Sport

Alioune Sarr (Président CNG de lutte) : "Les promoteurs n’ont jamais déclaré au-delà de 50 millions"


Jeudi 23 Février 2017

Etat des lieux de la discipline, violence dans l’arène, dopage… entre autres sujets soulevés sur les ’’Enjeux et Perspectives’’ du Comité national de gestion de la lutte sénégalaise (CNG) par le président de la structure, Alioune Sarr. C’était lors d’un colloque de deux jours qui s’est achevé hier à l’Ucad 2 et qui avait pour thème : ‘’Des Corps en Afrique de l’Ouest : Etats, pratiques et représentations.’’


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Depuis mars 1994, date à laquelle Alioune Sarr a commencé à présider le Comité national de gestion (CNG), la lutte s’est formalisée davantage sur les plans sportif, culturel et économique. Ce sport ‘’bien de chez nous’’ comporte ‘’un potentiel non négligeable pour le développement du pays’’, estime le Dr Sarr dans une salle partagée aussi par des Occidentaux. Que cela soit en lutte avec ou sans frappe, la discipline intéresse de plus en plus de monde. Ce qui dénote un environnement complexe, dans lequel s’activent lutteurs, promoteurs, communicateurs… que le CNG, formé par ‘’toutes les composantes de la lutte, à l’exception des promoteurs’’, a essayé de régulariser pendant plus de deux décennies, selon Dr Alioune Sarr. Même s’il ne fait pas que des heureux. ‘’Aujourd’hui, nous tournons autour de 4 000 licenciés. Les cachets vont de 100 000 à 100 millions de francs Cfa pour la lutte avec frappe, même si les promoteurs n’ont jamais déclaré au-delà de 50 millions’’, souligne Alioune Sarr, montrant ainsi le facteur économique de la lutte. 

A côté de la lutte avec frappe, la lutte simple, considérée comme moins rémunératrice, ‘’commence à sortir la tête de l’eau’’. Car ces acteurs y gagnent d’importantes sommes, à moins de rentrer avec des troupeaux. Et les lutteurs, en général, ‘’redistribuent’’ leurs gains dans leur entourage et réinvestissent en même temps dans différents domaines d’activités comme l’immobilier, l’élevage et l’agriculture, explique le Président du CNG. 

Dopage : ‘’Tous nos contrôles sont restés jusque-là négatifs’’ 

S’exprimant sur la violence que l’on dit ternir l’image de la lutte, il estime que cette facette ‘’n’est pas propre’’ qu’à sa discipline. Elle est liée à l’homme, selon le docteur. Néanmoins, le CNG a pris des initiatives restrictives pour l’éradiquer de l’arène. De même que pour d’autres thématiques qui fondent aujourd’hui l’actualité de la lutte, comme le dopage. ‘’Tous nos contrôles sont restés jusque-là négatifs’’, déclare-t-il. Constatant ainsi que les lutteurs prennent moins de poids par rapport à la normale, car conscients que l’épée de Damoclès est suspendue sur leurs têtes. 

Selon lui, le CNG est devenu plus sévère avec les athlètes sur la façon de nouer les pagnes (ngemb). ‘’Dans nos traditions, on n’aime pas exhiber nos parties intimes’’, rappelle-t-il. Il l’est encore moins sur les surnoms des lutteurs où il est aussi ‘’très attentif’’. C’est quand les lutteurs ‘’11 septembre’’ et ‘’Etats-Unis’’ devaient se rencontrer que l’équipe d’Alioune Sarr a commencé à s’intéresser à ce sujet. 

Cette année, le CNG compte élargir ses activités en organisant un ‘’tournoi pour les jeunes et où l’argent ne sera pas l’élément essentiel’’, estime Dr Sarr. Son équipe avait aussi pensé organiser, l’année dernière avec le ministère du Tourisme, ‘’un carnaval de la lutte’’. Car cette discipline n’est pas que sportive, mais elle est aussi culturelle, note le président du CNG. 


Enquête 

Abdoul Aziz Diop