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Les Algériens doivent élire jeudi 17 avril leur président lors d'un scrutin dont le favori, le sortant Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, affaibli par la maladie, qui a fait sa première apparition publique depuis de deux ans.
Plus de 260.000 policiers et gendarmes sont déployés sur le terrain pour assurer la sécurité de près de 23 millions d'électeurs appelés à voter dans 50.000 bureaux en faveur de l'un des six candidats en lice, dont l'ex-Premier ministre Ali Benflis et une femme, la députée trotskyste Louisa Hanoune.
Souffrant encore des séquelles d'un AVC subi il y a un an, qui a réduit ses capacités d'élocution et de mobilité après trois mois d'hospitalisation au Val-de-Grâce à Paris, Abdelaziz Bouteflika a voté à Alger, en fauteuil roulant, selon des images diffusées en direct par la télévision.
Abdelaziz Bouteflika, souriant, est arrivé à l'école Bachir El Ibrahimi à El Biar, sur les hauteurs d'Alger, entouré de deux de ses frères, dont Saïd, son conseiller spécial, et d'un jeune neveu. Il a salué la presse de la main mais n'a fait aucune déclaration.
C'est sa première apparition publique depuis le 8 mai 2012. A cette date, il avait laissé croire à une succession ouverte en déclarant que sa génération avait "fait son temps". Le 22 février dernier, il a finalement annoncé sa décision de se lancer à la conquête d'un quatrième mandat après une lutte au sommet de l'Etat. Et malgré les doutes sur ses capacités à diriger le pays pendant un nouveau quinquennat.
Durant la campagne du 23 mars au 13 avril, les Algériens ont pu le voir à trois reprises à la télévision recevant de prestigieux invités. Sa maladie l'ayant empêché de mener lui-même cette campagne, il a chargé sept de ses proches de sillonner le pays pour convaincre les électeurs.
Quarante huit heures avant l'ouverture des bureaux de vote, il a exhorté les Algériens à se rendre aux urnes parce que "l'abstention dénote une propension délibérée à vouloir demeurer en marge de la nation".
Le taux de participation sera un des enjeux de la consultation. A la présidentielle de 2009, il était officiellement de 74,11%. Un câble de l'ambassade américaine à Alger révélé par Wikileaks l'avait cependant estimé entre 25 et 30%.
Une coalition de cinq partis d'opposition appelle au boycottage du scrutin, plaidant en faveur d'une "transition démocratique", tandis que le mouvement Barakat ("Ça suffit"), hostile à un quatrième mandat deAbdelaziz Bouteflika, juge que cette élection est "un non-événement".
La fraude, "mal incurable"
Sa manifestation mercredi à Alger a été empêchée sans ménagement par la police, préfigurant une réaction musclée des forces de l'ordre si le résultat devait être contesté dans la rue, comme on en a prêté l'intention à Ali Benflis, le principal adversaire de Abdelaziz Bouteflika, qui a démenti.
Autre signe de cette détermination : la montée au créneau du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah.
Le peuple algérien saura dresser un mur solide face à celui qui sera tenté d'exploiter cet important événement national à des fins contraires aux intérêts supérieurs du pays", a-t-il mis en garde.
Outre la participation, c'est la fraude, "mal incurable" selon le quotidien "El Watan", qui fait débat, après les récentes révélations d'un ancien wali (préfet) confirmant que cette pratique avait bien lieu.
Principal rival de Abdelaziz Bouteflika et connaisseur des affaires du sérail, Ali Benflis a fait de cette question un thème majeur.
Humilié à la présidentielle de 2004 (6%) par celui dont il fut l'homme de confiance au début de son premier mandat (1999/2004), Ali Benflis pense qu'une revanche est à portée de main.
Ali Benflis accusé de "terrorisme"
Ses mises en garde répétées sur les risques de fraude ont fini par mettre de l'électricité dans une campagne terne et par faire sortir Abdelaziz Bouteflika de son silence.
Devant deux hôtes de marque, le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Marcia-Margallo puis l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi, Abdelaziz Bouteflika a accusé sans le nommer Ali Benflis de "terrorisme" et de volonté de "fitna" (dissension).
Un argument massue dans un pays qui n'a pas encore pansé les plaies d'une guerre civile déclenchée à la suite d'un processus électoral avorté en 1992. Le directeur de cabinet du chef de l'Etat, Ahmed Ouyahia, a d'ailleurs évoqué le risque de voir les "portes de l'enfer" s'ouvrir à nouveau devant les Algériens.
Des imams salafistes ont évoqué le risque "de provoquer de nouvelles déchirures dans le corps de la nation" qui a "retrouvé la sécurité après la peur et le désespoir".
"Nous avons une armée puissante et des services de sécurités forts, personne ne pourra nous déstabiliser", a menacé le directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika, son ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal.
lenouvelobservateur