Accident mortel de l’élève Assane Guèye: Le procès de la négligence
Le tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné hier le chauffeur du car de transport des enfants de l’école ‘’Stella Maris’’ sise à Ouakam, Djily Seck et le convoyeur Samba Bidiar à 6 mois dont un ferme. Ils ont été attraits pour négligence ayant entraîné la mort de l’élève Assane Guèye âgé de 6 berges.
Le choc a été terrible. En recevant l’appel du directeur de l’école ‘’Stella Maris’’ lui demandant de passer le voir, Alioune Badara Guèye était loin d’imaginer le pire.
Sur les lieux, voyant son fils de 6 ans, Assane Guèye, élève en classe de CI, entouré de sapeurs-pompiers, son sang n’a fait qu’un tour. S’étant approché, son mauvais pressentiment s’est confirmé. Son fils venait de mourir dans des conditions malheureuses et horribles.
En effet, ce 8 février, aux environs de 13 heures, le car ‘’Ndiaga Ndiaye’’ transportant des élèves dudit établissement circulait tranquillement sur la voie urbaine N100, lorsqu’arrivé à hauteur de l’école des officiers de la gendarmerie nationale de Ouakam, la porte avant droite, n’étant pas complètement fermée, a entraîné la chute mortelle d’Assane Guèye.
Un conducteur a témoigné que quand la victime est tombée de plein fouet sur la chaussée, il a même failli rouler sur son corps.
Hier, le chauffeur du véhicule incriminé Djily Seck et Samba Bidiar ont fait face au juge du tribunal des flagrants délits de Dakar pour répondre des délits d’actes de négligence et d’homicide involontaire.
Marié et père de 6 bouts de bois de Dieu, le gardien devenu convoyeur, depuis l’ouverture des classes, a livré sa version des faits. ‘’J’ai fait embarquer les enfants à bord du car pour les ramener chez eux. Arrivé devant l’école des gendarmes, le conducteur a freiné brusquement et j’ai entendu les élèves crier qu’Assane Guèye était tombé.
C’est Djily qui avait fermé les portes du véhicule. Le petit était assis à côté du chauffeur. Moi, comme toujours, j’étais derrière pour surveiller le groupe. Je les empêchais de se tenir debout ou même de hurler à travers les fenêtres’’, a raconté le surveillant qui a fait ses premiers pas dans l’établissement en 2000.
Agé de 33 ans, célibataire sans enfant, Djily Seck a contredit son coprévenu. A l’en croire, il ne savait pas si la porte était fermée. De plus, il conduisait en ayant les yeux fixés sur sa direction pour ne pas heurter un piéton ou un usager de la route.
‘’J’étais en train de conduire, comme d’habitude, lorsque j’ai entendu des cris. Aussitôt, j’ai freiné avant de descendre du véhicule pour voir ce qui se passait. Là, j’ai vu un enfant qui gisait dans une mare de sang sur le trottoir’’, a raconté le sieur Seck qui a déjà séjourné en prison pour violences et voies de fait avant d’intégrer l’école, cette année.
Le juge : « Le car devait respecter les normes »
Sur ce, le juge Ngor Sène a asséné ses vérités aux prévenus, ainsi qu’aux responsables de ‘’Stella Maris’’. ‘’Le car Ndiaga Ndiaye appartenant à Dominique Hyacinthe n’a pas toutes les commodités requises pour le transport des enfants. Et ces derniers ne devaient pas s’asseoir devant et la portière devait être bien fermée. Assane n’avait même pas 8 ans. Donc, il n’avait pas la force de l’ouvrir. 3 élèves étaient assis devant. Imaginez, s’ils étaient tous tombés ! Le car devait respecter les normes’’, a-t-il asséné, avant de faire appeler le directeur Alphonse Ndane Ngom à la barre.
Qui a déclaré qu’ils ont des bus de l’armée, mais qu’à côté, ils signent des contrats avec des privés. Il a ajouté que ‘’l’enfant est tombé du véhicule par inadvertance, en manipulant le crochet de la porte’’. Le chauffeur Djily Seck à renchéri que ‘’le véhicule dispose de 40 places pour 32 élèves. Ce sont eux qui se précipitent pour se mettre devant. A notre départ, ils étaient 2 pas 3 devant’’.
Toutes ses révélations ont fait dire au Parquet que cette négligence est d’une extrême gravité. « Les enfants étaient âgés entre 6 et 12 ans et vous ne vérifiez pas les portes. Cet incident est douloureux, à cause d’un manque de vigilance », a-t-il lancé.
Une négligence que les prévenus ont démontrée au cours des débats d’audience, selon lui, alors que les parents de la victime sont dans le désarroi total.
Ce faisant, le maître des poursuites a requis 2 ans dont un an de prison. Les avocats de la défense, Mes Baba Diop et Théophile Kayossi, ont eux sollicité une application bienveillante de la loi pénale. Car leur conviction est que cette affaire est une « tâche noire » pour cette ‘’école très fréquentée, car ne présentant aucune commodité, aucune sécurité’’ pour ses élèves. Du coup, ils ont soutenu que leurs clients ne doivent pas payer pour toutes ces fautes. Car, disent-ils, ‘’les responsabilités sont partagées au sein de cet établissement’’.
Au finish, le tribunal a prononcé une peine de 6 mois dont un mois d’emprisonnement
XALIMASN
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