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Afrique du Sud: les appels à la démission du président Zuma se multiplient


Jeudi 3 Novembre 2016

Depuis mercredi 2 novembre, les appels à la démission du président se multiplient. Opposition politique, société civile ou simples individus, les Sud-Africains sont choqués par les révélations d'un rapport explosif sur les liens compromettants entre Jacob Zuma et les Gupta, une riche famille d’hommes d’affaires accusée de peser sur les choix du gouvernement. Le chef de l'Etat a tout fait pour bloquer cette publication, finalement survenue sur ordre de la Haute Cour de Pretoria.


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C’est la consternation en Afrique du Sud, après la publication de ce document de 355 pages, listant les contacts, les rencontres, les conversations entre différents membres du gouvernement et la famille Gupta.

On y apprend qu’un député s’est rendu sept fois à la résidence des Gupta avant d’être nommé ministre des Finances, qu’un ministre adjoint s’est vu offrir plus 40 millions d’euros en échange de ses faveurs, et que le président Zuma lui-même a demandé à plusieurs reprises à ses collaborateurs d’aider les Gupta.
 
L’étendue de la mainmise de cette famille sur les affaires du gouvernement est effrayante, et le rapport de la médiatrice  demande au parquet et à la police d’enquêter sur de possibles « crimes » de corruption commis au sommet de l'Etat.

« Zuma est dans la poche des Gupta »

A peine la justice ordonnait la publication de ce rapport  que l’opposition appelait à la démission du président Zuma. A une centaine de mètres du tribunal, Julius Malema appelait ses troupes à marcher sur le siège du gouvernement.

« Zuma est dans la poche des Gupta. Et il est normal que nous demandions son départ. Il doit quitter le pouvoir car il n’est plus apte à exercer ses fonctions », considère le leader du parti radical Les combattants pour la liberté économique.

Pour Zwelinzima Vavi, ancien responsable de la Cosatu, la confédération syndicale alliée au gouvernement, ce n’est pas uniquement le chef de l’Etat qui doit tomber, mais également tous ceux qui l’ont soutenu.

« Tous ceux qui l’applaudissaient au Parlement, au gouvernement, tous ces gens doivent partir, a-t-il affirmé. Tous ceux qui ont hué la médiatrice de la République tout en protégeant le chef de l’Etat... »

« C'est une victoire pour la démocratie »


Difficile d’imaginer comment le président Zuma va pouvoir s’en sortir ce coup-ci. En place depuis 2009, il pourrait être accusé d’avoir abandonné ses pouvoirs à des individus extérieurs au gouvernement.

Plusieurs partis d’opposition ont déjà annoncé qu’ils lanceraient une motion de défiance contre le chef de l'Etat dès la semaine prochaine. « C'est une victoire pour la démocratie et pour le pouvoir constitutionnel », témoigne Mmusi Maimane, leader du principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique.

« Nous nous sommes battus au tribunal pour obtenir la publication de ce rapport. L'aspect le plus accablantk, c'est l'étendue de cette corruption. Quand vous regardez par exemple la compagnie nationale d'électricité Eskom, et ce que les Gupta ont pu faire avec, vous vous rendez compte que les ressources du pays ont été volées par quelques individus pour le bénéfice d'une poignée de gens », dénonce Mmusi Maimane.

Contestation jusque dans les rangs de l'ANC

« C'est un moment crucial en Afrique du Sud, ajoute M. Maimane. Je pense qu'il ne faut pas gaspiller cette opportunité et agir afin de se débarrasser de ce cancer. Nous avons déjà proposé un débat la semaine prochaine autour d'une motion de défiance envers le président. Ce débat aura lieu. »

Et de conclure : « Le point de départ est de se débarrasser de Jacob Zuma. Il est central et le rapport montre bien qu'il a violé toute éthique. Il nous faut donc commencer par là. »

Le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), a indiqué qu'il étudiait le document. Mais on sait que la contestation gronde également dans ses rangs. Coté Jacob Zuma, actuellement en visite au Zimbabwe, c’est le silence.

ABDOUL KADER Ba