Quel est l’état actuel du théâtre saint-louisien ?
Alioune Badara Diagne «Golbert » : Le théâtre saint-louisien se porte bien. Il y a cependant des hauts et des bas comme toute chose de la vie. Mais parler particulièrement de Saint-Louis, je dois dire que la matière et les idées sont là. Cependant, les scenarii dorment malheureusement dans les tiroirs. Et c’est dommage. Il n’y a que les saint-louisiens précurseurs dans tous les domaines continus à respecter la tradition. On fait arrêt sur image en essayant d’avoir la matériel adéquat pour s’autoproduire parce que généralement, qu’est ce qui se passait, c’est des mécènes, business mens qui avaient des moyens, achetaient du matériel en Europe et qui venaient collaborer avec certains réalisateurs pour acheter des scénarii, faire tourner des scénarii. Ce qui est irritant, c’est qu’ils donnaient des miettes aux acteurs culturels que nous sommes pour ensuite démultiplier la K7 à travers le monde. Ils vendaient 10.000 k7 aux Etats-Unis, 5.000 en Italie, 3.000 en Espagne, 7.500 en France. Et en un temps record, ils deviennent de grosses pointures riches et ensuite font le gros dos sur les artistes. A Saint-Louis, on refuse. Nous disons non. On se bagarre et nous avons trouvé les voies et moyens d’avoir un outil de production, nous produire nous même, développer le théâtre pas pour nous mais pour les jeunes. Golbert, Marie Madeleine Diallo, Mame Sèye Diop, nous ne comptons plus. Quand tu dépasses 70 ans, tu n’as plus rien à prouver mais se battre uniquement pour que les moins jeunes puissent vivre de leur art.
Qu’est ce qui ne va pas dans le scénario ?
Il est l’œuvre de Daouda Guissé depuis les années 90. C’est lui le scénariste. Il faisait un très bon travail. Evidemment, on donnait nos idées. Et la rédaction, nous corrigeons sans compter les autres formes de réalisation. Il y a quelque chose qui se prépare. Le public va le découvrir pour bientôt. On attend actuellement. Un artiste, ce n’est pas seulement interprété un rôle sur le plateau, à la télévision ou ailleurs. Non, un artiste, c’est d’abord l’inspiration, c’est la correction, c’est le respect, le sérieux. Pour moi, un artiste, c’est un grand gentleman. Quand on sert et que des enfants, crient sur nous, ce n’est pas grave mais quand de grands gaillards te regardent et te prennent pour un « moins que rien », on dit niet. Lors de la campagne, on entendait de grands leaders politiques pout répondre à d’autres, balancer : il fait du théâtre. C’est un manque de respect que nous ne saurions accepter. Ce sont les politiciens qui jouent au théâtre mais nous, nous éduquons. Cela me fait mal. Mais, les jours à venir, nous allons leur faire savoir qu’un artiste fait partie de la crème d’une nation qui se développe et qui respecte.
Quels conseils donnez-vous aux jeunes de l’actuelle génération?
Saint-Louis regorge vraiment de potentialités. Nous disposons de jeunes artistes pétris de qualité capables surtout de relever les défis. Ils sont capables de leur faire. C’est sûr mais ils ne dorment dormir sur leurs lauriers. C’est pourquoi, je leur dis tout simplement d’être humbles, généreux dans l’effort, croire en leur potentialité sur. L’estime de soi est très importante pour tout individu. Le reste va venir. Ce n’est pas l’argent qui importe car il viendra après. Il ne faut jouer pour 10.000 fcfa ou 15.000 fcfa, c’est ponctuel. Tu apprends le théâtre. Tu transmets le scénario. Tu le joues entièrement. Tu te fais sérieux. Mais, tu te vends. Il faut savoir se vendre. Celui qui veut n’a qu’à mettre le prix qu’il faut. Il faut se faire respecter. C’est important. Tous les corps de métier évoluent et vivent du salaire de leurs productions. Pourquoi pas les artistes, mon grand combat, avant de mourir, c’est d’avoir une unité de production pour Saint-Louis et développer vraiment le théâtre dans ma région.