Abdoulaye Mbaye "Pekh" : «J’ai joué mon rôle...»

L’image a fait le tour de la toile. Le célèbre griot et membre du Parti démocratique Sénégalais (Pds), Abdoulaye Mbaye Pekh, qui tente de freiner Me Wade en plein dérapage verbal avant d’être rabroué. Dans un entretien exclusif en wolof avec Libération, Mbaye Pekh étale son amertume et dit ses vérités même s’il précise qu’il restera toujours loyal à Wade.

Vous avez tenté d’arrêter Abdoulaye Wade lorsqu’il a commencé à puiser dans les caniveaux. Pourquoi ?
Mbaye Pekh : «Guewel piir du jay nit. Dëg rekk la wara wax» (Un vrai griot ne tresse pas des lauriers à quelqu’un, il doit juste dire la vérité). J’étais avec Wade quand il était au pouvoir et je continue de rester avec lui. Je ne vais jamais le trahir mais il était de mon devoir de jouer mon rôle, c’est-à-dire d’empêcher qu’il ne dise des propos choquants. Wade a tout fait pour moi et je ne le laisserai pas se mettre à dos les Sénégalais. Macky Sall, je le respecte tout comme je respecte son épouse Marième Sall. Je ne serai jamais du côté de celui qui insulte. Je devais arrêter Wade et j’ai tenté de le faire.
Pourquoi ?
Parce que je pense, qu’avec tout ce qu’il a fait pour le pays, Wade ne doit pas se mettre à un certain niveau. Il ne faut pas qu’il gâche tout ce qu’il a fait à cause de simples paroles. «Kaddu yoyu waru ko wax» (Il ne doit pas proférer de tels propos). En tout cas, je travaille pour un dialogue entre toutes les parties. «Ludul yoone nak, du masi and» (Mais, je ne cautionnerai pas quelque chose d’anormal).
Quel appel lancez-vous ?
Il est temps que les autorités religieuses prennent la parole car, la situation est critique. Je l’ai répété, lors d’une émission avec Mansour Mbaye. «Ken warul setane dëk bi takk» (Personne ne doit regarder le pays s’enflammer). Trop, c’est trop ! «Kilifeu du wax xamone nakko waye wakhone nakko» (Un responsable ne dit jamais je le savais mais plutôt je l’avais dit). Donc, il est temps que tout le monde prenne la parole. Je demande à Macky Sall de ne pas user de ses Pouvoirs et de ne pas se mettre en colère.
«Liñu ko wakh dëk-bi yëp la méti» (Ce qu’on lui a dit reste en travers de la gorge de tous les Sénégalais). Cela fait mal mais, ce que j’ai fait tout le pays l’a vu. Et les gens m’appellent de partout, depuis ce matin (Ndlr, hier) pour se féliciter de mon attitude. Certes, je suis loyal à Abdoulaye Wade mais je veux que les gens dialoguent car, le pays nous appartient tous. Dans tous les cas, je continuerai à jouer mon rôle.

DAKARACTU