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Adiouza: « Je n’ai pas le temps pour un homme, encore moins une relation amoureuse »


Samedi 14 Septembre 2013

Adji Kane Diallo, dite «Adiouza», est fille et digne héritière du célèbre chanteur Ouza Diallo. Elle continue de surprendre les mélomanes avec une audace et une assurance à travers ses sonorités musicales et ses vidéos «choquantes». Trouvée au domicile de son père à Hamo 4, la nouvelle coqueluche des mélomanes sénégalais, vêtue d’un haut Lacoste noir assorti d’un pantalon bouffant et d’un chapeau bleu, nous parle à cœur ouvert. Elle revient sur le titre de son album qui est une revendication d’identité, ses relations avec les hommes et les personnalités chantées dans le titre «Ndannaane».


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Parlez-nous de votre album ? 

L’album intitulé Li ma doon est sorti en mars 2013, il est composé de quatorze morceaux, sa composition a duré cinq ans ; et j’ai beaucoup voyagé pour faire des recherches musicales. Je suis partie au Brésil et au Portugal pour enrichir les sonorités. C’est pourquoi, je suis restée longtemps sans sortir un album. 

Après la sortie de votre album, on vous a nommée citoyenne d’honneur aux Etats-Unis. Qu’en est-il ? 

Oui, car récemment, j’ai été nommée citoyenne d’honneur aux Etats-Unis, dans la ville de Memphis précisément, lors d’un grand festival. Cette distinction, on m’a dit que je la dois au fait que je défends ma culture, qui est celle de l’Afrique. 

Pourquoi le titre «Li ma doon» ? 

«Li ma doon» est une recherche d’identité, la place de l’Africain dans le monde. C’est une revendication. Quand je dis «ce que je suis» dans la chanson cela renvoie au fait que je suis fatigué d’acheter des cheveux naturels, de vouloir ressembler à Rihanna ou à Beyoncé. Car, la mondialisation est à sens unique, et la loi du plus fort est la meilleure et c’est cette loi que nous imposent les Blancs. Et moi, ce que je dénonce, c’est le modèle de la femme occidentale qu’on nous impose à la télé. Je ne m’identifie pas à la femme occidentale. 

Voudriez-vous dire que les femmes sénégalaises ont aujourd’hui perdu leurs valeurs culturelles ? 

Non. Les femmes sénégalaises n’ont pas perdu leurs repères. C’est un combat personnel. Et c’est Adiouza elle-même qui est à la quête de son identité. 

Donc, Adiouza est prête à abandonner les cheveux naturels et autres artifices ? 

Non, pas forcément. Je ne vais pas arrêter les cheveux et autres trucs artificiels. Je l’ai dit à beaucoup de personnes qui m’ont dit que je critique les femmes artificielles. Mais, tel n’est pas le cas. 

«La musique sénégalaise stagne» 

Quel est donc le but de votre nouvelle vidéo sur laquelle vous apparaissez en femme «extravagante» ? 

Le clip est une parodie. On a fait exprès de montrer une femme extravagante qui se décarcasse pour ressembler à la femme occidentale. Et c’est plus intéressant et plus choquant de voir une Adiouza sous forme de Nicky Minaj, mais je n’ai pas voulu jouer ce rôle, néanmoins Gelongal m’a convaincu d’aller au-delà de mes limites. Car, pour eux, c’est plus attitrant de voir une autre Adiouza que de venir représenter directement la femme africaine, ça aurait fait moins d’effet. 

Vous avez joué Nicky Minaj qui vous va très bien, alors que vous revendiquez l’africanité. Les jeunes peuvent vous imiter dans ce nouveau look. Qu’en pensez-vous ? 

Non, je n’influence personne, je n’ai pas joué le rôle pour détourner, mais plutôt dénoncer. Je n’ai pas voulu le faire moi-même, mais je le fais en tant qu’actrice. Quand même, c’est pour la bonne cause. On m’a convaincue de le faire. Je m’adresse encore à moi-même et à beaucoup de femmes de ce pays. 

Adiouza a chanté les louanges de certaines personnalités connues dans le titre «Ndanaane». Est-ce par reconnaissance ? 

Ce n’est pas forcément qu’ils m’ont donné de l’argent. Toutefois, c’est pour rendre hommage à des personnes sans qui le 2ème album d’Adiouza ne verrait pas le jour. Ils m’ont aidé et m’ont remonté le moral en m’invitant à tout ce qu’ils organisent, et cela a coïncidé avec le moment où je n’arrivais pas à sortir l’album. J’ai eu beaucoup de difficultés en 2011 ; le côté financier ne suivait pas, ni le moral ; en plus du contexte politique. Et il a fallu que des personnes comme le président de la Gambie Jammeh, le maire de Dakar Khalifa Sall, Marème Chalar, Aline Koréa, Modou Bousso Lèye (alors ministre de la Culture du président Wade) m’assistent. 

«Yayah Jammeh apprécie la fille de Ouza» 

Quels sont vos rapports avec le président Yaya Jammeh ? 

Le président Jammeh est quelqu’un qui apprécie la fille de Ouza. Il ne connaît pas Adiouza. D’ailleurs, à chaque fois, il demande d’appeler la fille de Ouza. Sans lui et les autres, je n’allais pas sortir Li ma doon. Il fait partie des personnes qui apprécient ma personne. 

Pourquoi avoir fait les éloges de Marème Faye Sall juste après qu’elle soit devenue première dame ? Certains disent même qu’elle vous a donné de l’argent, que vous faites du sambay mbayane… 

Je l’ai incluse dans la chanson, car elle tombe à pic avec le concept de mon album qui est l’africanité, la sénégalité. Marème Faye Sall, je l’ai chantée, car elle représente bien la femme sénégalaise et cela lors de la visite du président Obama, on l’a vue habillée en boubou traditionnel. Je suis très fière de ma première dame. 

Adiouza a vécu en France. Mais, comment ? 

Je suis partie en Europe en 2002 pour faire des études en ethnomusicologie. Et après mon master, je suis revenue en 2008 pour sortir mon premier single Madou. Lors de mon séjour en France, je cumulais job et musique ; je travaillais dans un cabaret où j’ai acquis beaucoup d’expériences, c’est là où j’ai amélioré ma voix et mon style. 

Les musiciens se sont réunis dans un mouvement dénommé Doolel Caada, pour relancer la culture sénégalaise et défendre leurs intérêts. On n’a pas vu Adiouza, pourquoi ? 

Franchement, je n’étais pas au courant et Mame Goor on ne se côtoie pas vraiment. Si toutefois leur objectif va dans le même sens que ma vision des choses, pourquoi ne pas y aller ? 

Comment trouvez-vous la musique sénégalaise actuellement ? 

La musique sénégalaise ne s’exporte pas et cela pose toujours un problème. On tourne en rond, on refait les mêmes choses qui ont été faites depuis des lustres. La piraterie nous hante et la musique ne nourrit pas son artiste, ici au Sénégal. Franchement, la musique sénégalaise stagne. 

Si la musique sénégalaise ne s’exporte pas, comptez-vous exporter la vôtre un jour ? 

Ma musique s’arrête seulement au Sénégal, en Gambie et au Mali. Mais, je suis en train de préparer un single qui sortira en 2014 et dans lequel je ferai une ouverture musicale pour pouvoir l’exporter partout dans le monde. Car, c’est en étant célèbre dans le monde que l’artiste pourra atteindre une certaine dimension et devenir riche. On ne peut pas s’ancrer toujours dans la musique traditionnelle. 

Pourquoi Adiouza ne fait-elle pas beaucoup de duos ? Est-ce à cause de la rivalité qui existe entre les musiciens ? 

J’ai fait des duos avec certains artistes. Cependant, les Sénégalais avec leur mentalité, il n’est pas facile de travailler à deux dans le monde du showbiz. Raison pour laquelle, on ne voit pas beaucoup de duos. Peut-être qu’il y a un excès de confiance en chacun. De plus, il n’y a pas d’agents artistiques pour démarcher des duos et s’il le faut y mettre les moyens financiers qu’il faut. Donc, les artistes font le sauve-qui-peut pour s’en sortir, vu qu’il n’y a pas d’industries musicales. 

Comment voyez-vous le gouvernement de Macky Sall ? 

(Rire) Cette question, il fallait la poser à Ouza. Pour l’instant, ça ne va pas. Je ne dis que la vérité, car j’habite en banlieue, les gens disent toujours que la situation du pays est très rude, et je ne dirais pas le contraire. Actuellement, le contexte socio-économique est difficile. Cependant, il faut donner le temps au président pour qu’il puisse concrétiser sa vision. Il est en train de faire des pas, et c’est demain qu’on verra le résultat. Il a bien débuté sa politique en essayant de changer les mentalités et non en faisant du voyeurisme. 

«Certains hommes viennent vers moi juste pour se faire un nom» 

Et les boutiques sociales d’Adiouza continuent-elles toujours d’aider les pauvres ? 

Les boutiques marchent bien, mais on n’a pas pu aider toutes les familles, car on s’est rendu compte qu’il y avait toujours des familles qui continuaient à vivre dans la pauvreté. Et les denrées qu’on leur remettait ne leur suffisaient plus. Alors, on les a inclus dans des projets de vente pour qu’ils puissent s’entretenir eux-mêmes. 

Qu’attend Adiouza pour trouver chaussure à son pied ? 

(Rire) Le mariage, je le laisse à la Volonté de Dieu, c’est le destin, le jour où Il le décidera, je me marierai. Et comme disait Coumba Gawlo : «Sey chance leu». Un mari, on ne le force pas à venir, à moins que tu le demandes en mariage toi-même. 

«Je n’ai pas le temps pour un homme, encore moins une relation amoureuse» 

Récemment, on a entendu parler d’un mariage avorté d’Adiouza, qu’en est-il ? 

Tu sais, il est très difficile d’être une artiste femme dans ce pays. Les hommes ne nous comprennent pas et ont peur de s’engager avec les femmes de ce milieu ; ils pensent toujours que tu es en train de tourner dans les boîtes, en train de boire de l’alcool, de fumer, etc. au lieu de rester à la maison et de s’occuper de son mari. De plus, il y a des hommes qui ne pensent qu’à jouer avec les femmes et se faire un nom en disant que je suis avec tel ou telle artiste pour ensuite te laisser seule. Ils ne sont pas sérieux. 

Donc, vous êtes toujours célibataire ? 

Je n’ai plus le temps des hommes. Je n’ai pas le temps de m’occuper de moi-même, encore moins de le faire pour un homme, je suis prise entre les tournées et les voyages. Je n’ai pas le temps de m’investir dans une relation. 

Quels sont vos projets ? 

Je prépare une tournée européenne au mois d’octobre et un single qui va sortir en 2014. 

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