13èmes journées médicales de l'hôpital Principal de Dakar:«Le cancer du sein est la première cause de mortalité chez la femme»
Selon l’Agence internationale de recherche sur le cancer, on dénombre plus de 853 cas de cancer du sein par an au Sénégal. La plupart des femmes sont dépistées tardivement. Conséquence, 472 d’entre elles finissent par mourir soit un peu plus de la moitié des cas répertoriés. Les causes sont souvent liées au fait qu’au Sénégal non seulement les malades arrivent tardivement dans les structures de référence mais le taux de prise en charge est quasiment nul. 4 à 5 oncologues, spécialistes des tumeurs cancéreuses, pour l’ensemble des malades du pays.
Ainsi le Sénégal constitue une parfaite illustration de la gravité de l’ampleur de la maladie dans le monde qui enregistre en moyenne chaque année près de 1 million 300 cas de cancers du sein , soit l’équivalent de 23 %de l’ensemble des autres types de cancers.
Les rideaux sont tombés samedi dernier sur les 13èmes journées médicales de l’hôpital Principal de Dakar. Parmi les sujets d’actualité médicale débattus lors de cette rencontre, il y avait le cancer du sein dont sont victimes de plus en plus les femmes sénégalaises. Le médecin commandant, Ndèye Marième Diagne Guèye, oncologue (spécialiste des tumeurs cancéreuses) à l’hôpital Principal de Dakar a d’ailleurs profité de l’occasion pour tirer la sonnette d’alarme face à l’incidence croissante du cancer du sein au Sénégal. Selon les chiffres rendus publics par l’Agence internationale de recherche sur le cancer, il y a 853 cas par an avec une pointe de l’ordre 472 décès. C’est ainsi que « le cancer du sein représente la première cause de mortalité chez la femme au Sénégal ». Selon le Dr Diagne Guèye, ces chiffres donnent une idée de la propension de la maladie et permet de faire des projections par rapport à sa prévalence au niveau nationale.
La maladie vient ainsi en troisième position après les autres types de cancer comme celui du foie et du col de l’utérus. Elle a fini par devenir une des préoccupations majeures du système de santé publique. Le déficit de sensibilisation et les consultations tardives des patientes font que la maladie a pris une ampleur plus qu’inquiétante, a regretté le Dr Diagne Guèye. Elle souligne que pour freiner son évolution actuelle il faudra développer en amont des campagnes de dépistage au niveau national en vue d’inciter les femmes à se faire consulter très tôt et à subir une mammographie tous les deux ans. Dr Diagne Guèye a aussi rappelé que les facteurs génétiques,…. et l’obésité font partie des principales causes de cette maladie qui atteint des femmes âgées entre 40 et 44 ans.
4 ONCOLOGUES POUR TOUT LE SENEGAL
Un fort taux de mortalité liée au cancer du sein est enregistré dans les régions. Parmi les causes de cette situation il y a notamment le manque criant de médecins spécialistes de la maladie. Le Sénégal ne dispose en tout et pour tout que 4 à 5 médecins oncologues pour environ 14 millions d’habitants dont 54% sont des femmes. En plus, il n’y a qu’un seul Institut de cancérologie pour la prise en charge des milliers de patients. Une situation qui aggrave les nombreuses autres difficultés que rencontrent les patientes dans les hôpitaux sénégalais.
Evoquant la problématique du cancer du sein au Sénégal, le Dr Diagne Guèye de Dakar a dressé un réquisitoire qui impute toute la responsabilité à l’Etat. Regrettant l’insuffisance du nombre d’oncologues face à l’ampleur de la maladie elle a invité les autorités à encourager les médecins sénégalais à se spécialiser en cancérologie et à s’intéresser davantage à l’oncologie pour aider à combler le gap énorme en ressources humaines. « C’est la seule voie pour bien soigner et traiter les malades » a-t-elle souligné. Elle a toutefois regretté le coût exorbitant de la prise en charge d’un malade atteint du cancer.
Rien que le diagnostic, dit-elle, peut coûter 3 à 4 millions de francs Cfa. C’est en fait pour faire le bilan d’extension, la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie. Or les malades n’ont pas souvent quelqu’un pour les subventionner. Elle a lancé un vibrant appel aux femmes pour qu’elles procèdent à un dépistage précoce et à une mammographie tous les deux ans.
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