne se sont pas contentés de juristes sénégalais pour aboutir à la conclusion que tout le monde savait d’avance. Ils ont également sollicité des compétences extérieures. Selon nos sources, ces dernières auraient été beaucoup plus importantes en nombre si toutes les personnes étrangères sollicitées avaient répondu à l’appel.
Avait-on réellement besoin de rassembler tout ce gotha, spécialiste du droit, pour en arriver au résultat que l’on sait ? Qu’est-ce que ces derniers ont dit qui n’ait pas déjà été avancé comme argument de défense par les juristes des Forces alliées 2012 (Fal 2012) ? Si le camp de Wade sort satisfait de son séminaire, la lanterne de la majorité des Sénégalais n’en est pas, pour autant éclairée. Si l’objectif visé était de convaincre les électeurs, il n’est pas sûr qu’il soit atteint. Mais la question que beaucoup se posent est combien de millions de nos francs, le contribuable sénégalais a dû casquer pour le déplacement et la prise en charge de ces experts chargés de valider la candidature de Wade ? Ce n’est, certainement, pas pour les beaux yeux de Wade, ni leur amitié pour ce dernier, que ceux-là ont sacrifié de leur précieux temps pour venir défendre la candidature de l’actuel président de la République.