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Affaire Khalifa Sall : A quoi joue le pouvoir? (LERAL)
Portant la réplique aux avocats de Khalifa Sall qui faisaient valoir son immunité pour exiger sa libération après qu’il est devenu député, Sidiki Kaba, ex-ministre de la Justice soutenait que les faits reprochés au maire de Dakar étaient antérieurs à son élection. Aujourd’hui, c’est cette même Justice qui demande la levée de son immunité parlementaire, pour le traduire devant les tribunaux. Une situation qui met de l’eau dans le moulin de ceux qui affirment que la Justice est instrumentalisée par l’Exécutif.
Ceux qui clamaient à cor et à cri que l’affaire Khalifa Sall était éminemment politique avaient-ils finalement raison ? En tout cas, certains faits troublants ont tendance à crédibiliser cette thèse. Aujourd’hui, avec le problème de la levée de son immunité parlementaire que la Justice réclame pour le juger alors qu’elle le lui avait toujours refusée pour le maintenir en détention, pose problème et soulève moult commentaires.
Et ce paradoxe noté au niveau de la Justice ne traduit elle pas la manifestation de l’inféodation de la Justice à l’Exécutif ? Comme pour calmer la clameur soulevée par cette bizarrerie, le nouveau Ismaila Madior Fall nouveau Garde des Sceaux, est monté au créneau.
Selon lui, « Aujourd’hui, si un citoyen est accusé, il faut lui garantir les conditions optimales d’un procès équitable, un procès qui réponde aux normes d’un bon procès. C’est pour cela que l’autorisation de juger le maire Khalifa Sall dans le cadre d’un procès équitable, est demandée à l’Assemblée nationale parce que la Constitution est claire en son article 61 ».
Dans le même ordre d’idées, le ministre de la Justice d’ajouter: « Khalifa Sall a été élu député ; a-t-il une immunité parlementaire ou non, c’est un débat qui peut être mené. En tous cas, il a été arrêté bien avant. Mais, le plus important, ce n’est pas d’épiloguer sur l’immunité parlementaire. Le plus important, c’est de respecter toutes les formes qui garantissent la tenue d’un procès équitable. Il ne faut oublier aucun détail procédural susceptible de remettre en cause ses droits ».
Seulement la sortie du ministre de la Justice intrigue plus d’un car vouloir lever une immunité qu’on lui a toujours dénié, cache des desseins inavoués. Et aujourd’hui, le comportement du pouvoir corrobore l’argument selon lequel Khalifa Sall empêche le régime de dormir. Pour reconquérir la ville de Dakar dont le maire de Dakar avait fini de faire un bastion imprenable, il fallait à tout prix le neutraliser, quels que fussent les moyens.
«Le président Macky Sall a les moyens de combattre quiconque veut le combattre. Lorsque quelqu’un s’oppose à lui, il a le devoir de répliquer et de faire face. Il ne faut pas avoir honte de dire que Macky Sall a des moyens légitimes d’investiguer, d’auditer les affaires de la République. Il peut l’exercer sur tout dépositaire d’un mandat public, en particulier ceux qui s’opposent à lui» déclarait le ministre d’Etat Mbaye Ndiaye, à propos de l’affaire Khalifa Sall. Si ce n’est pas un aveu, ça y ressemble fort.
Toujours est –il que le pouvoir gagnerait à combattre ses adversaires dans les règles de l’art mais en voulant chaque fois instrumentaliser la Justice pour solder des comptes politiciens, il joue à un jeu extrêmement dangereux pour la paix et la stabilité du pays. Car la Justice étant le dernier rempart de la démocratie, il faudrait qu'elle garde intacte sa crédibilité et son impartialité, étant donné que là ou règnent l’injustice et l’impunité, le chaos n’est pas loin.
Aujourd'hui, le procès de Khalifa Sall se profile à l'horizon et le citoyen lambda plutôt blasé, n'en attend rien sinon son épilogue, à savoir quelle sera la destination de l'exil forcé de Khalifa Fall à la façon Karim Wade, la nuit et en catimi !
LA REDACTION