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ANCIEN DÉFENSEUR DES LIONS: HABIB BÈYE FOOT DU SÉNÉGAL


Lundi 16 Février 2015

De passage à Dakar le mois dernier avec Canal+ pour les besoins de la promotion de la Can 2015 (17 janvier8 février) qu’il vient de vivre en Guinée Equatoriale comme consultant, Habib Bèye s’est confié au journal Le Quotidien. L’ancien défenseur des Lions quitte momentanément les pelouses et les plateaux de télé, le temps de nous servir quelques confidences croustillantes.

On connaît votre parcours en tant que footballeur, mais beaucoup de gens ne connaissent pas votre enfance. Pouvez-vous nous en parler ?

Je suis né en France, à Suresnes dans le 92, dans les Hautes Seines. A trois ans, mes parents ont déménagé et nous sommes partis habiter dans le 78 où j’ai passé la plus grande partie de mon enfance. Une famille calme dans un foyer modeste, mais on ne manquait de rien. On avait tout ce qu’on voulait avec ma sœur, puisqu’on est que deux. Ma sœur est mon aîné de six ans. Mes deux parents travaillaient avec une bonne situation.

On n’était pas riche, mais on n’était pas pauvre aussi. On a été élevé avec les deux cultures. Celle de mon père qui est Sénégalais et celle de ma mère, Française. Ma maman est catholique et mon père musulman. Donc, on a été bercé entre deux religions, même si la religion n’était pas omniprésente dans notre éducation.

Nos parents nous ont laissé le choix de décider de notre vocation et de notre voie. Rien ne nous a été imposé, ce qui est très intéressant dans le monde dans lequel on vit aujourd’hui. La religion, c’est la foi. Il faut savoir la ressentir à l’intérieur.

Quand avez-vous découvert le Sénégal ?

Notre premier passage au Sénégal, j’étais adolescent. Si je ne me trompe pas, j’avais 16 ou 17 ans. Quand on était tout petit, on ne venait pas souvent au Sénégal. Mais mon papa y était tout le temps. Evidemment, il y avait le problème de la langue. On a souvent reproché à mon papa de ne pas nous avoir forcé à parler wolof. Je peux le comprendre dans ce sens où il habitait en France, et aussi ma mère est française. Aujourd’hui, je le regrette un peu.

Mais je ne lui en veux pas du tout. Ce sont des choses de la vie. J’ai vécu une belle enfance. L’éducation de mes parents m’a permis de m’affirmer. Même si je ne suis pas parfait, je suis fier d’être l’homme que je suis aujourd’hui. Je suis quelqu’un de bien et qui essaye de faire du bien autour de lui.

Vous débarquez à Dakar à 16 ans. Qu’est-ce qui vous a marqué durant ce premier séjour ?

Je débarque pour la première fois avec ma sœur. Déjà, j’ai la chance de voir ma grand-mère, Léna. Malheureusement, elle n’est plus là aujourd’hui. Cela m’a permis de connaître ma grand-mère. Souvent, on avait voulu venir avec mon papa.

Après, le voyage ça coûte cher. Ça a été une révélation de connaître mon pays d’origine. Ce qui m’a le plus marqué, c’est le décalage. Entre ce qu’on pouvait connaître en Métro pole et les difficultés des gens au quotidien, c’est un retour à la réalité de ce qui est réellement la vie.

Quand on s’apitoie sur son sort par rapport à des choses qu’on peut vivre qui sont pour moi des futilités et quand on voit les difficultés des gens, on apprend beaucoup de choses. Et on constate que ce n’est pas propre seulement au Sénégal. C’est partout en Afrique, en Europe, dans le monde entier. Ce qui m’a également marqué, c’est les sourires des gens.

J’ai l’impression que tout le monde est heureux. Les gens se contentent de ce qu’ils ont. Le Sénégal, c’est un pays chaleureux, accueillant. J’ai été presque adopté par ce pays. Quand je suis arrivé, je me suis senti Sénégalais. Mais on me le fait sentir aussi. Et comme je le dis souvent, je revendique mes deux cultures. Je suis autant Sénégalais que Français. Il y a du bon à prendre dans toutes les cultures.

Vous avez dû faire un choix pour votre carrière de footballeur. Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir le Sénégal ?

Je pense que ma décision aurait été différente si je n’étais pas venu pour la première fois. La première personne sur qui je me suis appuyé, c’est mon père. Il a été international sénégalais. Il a joué au Sénégal. Mon père m’a dit que je devais le sentir pour choisir le pays. Ma mère n’a émis aucune réticence. C’est quelqu’une qui a envie que je m’épanouisse dans ma vie. Elle a été choquée dans le bon sens du terme quand elle a vu tout l’engouement qu’il y avait autour de cette équipe.

Elle ne s’imaginait pas de telles choses. Je crois que c’est là qu’elle a mesuré l’importance de mon choix. J’ai également vu beaucoup de fierté dans les yeux de mon père, le jour où je lui ai dit que j’avais choisi le Sénégal. Il faut dire aussi que Bruno Metsu a été un grand artisan dans ma venue. Au même moment, El Hadj (Diouf) me disait la même chose. A l’époque, j’avais l’équipe de France A’ qui m’avait présélectionné.

J’étais dans une short-list de 50 joueurs pour être en équipe de France. A l’époque, Claude Le Roy, qui était mon directeur sportif, m’a tenu le même discours, entre le choix de carrière et celui du cœur et qu’il fallait savoir faire le mélange des deux. J’ai refusé une première fois les appels de Bruno qui m’a ensuite rappelé juste avant un match contre l’Algérie. Mon premier match, ce fût contre le Maroc à Dakar.

Qu’est-ce qui a finalement pesé sur la balance ?

J’ai finalement accepté parce que je savais qu’un jour je toucherai l’équipe de France. Après, quand on a la perspective de disputer une Coupe du monde et dans un choix de carrière, j’ai décidé de venir représenter mon pays. Et la sélection m’a permis de me rapprocher de mon pays d’origine. C’est vrai que j’étais un peu dans l’inconnu. Je me posais toutes sortes de questions. Est-ce qu’on va m’accepter ?

Après, j’ai eu la chance de montrer aux gens que j’aurais pu évoluer en équipe de France. J’ai été capitaine d’un grand club français (Olympique de Marseille). Donc, les gens ne peuvent pas dire que j’ai fait ce choix juste pour jouer une Coupe du monde ou une Coupe d’Afrique. De toutes les façons, j’aurais joué une Coupe du monde avec la France et d’autres compétitions. Je suis satisfait de mon choix. Je ne regrette rien.

J’ai vécu des moments extraordinaires avec cette sélection. Ça va audelà des mes espérances. Dans mes trois meilleurs souvenirs de footballeur, sûrement en première place il y a notre épopée en 2002. Le deuxième, c’est l’Om parce que ce club m’a fait connaître en Europe. J’ai été capitaine de ce club. C’est un héritage que je n’oublierai pas.

Le dernier, c’est mon passage en Angleterre où j’ai été élu joueur du club (Newcastle) dès ma première année. J’ai été élu par mes pairs qui sont des Anglais dans cette équipe où j’ai été capitaine. J’ai beaucoup de souvenirs.

Que seriez-vous devenu si vous n’aviez pas choisi le football ?

J’ai fait des études d’expertise comptable. J’ai obtenu mes deux diplômes, le Bep et le Bac Pro comptabilité. Ensuite, je suis parti à Strasbourg. Mais je n’étais pas disposé à être dans un bureau. Je suis un homme de terrain. J’aime bouger, partager, créer, avoir des idées.

Je ne pense que cela soit compatible en restant dans un bureau toute la journée. J’aurai été proche sûrement des éducateurs sportifs, quelque chose autour du sport. Ça fait deux ans que j’ai arrêté et je cours au moins trois fois par semaine. Je fais du sport tous les jours. C’est vital.

Quels genres de petits boulots avez-vous fait dans votre jeunesse ?

Je travaillais au Quick. C’est l’équivalent du Mc Donald. Je faisais des hamburgers à 16 ans jusqu’à 18 ans. Il fallait se faire un peu d’argent pour payer ses vacances avec les amis. On rentre dans le milieu du travail. On est gouverné. Et moi, j’ai toujours eu du mal avec l’autorité. Je suis quelqu’un de caractériel. Si ça va dans le bon sens, ça va.

Mais si je sens qu’elle est un peu appuyée, j’ai du mal à l’accepter. J’ai eu souvent ce problème avec mes entraîneurs. Par moment, ça m’a porté préjudice, mais aussi ça a été ma force parce que c’était mon caractère.

Votre sœur n’est pas connue au Sénégal. Cela ne l’a pas marquée ?

Elle n’est pas beaucoup venue. Maintenant, c’est comme je le dis. Si je n’étais pas en sélection, est-ce que j’aurais cet attachement. Je sais qu’elle a le projet d’amener ses enfants ici. Je l’ai déjà fait. En tous les cas, c’est ma confidente. On est fusionnel, malgré la différence d’âge qu’il y a entre nous deux. Jusqu’à aujourd’hui, elle est présente dans ma vie.

Elle travaille dans un cabinet d’expertise comptable. Quand on est footballeur et qu’on gagne autant d’argent, c’est important d’avoir les pieds sur terre. Elle a un regard sur mes investissements, dans la gestion de mon argent.

Comment avez-vous vécu les moments où vous aviez signé votre premier contrat ?

On vient me chercher en Cfa. Un pari fait par Claude le Roy et Pierre Mankowski. Et je ne revendique rien. Il me propose un contrat de quatre ans. Et je devais gagner l’équivalent de 5 millions Cfa. Voilà le salaire que je devais avoir. Ce n’était pas beaucoup d’argent par rapport à l’évolution du football. Aujourd’hui, un jeune footballeur signe 15 mille à 20 mille euros par mois son premier contrat. Alors que moi je n’avais que 2 000 euros et j’étais très content.

C’est ce que ma mère gagnait alors qu’elle travaillait depuis 30 ans. Je n’avais jamais imaginé pouvoir gagner cette somme. C’est beaucoup d’argent par rapport à mes parents. Mais au départ, l’argent n’est pas une source de motivation. Il le devient quand cela devient un métier. A partir là, je savais que le football allait devenir mon métier. J’ai laissé tomber les études alors que je pouvais aller à la Fac.

Avez-vous fait le service militaire ?

Non, j’ai échappé (rire). Ils sont venus me chercher, mais je me suis caché. Je peux le révéler aujourd’hui. J’ai reçu la convocation de ce qu’on appelle en France, «Les trois jours». Vous y allez et on vous évalue en une journée et demie.

Après, on vous dit si vous êtes apte à faire le service militaire. Quand on a reçu la convocation au club ce jour-là, je n’étais pas là. Je n’y suis pas allé. Ensuite, il y a eu la loi Chirac qui est passée et qui m’a permis de ne pas être obligé de faire le service militaire.

Il y a beaucoup de joueurs professionnels qui font le service militaire...

Oui et qui disent que c’était un enrichissement pour eux. Je les crois sur parole. Ce n’est pas que je ne voulais pas le faire, je voulais retarder l’échéance. Il s’est trouvé après que cette loi est passée.

On parle beaucoup de BlancBlack-Beur. Vous qui êtes né en France, avez-vous été stigmatisé?

Non ! J’ai lu quelque chose de Souleymane Diawara (ancien coéquipier en sélection nationale). Il a dit : «Aujourd’hui, il y a des Blacks, il y a des Blancs, il y a des Beurs, il y a des juifs, des musulmans, des bouddhistes, des Chinois, alors qu’avant il y avait des copains.»

J’ai trouvé cette phrase exceptionnelle. Cela veut dire qu’avant, on était tous des copains. Aujourd’hui, on est classé. On mélange religion, classe, couleur. J’ai trouvé cette phrase magnifique par rapport au contexte actuel. J’ai grandi dans un mini-quartier.

Mon voisin du premier, c’était un Chinois. On partait chercher des nems chez lui. Celui du deuxième, un Algérien. On allait chercher chez lui des frittes. Nous, on est des Sénégalais. Les gens venaient chez nous chercher du yassa ou du thiep. Jamais je n’ai cherché à savoir si mon copain est un Chinois ou autre chose. Ce n’était pas important. Je trouve que c’est un vrai problème dans notre société.

Avez-vous souffert du racisme?

Bien sûr ! Mais le racisme n’est pas que black. Il y a des Blancs qui ont vécu le racisme. Tout le monde vit le racisme. Je vais vous donner une anecdote simple : ma famille a un papa black et sa mère est métissée martiniquaise. Elle a la peau un peu mate, mais blanche.

Donc, ma fille rentre un jour de l’école et elle me dit : «Papa je ne vais plus me détacher les cheveux pour aller à l’école.» Elle a les cheveux bouclés. Et je lui dis pourquoi ? Elle me dit : «Parce qu’à l’école, on me dit que je n’ai pas de beaux cheveux.»

Mon devoir de père, ce n’est pas de lui dire qu’il y a du racisme ou encore qu’il y a des enfants bêtes. Je ne vais pas lui dire ça parce que je vais la mettre dans une position de faiblesse. Sauf que moi, j’ai envie de la mettre dans une position de force.

Je lui ai donc dit : «Est-ce que tu te rends compte de la chance que tu as d’avoir des cheveux commeça? Il y a des gens qui rêveraient d’avoir des cheveux comme ça.» Si elle est dans une position de faiblesse, elle va s’enfermer. Il ne faut pas laisser passer ce genre discours. Etre victime de racisme doit vous mettre dans une position de force. On doit se dire que cette personne vous jalousait. C’est comme ça. Sinon vous n’allez pas avancer dans la vie.

Comment avez-vous vécu les évènements de Charlie Hebdo ?

C’est condamnable. On parle de liberté d’expression. C’est un débat sensible aujourd’hui, mais on ne peut pas rentrer dans ce type de violence et de barbarie. On a le droit de ne pas être d’accord, de s’offusquer, mais pas par les armes.

Parlons d’investissement. Vous avez préféré investir dans quel domaine ?

Beaucoup dans l’immobilier. Aujourd’hui, c’est ce qu’il y a de plus sûr. J’ai beaucoup de biens en France. J’en ai également ici au Sénégal. J’ai un appartement ici qui est loué par une ambassade et qui est à Fann Résidence et qui me rapporte de l’argent. J’ai aussi la maison familiale à Thiaroye que nous avons refaite avec mon papa et qui est une très belle maison. Cela fait partie de la gestion d’un joueur.

Il y a beaucoup d’anciens qui ont également songé à ouvrir des centres de formation. Son gez-vous à ce genre de projet ?

Il est arrivé qu’on me propose de détecter des joueurs avec l’agent avec qui je travaillais. Mais c’est un peu compliqué en termes de logistique. Je pense qu’il y a de très bons centres de formation qui ont été faits ici. Pour créer quelque chose, ce n’est pas juste pour créer.

Il faut que ça dure. Mais queçadureunan,deuxansoùonva voir mon nom, ça va faire ma publicité et après, je disparais. Etre un investisseur individuel, c’est compliqué. J’ai une réflexion un peu différente sur ce que je pourrais faire ici et qui n’a rien à voir avec le football.

C’est quoi ?

C’est dans l’agriculture. Mon père l’a commencé. Malheureusement, ça s’est arrêté pour des raisons qui lui étaient personnelles. J’estime que notre pays est une terre fertile. Je sais que mon ami Ferdi (Coly) est dedans.

Avec l’autosuffisance alimentaire aujourd’hui, toutes ces choses-là, c’est quelque chose qui est important. Je ne peux tout dévoiler pour l’instant. C’est quelque chose que je vais faire avec mon papa et des gens de ma famille également. C’est une idée que je n’ai pas encore entendue au Sénégal. Ça prendra du temps. On verra.

Une nouvelle reconversion ?

Oui, par rapport au football. C’est bien d’avoir plusieurs cordes à son arc. J’estime qu’aujourd’hui, il n’y a pas que le football dans la vie.

Avez-vous des projets avec la génération 2002 ?

C’est bien d’en parler. Je pense d’abord qu’il est important qu’on se réunisse pour reformer cette équipe un jour. Que cette équipe puisse se représenter face au Peuple sénégalais. Quand on voit France 98 qui fait des matchs. 2002 aujourd’hui n’a rien fait. On a rarement été tous ensemble au restaurant ou tous ensemble au Sénégal. Ce serait important qu’on le fasse.

D’autant plus que d’ici quelques années, on ne pourra plus le faire. Avant de penser à une association ou toute autre chose, il faut que cette génération puisse se réunir. Grace à Dieu, cette génération, tous on a gagné de l’argent. Après, il faut essayer de transmettre. Il y a des gens intelligents dans cette sélection. Que chacun trouve du temps. J’espère, dans un futur proche, qu’on puisse le faire.

Parlant de la génération 2002, vous étiez proche de quel joueur ?

(Direct) Avec Lamine Diatta. C’est mon bi-nomme. C’est mon poisson pilote. En sélection, on était en chambre ensemble. Même si j’avais énormément d’affinité avec les autres également. Mais comme vous m’avez demandé un, c’est Lamine Diatta.

Vous vous êtes connus en sélection ou avant ?

Oui, en sélection. Quand je suis arrivé, au début, j’étais en chambre avec El Hadj (Diouf). Après, avec son style de vie (taquin), je me suis dit, il faut que je change de chambre. Je crois qu’il était avec Alassane Ndour ou Kali (Fadiga). Du coup, avec Lamine, on a construit une amitié qui est aujourd’hui intacte. Ça va au-delà. C’est mon frère.

Il n’y a pas une semaine où on ne se parle pas. On s’est vu à Paris dernièrement. C’est ce genre de personne qui peut beaucoup apporter à la sélection nationale. Il a cette intelligence et cette légitimité par rapport à son parcours en Equipe nationale.

Je dois dire aussi que j’étais proche de Ferdi (Coly), El Hadji (Diouf), Kali (Fadiga), Sylvain Ndiaye, Aliou Cissé. Sinon, comme disait Bouba Diop de Henri Camara, Lamine Diatta c’est mon copain.

Vous a-t-on déjà dit que beau gosse ne rime pas avec football ?

(Direct) Oui !

Vous a-t-on une fois dit que vous auriez pu devenir mannequin ?

Je ne sais pas. Je me suis toujours vu comme un footballeur. Mais pas mannequin.

Pourquoi ?

Je n’ai jamais été démarché pour l’être. Ça n’a jamais été dans un coin de ma tête. Quand j’étais footballeur, on m’a proposé de faire de photos. C’était pour une campagne de publicité. J’aurais pu gagner de l’argent, peut-être. Mais pour moi, mon métier c’est le football et je ne voulais pas que quoi que ce soit vienne polluer ça.

Peut-être que c’était une erreur parce que je me rends compte aujourd’hui que cela fait partie de la panoplie d’un footballeur de faire de la publicité, de vendre plus ou moins son image. Je ne l’ai peut-être pas assez vendue.

Pensez-vous que c’est toujours possible ?

Bien sûr ! Mais j’ai vieilli quand même (rires). Après, c’est vrai que j’ai eu du succès avec les femmes. Voilà !

Dans votre carrière, vous avez eu un statut de leader dans tous les clubs où vous êtes passé, en étant même capitaine. Par contre, en sélection, ce n’était pas facile...

J’ai été capitaine en sélection, mais pas longtemps. Ce qu’il faut savoir, c’est que la génération que j’ai traversée de 2002 à 2008 avait des joueurs clés. Quand je suis arrivé, j’étais le meilleur joueur de mon club, en France. Je venais d’être transféré à Marseille et j’étais remplaçant. Dans cette équipe du Sénégal, je n’ai jamais rien demandé. On m’a mis remplaçant de Ferdinand Coly, je l’ai accepté parce que c’était mérité et Ferdy était le meilleur à l’époque.

Et j’ai attendu tranquillement mon heure. Un jour, je suis rentré titulaire dans cette équipe. Etre leader, ce n’est pas se lever un jour et dire c’est moi le leader. Il faut que cela soit naturel. Il faut que quand vous prenez la parole, au même titre qu’un entraîneur dans votre club, que les gens vous regardent en disant : lui quand il parle, il faut l’écouter. Vous savez, mieux vaut dire un mot important qu’un récit qui passe à travers tout le monde.

J’estimais peut-être que dans cette équipe-là il y avait des gens plus importants comme Lamine Diatta, Ferdinand Coly, El Hadj Diouf, Kalilou Fadiga, Aliou Cissé, Henri Camara, Moussa Ndiaye. Après, le leader, il vient naturellement.

Vous savez, quand on m’a donné le brassard, ça a fait jaser. Je n’avais forcé personne pour qu’on me le donne. J’ai pris mes responsabilités en tant que capitaine. Sinon être leader, c’est un mot assez aléatoire. Si être leader c’est crier, se montrer, être présent dans les journaux, ce n’est pas mon métier. En sélection, j’ai été leader. Peut-être un peu moins qu’un Aliou Cissé ou Ferdinand Coly.


ANCIEN DÉFENSEUR DES LIONS: HABIB BÈYE FOOT DU SÉNÉGAL
Aujourd’hui, vous êtes consultant à Canal+. J’imagine que l’ambiance est différente de celle que vous viviez sur le terrain...

En effet, ce n’est pas la même chose. C’est complètement différent. Ce qui est important, c’est de couper, d’être capable de faire le deuil de ce qu’on a vécu pendant 15 ans. Il ne faut jamais dire : si j’avais su, si j’avais pu, si j’étais là. Moi, j’ai coupé.

J’estime avoir bien fait une carrière au-delà des mes espérances. Je n’ai aucun regret par rapport à ce que j’ai vécu. Je n’ai aucune amertume par rapport à ce que je vois aujourd’hui. Si cette équipe gagne une fois la Can, ça ne changera rien à la perception des gens vis-à-vis de nous, de la génération 2002.

Les gens nous diront : Merci pour ce que vous avez fait. Ce n’est pas la même génération et chaque exploit est différent. Maintenant, mon rôle de consultant est d’essayer d’apporter quelque chose dans mon nouveau métier aux téléspectateurs, aux gens qui m’écoutent, qui me regardent. Et je suis très satisfait de la vie que je mène actuellement.

Comment avez-vous atterri à Canal+ ?

C’est assez simple. J’amenais ma fille à l’école et j’ai rencontré un journaliste qui travaille à Canal+ et qui m’a demandé ce que je devenais. Je lui dis que je m’occupe de mes enfants, de mes affaires et que cela faisait six mois que j’ai arrêté. Que je prenais un peu de recul par rapport au monde du football.

Il me dit : «Pourquoi tu ne te fais pas consultant ?» Je lui dis que ça n’a jamais été dans mes ambitions. Après, il me dit : «Tu présentes bien, tu parles bien. Il faut que tu essaies, si ça ne le fait pas, tu arrêtes.»

Et il m’a fait rencontrer le directeur de Canal qui m’a dit que mon profil les intéresse par rapport à la Premier League parce que j’y ai joué pendant cinq ans. Ça a démarré comme ça. Après, on m’a trouvé bon. Là, je continue à grandir, à apprendre dans mon métier.

Y avait-il une certaine pression ?

Non (direct) ! Mon premier match, c’était New York Red Bull de Thierry Henry contre Lyon, en match amical. Je me suis dit : On va essayer. Après une fois, deux fois, trois fois et les gens sont revenus vers moi pour dire : «Ecoute, il y a quelque chose. Il faut que tu continues à travailler. On va t’expliquer certaines choses.» J’y ai pris goût. Ensuite, je me suis déplacé sur les terrains. On voit les joueurs arriver. Je me nourris d’autres choses et je prends beaucoup de plaisir à le faire.

Vous intéressez-vous à la politique ?

Je m’y intéresse bien sûr, mais pas pour la pratiquer. J’estime qu’il est important de se cultiver, de connaître les gens qui vous gouvernent, de savoir ce qu’est la politique, de droite, de gauche, les extrêmes. C’est un enrichissement personnel. Mais je n’ai aucune vocation politique.

Etes-vous proche des politiciens ?

Ici, je n’en connais aucun. En France, non plus. On est amené à rencontrer les politiciens quand on est footballeur. Notre génération a eu l’occasion de rencontrer le Président Wade. On était souvent à son contact. C’est quelqu’un qui a entouré l’Equipe nationale. Ce serait avec plaisir que j’échangerai avec le Président Wade si je suis amené à croiser son chemin.

Et l’actuel Président, Macky Sall?

Egalement, ce serait un plaisir d’échanger avec lui. La politique, ce n’est pas seulement les gens en place. Il y a aussi des gens qui ont marqué le Sénégal et qui sont toujours intéressants de rencontrer. La vie est une culture permanente. Est-ce qu’on peut rester une journée sans échanger avec quelqu’un ? C’est difficile. Si ça arrive au moment de se coucher, il y aura un grand moment de solitude.

LEQUOTIDIEN

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Aujourd’hui, vous êtes consultant à Canal+. J’imagine que l’ambiance est différente de celle que vous viviez sur le terrain...

En effet, ce n’est pas la même chose. C’est complètement différent. Ce qui est important, c’est de couper, d’être capable de faire le deuil de ce qu’on a vécu pendant 15 ans. Il ne faut jamais dire : si j’avais su, si j’avais pu, si j’étais là. Moi, j’ai coupé.

J’estime avoir bien fait une carrière au-delà des mes espérances. Je n’ai aucun regret par rapport à ce que j’ai vécu. Je n’ai aucune amertume par rapport à ce que je vois aujourd’hui. Si cette équipe gagne une fois la Can, ça ne changera rien à la perception des gens vis-à-vis de nous, de la génération 2002.

Les gens nous diront : Merci pour ce que vous avez fait. Ce n’est pas la même génération et chaque exploit est différent. Maintenant, mon rôle de consultant est d’essayer d’apporter quelque chose dans mon nouveau métier aux téléspectateurs, aux gens qui m’écoutent, qui me regardent. Et je suis très satisfait de la vie que je mène actuellement.

Comment avez-vous atterri à Canal+ ?

C’est assez simple. J’amenais ma fille à l’école et j’ai rencontré un journaliste qui travaille à Canal+ et qui m’a demandé ce que je devenais. Je lui dis que je m’occupe de mes enfants, de mes affaires et que cela faisait six mois que j’ai arrêté. Que je prenais un peu de recul par rapport au monde du football.

Il me dit : «Pourquoi tu ne te fais pas consultant ?» Je lui dis que ça n’a jamais été dans mes ambitions. Après, il me dit : «Tu présentes bien, tu parles bien. Il faut que tu essaies, si ça ne le fait pas, tu arrêtes

Et il m’a fait rencontrer le directeur de Canal qui m’a dit que mon profil les intéresse par rapport à la Premier League parce que j’y ai joué pendant cinq ans. Ça a démarré comme ça. Après, on m’a trouvé bon. Là, je continue à grandir, à apprendre dans mon métier.

Y avait-il une certaine pression ?

Non (direct) ! Mon premier match, c’était New York Red Bull de Thierry Henry contre Lyon, en match amical. Je me suis dit : On va essayer. Après une fois, deux fois, trois fois et les gens sont revenus vers moi pour dire : «Ecoute, il y a quelque chose. Il faut que tu continues à travailler. On va t’expliquer certaines choses.» J’y ai pris goût. Ensuite, je me suis déplacé sur les terrains. On voit les joueurs arriver. Je me nourris d’autres choses et je prends beaucoup de plaisir à le faire.

Vous intéressez-vous à la politique ?

Je m’y intéresse bien sûr, mais pas pour la pratiquer. J’estime qu’il est important de se cultiver, de connaître les gens qui vous gouvernent, de savoir ce qu’est la politique, de droite, de gauche, les extrêmes. C’est un enrichissement personnel. Mais je n’ai aucune vocation politique.

Etes-vous proche des politiciens ?

Ici, je n’en connais aucun. En France, non plus. On est amené à rencontrer les politiciens quand on est footballeur. Notre génération a eu l’occasion de rencontrer le Président Wade. On était souvent à son contact. C’est quelqu’un qui a entouré l’Equipe nationale. Ce serait avec plaisir que j’échangerai avec le Président Wade si je suis amené à croiser son chemin.

Et l’actuel Président, Macky Sall?

Egalement, ce serait un plaisir d’échanger avec lui. La politique, ce n’est pas seulement les gens en place. Il y a aussi des gens qui ont marqué le Sénégal et qui sont toujours intéressants de rencontrer. La vie est une culture permanente. Est-ce qu’on peut rester une journée sans échanger avec quelqu’un ? C’est difficile. Si ça arrive au moment de se coucher, il y aura un grand moment de solitude.

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