Société

ALIOUNESARR,PRESIDENT DU CNG: ‘’AUCUN LUTTEUR NE PEUT ÉCHAPPER AUX TESTS ANTIDOPAGE !’’


Mercredi 17 Juin 2015

Les lutteurs Sa Thiès et Lac Rose ont effectué des tests antidopage juste après leur combat. L’Association de lutte antidopage les en avait-elle prévenus ?

Avant tout, j’applaudis pour ce contrôle ! J’étais au courant. En tant que responsable, j’ai eu à échanger avec les collègues responsables de ce secteur au niveau de l’Association nationale. Rappelez-vous qu’il y a quelques années, j’ai eu à dire qu’il était temps que les tests se fassent.

Malheureusement, la presse avait mal rendu ce qui a été dit, avançant que le Cng n’a pas les moyens de faire les tests antidopage. Parce que cela ne se faisait pas dans le pays et que ça coutait cher. Mais, vous savez, au niveau national, il y a un comité qui s’occupe de la lutte contre le dopage, toutes disciplines confondues. L’un des lutteurs a eu à dire que ce contrôle ne figurait pas sur son contrat ; il n’avait pas compris qu’en cherchant une licence, il se mettait sous le coup de la charte olympique dont font partie les tests antidopage.

Ce sont des tests inopinés, cela veut dire qu’on n’avertit pas. Ça peut se faire avant, durant, après et même chez un licencié qui n’a même pas de combat. Les lutteurs doivent comprendre cela, et on les avait déjà prévenus.

Quand nous avons reçu la lettre circulaire de l’Association nationale de lutte antidopage, nous l’avons envoyée à toutes les formations affiliées au Cng. Donc, il ne peut pas avoir de surprise. Ce qu’il faut préciser, c’est que si un lutteur est testé positif, en général, c’est deux échantillons qui sont prélevés. L’un pour faire le test et l’autre est conservé au cas où il y aurait contestation.

Si après contestation le dopage positif est confirmé, les sanctions sont assez sévères. Cela peut aller jusqu’à trois ans de retrait de la licence ou de suspension. Il faut rappeler aussi que si le lutteur ou le sportif refuse le test, on le considère comme positif, donc comme dopé.

Si la commission le rate à trois reprises également, on considère qu’il fuit les tests ou qu’il cache quelque chose, et est considéré comme dopé. Et les sanctions seront les mêmes. Même si le sportif doit quitter le territoire national, il doit donner l’adresse exacte quel que soit l’endroit où il ira, parce que l’équipe sénégalaise a des partenaires dans tous les pays.

Il suffit de dire qu’il est dans telle ville, à telle avenue et à tel numéro pour qu’on téléphone à l’équipe qui est sur place, afin qu’elle aille faire ses prélèvements. Donc, personne ne peut échapper aux tests. Qui sera testé cependant ? Seule l’association décidera et en temps opportun.

Sa Thiès est donc considéré comme doper, car n’ayant pas accompli le test comme il le fallait ?

Je pense que ceux qui étaient là ce jour-là ont été cléments avec lui. Les règles sont très claires. Après un combat, quand vous êtes ciblé par tirage au sort, tant que vous ne produisez pas le volume d’urine demandé, vous ne quittez pas la salle de test. Ils ont été assez gentils avec lui, parce qu’ils lui ont dit qu’il pouvait revenir alors qu’il n’avait pas recueilli la quantité nécessaire.

D’ailleurs, j’ai appris qu’il est revenu et a finalement effectué le test. Les résultats seront connus dans quelques jours ou semaines. S’ils sont négatifs, tant mieux pour nous de l’arène, car les suspicions sont énormes concernant les surcharges de poids.

Mais, je tiens à rappeler qu’il y a quelques années, Yékini avait été testé négatif en Afrique du Sud après avoir battu le champion local en lutte olympique. Ce qui était déjà salutaire pour l’arène. Je n’accuse personne ; personne ne peut dire que je ne me dope pas.

Ce sont les résultats qui le diront. Ce que je conseille donc aux sportifs, c’est de s’informer sur la liste des produits considérés comme dopants. Ça peut aller des corticoïdes aux diurétiques, et beaucoup d’autres produits.

Donc, si vous êtes malade et que l’on vous prescrit une ordonnance, il faudra la garder et informer votre écurie, qui informe à son tour le Comité national des produits que vous prenez. De sorte que si on vous testait et qu’on trouve ces produits là dans vos urines, que l’on comprenne que c’était pour vous soigner et non pour vous doper. Cela ne veut pas dire qu’il faut aller chercher une ordonnance pour tous les produits que vous prenez.

Tout cela, c’est pour les protéger, parce que s’ils prennent des produits qui vont détruire leur système physiologique, ils ne pourront pas jouir positivement de ce qu’ils gagnent durant leur vie sportive. Ce faisant, ils ont intérêt à respecter les lois du sport, à utiliser les moyens naturels pour faire ses performances et non pas des produits dopants pour faire mieux.

Reconnaissons qu’autant il y a des gens qui luttent contre le dopage, autant il y a parmi les médecins et les biologistes des gens qui passent toute leur vie à passer entre les mailles. Le fait même de prendre une transfusion sanguine à quelques jours d’une compétition, c’est vous exposer.

Les lutteurs décrient le manque de communication du Cng par rapport à certaines décisions. N’est-il pas temps pour vous de faire passer le message autrement qu’à travers les communiqués et les managers ?

Le Cng communique avec qui de droit ! Je vous ai dit qu’il y a plus d’un an toutes les écuries et écoles de lutte ont reçu la circulaire de l’Association nationale annonçant la tenue des tests. Et ils sont inopinés !

Les contrôleurs ne disent pas au sportif le jour qu’ils vont passer sinon celui-ci peut prendre des produits pour cacher ce qu’il avait pris avant. (...)

La communication est faite depuis longtemps. Je ne sais pas quel type de communication les gens veulent. J’ai lu aussi un autre lutteur soutenant qu’il n’était pas au courant. C’est un gros mensonge, parce que dans l’enceinte, Thierno Kâ est allé vers les responsables des écuries en présence des lutteurs. D’un côté Double Less et Sa Thiès et, de l’autre, Moustapha Guèye et Lac Rose, pour leur informer qu’après le combat ils doivent aller à la salle pour être prélevés.

Mais, certains lutteurs trouvent inadéquat de faire un test juste après un combat pour des raisons mystiques...

Je ne comprends pas pourquoi ! Après les combats, ils vont sur les plateaux de télévisons et dans leur véhicule pour rentrer. Il y a des lutteurs qui, avant leur combat, vont se soulager dans certains endroits du stade qui ne sont pourtant pas prévus pour cela. Je ne vois pas où se situe le problème.

J’ai lu effectivement qu’il y a des amulettes qui ne rentrent pas dans les toilettes certes, mais qu’ils nous le disent. Dans la salle, le lutteur peut bien effectuer son test avec le contrôleur. A mon avis, c’est un faux débat, une façon de fuir.

Pourquoi avoir attendu quatre ans pour commencer ces tests ?

Parce qu’aujourd’hui on a les moyens de le faire, et c’est tout.

Qui n’a les moyens qu’aujourd’hui, le Cng ou l’Association nationale de lutte antidopage ?

Je me reconnais dans cette association dès l’instant que je suis fédération et que j’adhère à la charte olympique. Il n’y a pas à dire que la lutte n’existe que chez nous. On a une licence, et c’est un sport. Donc, on est obligé de respecter les règles de la charte olympique. Et ces tests vont continuer l’année prochaine.

A qui le tour?

L’avenir nous le dira ! Mais, encore une fois, pour faire les tests, on n’a pas besoin d’attendre un jour de combat. Dès que vous avez une licence au Cng, attendez-vous à être testé à tout moment.

LESOLEIL



Abdoul Aziz Diop