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Faits Divers

Après avoir escroqué plus de 200 émigrés sénégalais en Italie : Un mara tombe à touba pour 400 millions


Dimanche 3 Mars 2013

Serigne Fallou Fall leur avait promis des titres de séjour - Des plaintes continuent de pleuvoir à la Section de recherches



Serigne Fallou Fall, 50 ans, est un petit Madoff et un grand escroc. Marabout originaire de Touba, il est écroué à Rebeuss après avoir escroqué des émigrés sénégalais à hauteur de 400 millions de Francs Cfa dans le cadre de la régularisation des sans-papiers en 2009, en Italie.


Après avoir escroqué plus de 200 émigrés sénégalais en Italie : Un mara tombe à touba pour 400 millions

C’est un fait divers aux intrigues de polar. Dans le trou du piège, des émigrés sénégalais, assez naïfs, dont la seule faute est de confier leur destin… européen à un marabout sioux et bien introduit dans le système italien. Dans le rôle de l’escroc, Serigne Fallou Fall, un guide religieux très bien connu de l’establishment mouride et aux allures de Madoff, qui a roulé plus de 200 personnes dans des présumés… papiers de séjour promis par l’Italie à hauteur de 400 millions de Francs Cfa. En 2009, Rome entreprend une vaste opération de régularisation des «sans-papiers» africains pour leur permettre de travailler convenablement dans le pays. L’occasion est belle pour Serigne Fallou Fall qui flaire une belle opportunité d’enrichissement illicite. Le nombre de régularisés étant réduit, il leur promet son entregent pour leur offrir ce précieux sésame. C’est la ruée des émigrés à Bari où il a installé son Qg. Pourtant, l’énormité de la somme demandée ne décourage pas les «clandestins» : il faut donner 2500 Euros, soit envirion 1,6 millions de nos francs pour bénéficier du «titre» de régularisation. D’un coup. Im­prudemment. De France, d’Es­pagne, d’Italie, du Portugal, entre autres, des Sénégalais sont attirés par la bonne nouvelle. D’autres envoient l’argent via son compte bancaire. Plus de 200 personnes, en attendant le décompte final, sont pris dans le piège. Grand marabout, il avait acquis une respectabilité tout en se donnant bonne conscience avec des thiant (chants religieux). 

Vivant à Touba Ndamatou, marié à quatre femmes, il était pourtant un homme au-dessus de tout soupçon. Avec sa réputation de marabout, sa longévité dans ce pays (plus de 20 ans), il inspirait confiance. Il avait un talent rare pour subjuguer cette clientèle précaire pour leur faire croire qu’il détenait des amitiés précieuses dans les sphères huppées de la haute société italienne. Il leur a fait croire qu’il était admis dans les clubs les plus sélects, «coopté» par les autorités italiennes pour jouer le rôle d’intermédiaire auprès de ses compatriotes. Son père, le marabout Serigne Oumar Fall, cousin d’un des khalifes de Touba, dirigeait les prières de la Tabaski et de la Korité à Kaolack ainsi que quelques prières de vendredi dans la capitale sainte. Ce qui lui confère une «sainteté» reconnue à Touba. 

 

Un Italien comme complice

Avec la complicité de l’Italien Angelo Trola, ils déplument des centaines de Sénégalais pris au piège de la clandestinité. Par exemple, Fatou Mbodji a investi dans cette vaste opération d’escroquerie 10 000 Euros, soit près de 7 millions de francs Cfa, pour ses frères. Après avoir encaissé l’argent, ils leur délivrent de «fausses attestations» de circulation valables qui leur garantissent une libre circulation de deux mois. Ce sera suffisant pour surmonter l’angoisse des courses-poursuites, et mettre fin à la vie solitaire dans l’eldorado européen bouché par la crise financière. Con­fiants, ils circulent librement dans les villes italiennes et tentent d’y mener leurs activités. 

Coup de théâtre : certains sont arrêtés dans les rues italiennes. Menottés, ils sont éconduits aux frontières. Constatant qu’ils ont affaire à un escroc, ils portent plainte devant la justice italienne. Le verdict est à la hauteur de l’arnaque : à cause de leur situation irrégulière, ils ne peuvent pas poursuivre Serigne Fallou qui a un statut légal. Apparemment, il s’est servi de tout et de tous. Comme en As de l’escroquerie. Abusés et désabusés, ils entament une longue bataille judiciaire pour rentrer dans leurs fonds.  Mouhamadou Moustapha Niang porte le combat et saisit la police de Touba d’une plainte. Mais celle-ci, consciente de la puissance du Madoff, version sénégalaise, demande aux plaignants d’attendre son retour en Italie pour reprendre la procédure judiciaire. 

 

Arrêté à Touba

Mais il renouvelle sa plainte à la Section recherches de la gendarmerie. Réputés pour leur sérieux et leur professionnalisme, les gendarmes enclenchent la procédure de son arrestation. En début d’année, le marabout retrouve la ville de Touba pour célébrer le Magal et aussi le Gamou. Le conte de fées s’est achevé le mercredi 4 février 2013. Ce jour-là, il est arrêté à Touba au milieu de ses talibés par la brigade de gendarmerie de la capitale du Mouridisme.  Avant de l’extraire pour l’amener à la Caserne Samba Diéry Diallo pour des auditions. Au départ, il nie les accusations. Confrontés aux accusateurs, ils coopèrent. Après deux retours de Parquet, il est placé sous mandat de dépôt pour escroquerie et abus de confiance et croulant toujours sous le poids des plaintes de multiples victimes. Elle est loin l’époque où il régnait sur Bari et Touba Ndamatou.

lequotidien




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